Les tensions se multiplient sur le port du Havre suite à la mise en service des remorqueurs de la société nouvelle de remorquage au Havre (SNRH), le 19 octobre dernier. Tout a démarré dans la nuit du 20 au 21 octobre.
Cette nuit-là, les Abeilles constatent que cinq remorqueurs de la SNRH travaillent dans le port ce qui est contraire aux engagements signés quelque temps plus tôt à la préfecture de Rouen. Faux rétorque la SNRH qui explique que seules quatre coques assuraient leurs missions, la cinquième étant sur le plan d’eau, mais uniquement pour se repositionner. Le protocole signé sous la houlette du préfet Jean-François Carenco impose à la SNRH de fonctionner avec quatre remorqueurs pour un effectif de soixante-quatre marins.
"C’est une violation caractérisée de l’article 1…", s’insurge Yves Peignart, coordinateur national du remorquage CGT. Suite à cette polémique et sur décision du commandant de port, les remorqueurs de la SNRH ont été bloqués pendant toute la journée du 21 octobre. La gendarmerie maritime et les affaires maritimes ont procédé à des contrôles d’effectifs.
Finalement dans la soirée du 21 octobre, les coques rouges de la SNRH ont pu reprendre du service. "L’administration n’a relevé aucune infraction à notre encontre. Nous étions dans notre droit pour reprendre le travail. Le port a donc levé sa mesure. Nous estimons aujourd’hui qu’il s’agit d’un abus de droit de la part de l’administration et une infraction pénale. Nous envisageons donc toute voie de recours à l’encontre de la direction du port autonome. Nous allons également demander une indemnisation pour notre préjudice…", indique Me Croix, l’avocat de la SNRH.
Les Abeilles de leur côté persistent à dénoncer l’attitude du concurrent et la CGT se dit à nouveau prête à brandir la menace d’un blocage de tous les ports français si la SNRH commet d’autres infractions.
L’incident reflète en tout cas le climat de tension qui règne actuellement entre les deux opérateurs qui se partagent désormais le marché. Dans ce contexte, Les Abeilles ont décidé, le 24 octobre, de contre-attaquer.
D’une part, les neuf remorqueurs havrais, soit l’ensemble de la flotte, seront opérationnels sept jours sur sept. D’autre part, une nouvelle politique commerciale est mise en place pour fidéliser les clients traditionnels et attirer de nouveaux contrats.
Enfin, la direction des Abeilles appelle à la définition d’une réglementation officielle applicable dans tous les ports français, "un cahier des charges fixe et préalable permettra d’instaurer des conditions de concurrence équitable", indique Les Abeilles.