Le "made in Asia" laisse la place au "made in China"

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L’Asie est présente à tous les degrés dans la vie des Européens. Depuis les biens de consommation courants à des produits de plus en plus évolués technologiquement, les Européens consomment en masse les produits "made in Asia". Dans ce contexte économique, l’Asie représente un partenaire commercial privilégié pour les 25 pays de l’Union européenne (UE). Entre 1999 et 2005, tant les exportations que les importations de biens de l’UE avec les 13 pays de l’Asem (la Chine, le Japon, la Corée du Sud et les 10 membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est – Anase, à savoir Brunei, le Cambodge, l’Indonésie, le Laos, la Malaisie, Myanmar, les Philippines, Singapour, la Thaïlande et le Vietnam) ont augmenté de plus de 60 %. Les exportations atteignent 161 Md€, en augmentation de 62 %, et les importations ont progressé de 63 % à 336 Md€. Le déficit de la balance commerciale de l’UE avec ces partenaires de l’Asem s’est creusé de 63 % à 175 Md€ en 2005. Les pays de l’Asem ont représenté environ 22 % du total du commerce extérieur de biens de l’UE en 2005: 15 % des exportations et 28 % des importations.

Les produits manufacturés à l’honneur

Si l’Asie demeure un partenaire privilégié pour les pays de l’UE à 25, la réciproque est aussi valable. Le vieux continent compte parmi les deux premiers partenaires de l’Asie, derrière les États-Unis.

Les échanges commerciaux de l’UE avec les partenaires de l’Asem sont dominés par les produits manufacturés, qui ont contribué en 2005 à environ 90 % du total des relations commerciales entre les deux continents. De ce fait, le déficit de 175 Md€ enregistré pour les produits manufacturés a constitué la quasi-totalité du déficit avec les partenaires de l’Asem. En 2005, la moitié des exportations de l’UE vers les pays de l’Asem a été constituée par des machines et des véhicules; un autre quart a concerné les autres articles manufacturés. Ces deux mêmes groupes de produits ont compté respectivement pour 57 % et 32 % des importations.

Dans le détail, les principales exportations de l’UE vers les pays de l’Asem sont des avions, des véhicules automobiles et pièces détachées, des circuits électroniques et des médicaments, alors que les principales importations concernent des téléphones mobiles, des ordinateurs et pièces détachées (y compris les moniteurs et les imprimantes), des appareils photographiques numériques et des véhicules automobiles.

Les relations commerciales de l’Europe avec les pays asiatiques sont largement dominées par l’Allemagne, le principal exportateur européen vers l’Asie en 2005 avec 54 Md€, soit environ 34 % de ces relations commerciales. La France vient en seconde position avec 22 Md€ (13 % des exportations européennes), suivie du Royaume-Uni (19 Md€, soit 12 %) et de l’Italie (15 Md€, soit 9 %). Les importations en provenance des pays de l’Asem ont été moins concentrées. L’Allemagne demeure le premier partenaire européen de l’Asie avec 21 % des relations commerciales, soit environ 71 Md€. Le Royaume-Uni vient en seconde position avec 56 Md€, les Pays-Bas entrent à la troisième place avec un volume de 54 Md€ et la France ferme le quarté de tête avec 9 % pour 31 Md€. La place des Pays-Bas dans le tiercé de tête peut s’expliquer par la place du port de Rotterdam, véritable porte d’entrée pour les importations. Les conteneurs en provenance d’Asie arrivant à Rotterdam, et qui sont redistribués en intracommunautaire, sont comptabilisés comme entrant en Europe aux Pays-Bas. Dans ce concert de chiffres, la performance de l’Irlande doit être signifiée. En 2005, ce pays a enregistré un solde de 486 M€ d’excédent commercial avec les pays de l’Asem contre un déficit de 1,3 Md€ en 1999.

La place prédominante du transport maritime

Le commerce extérieur de l’Europe avec les pays asiatiques s’est modifié au cours des dernières années. Depuis 1999, la Chine a pris une place prépondérante, comblant la diminution du commerce extérieur européen avec le Japon. Parmi les pays de l’Asem, la Chine joue un rôle moteur, tant au niveau des importations que des exportations. Le Japon vient en seconde position. Excepté un léger excédent avec Brunei, l’UE a été déficitaire avec les autres partenaires de l’Asem, les plus forts déficits ayant été enregistrés avec la Chine (− 106 Md€), le Japon (− 30 Md€) et la Corée du Sud (− 13 Md€).

L’analyse de ces relations commerciales par mode de transport démontre la prépondérance de la mer en volume et en valeur. En effet, De 1999 à 2004, le transport maritime entre les deux continents a enregistré une progression de 2 % par an pour s’établir à 234 Mt en 2004. En terme de valeur, le commerce entre l’Europe et l’Asie a augmenté de 8 % par an en moyenne pour être évalué à 212 Md€ en 2004. Selon une étude de Drewry, consultant britannique, les revenus des armements sur les lignes Europe/Asie sont estimés à $ 11,8 Md en 2005. Le même consultant estime que ce volume s’établira à 12,3 Md€ cette année, soit une hausse de 4 %. Un chiffre plutôt encourageant. Au début de l’année, les taux de fret sur les services Europe Asie se sont effondrés, perdant parfois jusqu’à 30 %. Dès le mois d’avril, les armements ont mis en place une stratégie de reconquête de ces taux en raison d’une forte demande des chargeurs. Sur la première moitié de l’année, les armements membres de la conférence FEFC (Far East Freight Conference), qui représentent environ 70 % du trafic sur ces relations, affichent une progression de 1,5 % de leur volume à 4,75 MEVP. Sur cette route maritime, ce sont environ 6,78 MEVP qui ont transité sur les six premiers mois de l’année. Cette augmentation est d’autant plus remarquable qu’elle atteint 14 % sur la partie westbound (d’Asie vers l’Europe) et seulement de 6 % en eastbound.

Cette différence aboutit inéluctablement à un déséquilibre. Plus de conteneurs partent pleins donc d’Asie vers l’Europe, tandis que le nombre de conteneurs vides d’Europe vers l’Asie ne cesse de progresser. Peu importe, les armements continuent d’investir sur cette route. Pour preuve, Mærsk Line vient d’y aligner l’Emma-Maersk, son premier porte-conteneurs de 13 000 EVP. Les sept autres navires attendus viendront compléter le dispositif du géant de la conteneurisation pour assurer des rotations entre Singapour, Tanjung Pelepas, Hong Kong, Ningbo vers Bremerhaven, Rotterdam et Algésiras. Une étude menée par le consultant néerlandais Dynamare démontre que 55 % des conteneurs sont embarqués depuis la Chine (Hong Kong inclu) et 13 % depuis le Japon. La Chine et le Japon pèsent donc à eux deux pour les deux tiers de cette route commerciale.

Les relations commerciales entre l’Asie et l’Europe, dominées par une forte présence chinoise, ont déjà viré du "made in Asia" au "made in China".

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