À 8 milles nautique de Marseille, sur l’îlot rocheux du même nom, le phare du Planier est désolé. Non pas parce que les récifs, à peine immergés, qui entourent l’îlot ont été à l’origine de nombreux naufrages, mais l’édifice et les bâtiments annexes n’ont toujours pas d’avenir. Inscrit à l’inventaire des monuments historiques, le site excite les imaginations des Marseillais et les planches à dessin des architectes. Mais sans qu’aucun projet se concrétise.
Les premiers repères du phare remontent à 1320 lorsque Robert d’Anjou fit bâtir une tour à feu de 12,50 m de hauteur. En 1774, la tour est rehaussée de 20 m; les lampes à huile remplacent le feu de bois. Plus tard, l’opticien Augustin Fresnel veillera à la construction d’un troisième phare qui sera équipé de ses lentilles, rendant le site repérable à 40 kilomètres. En 1881, un 4e phare plus haut (61,93 m) voit arriver l’électricité pour répondre à l’essor du trafic maritime du port Marseille. En août 1944, les forces nazies le détruisent lors de leur retrait de la ville. Enfin, le 25 août 1959, le phare actuel renaît de ses cendres sous la forme d’une tour tronconique de 71,66 m de haut, surmontée d’une plate-forme carrée.
Automatisé, l’édifice ne se visite pas. Le reste, désaffecté, est à l’abandon. Pourtant la puissance et l’élégance du site aménagé par l’architecte André Arbus saisissent tous ceux qui ont pu l’aborder ou l’approcher.
Après avoir animé les lieux, un club de plongée, chassé manu militari des lieux interdits au public, est toujours candidat pour y revenir. Mais les autorités refusent alors que suivant la direction régionale des activités culturelles peu d’activités sont incompatibles avec la protection du site. La navigatrice Florence Arthaud s’est portée marraine du phare. Et une pétition circule à Marseille et aurait déjà recueilli 5 000 signatures pour qu’on ranime la flamme de l’îlot du Planier, patrimoine légendaire des Marseillais et des amoureux de la mer, devenu symbole de l’inertie administrative.