Depuis le début de l’année, il s’en est passé des choses à Saint-Nazaire du côté de la construction navale, et plus particulièrement aux Chantiers de l’Atlantique. Propriété d’Alstom Marine, ils ont été rachetés par le Norvégien Aker Yards le 1er juin dernier, Alstom ne gardant que 25 %.
L’annonce, le 7 septembre dernier, de la commande de deux paquebots "géants", avec une option pour un troisième, pour NCL (Norwegian Cruise Line, filiale du groupe asiatique Star Cruises basée à Miami) est une bonne nouvelle. C’est de plus l’arrivée d’un nouveau client pour les chantiers navals. Concurrents à l’origine, les chantiers français et finlandais sont maintenant regroupés dans une même filiale, Cruises et Ferries. Tous ont travaillé de concert pour décrocher ce marché.
Cette bonne nouvelle confirme l’engagement pris par Aker Yards lors du rachat des chantiers français de Saint-Nazaire et Lorient. Les Norvégiens ayant assuré qu’ils développeraient la construction navale en France.
Au total, le carnet de commandes du chantier ligérien s’élève à 3,4 Md€ d’ici à 2010. Soit quatre paquebots pour l’armateur italien MSC Croisières, plus une option, et deux pour NCL, plus également une option.
Trois méthaniers en retard
Les trois méthaniers pour Gaz de France et NYK, dont la construction a pris beaucoup de retard à la suite de problème de collage et d’isolation des cuves, devraient être bientôt livrés. Deux devraient l’être d’ici à la fin de l’année, le Provalys et le Gaz-de-France-Energy (il aurait dû être livré en novembre 2004). Le troisième, le Gazelys, pourrait l’être début 2007. Quant au surcoût, le p-.d.g. des Chantiers de l’Atlantique, Patrick Boissier, avant son départ, parlait de 100 M€.
Qui paiera, les Chantiers de l’Atlantique ayant installé cette isolation, ou GTT (Gaz Transport et Technigaz), filiale de GDF, qui a mis au point ce procédé? "Ce n’est pas de notre ressort, Aker Yards est aujourd’hui sous-traitant des Chantiers de l’Atlantique, filiale d’Alstom, ayant toujours en charge les trois méthaniers, pour réaliser cette réparation", explique Jacques Hardelay, directeur général d’Aker Yards à Saint-Nazaire.
270 embauches
Arrivé d’abord comme numéro 2 il y a un peu plus d’un an et demi, le nouveau directeur général s’est trouvé confronté à une situation difficile. "C’est encore le cas. On avançait à vue, avec des ruptures, dans les bureaux d’études d’abord. Mais, nous sommes maintenant tranquillisés sur le plan de charge, avec les nouvelles commandes."
Par ailleurs, même si la moyenne d’âge a baissé, passant de 50 ans il y a huit ans à 40 ans avec 2 800 employés, le chantier ligérien est maintenant tenu de recruter du personnel qualifié. "Nous trouvons que c’est difficile. Nous voulons former 270 jeunes. Depuis le mois d’avril, nous en avons recruté 150 qui ne seront pas tous retenus. Quant aux intérimaires, nous n’arrivons pas à les garder en CDI. Et les sous-traitants en coque métallique ont les mêmes problèmes", constate Jacques Hardelay.
À propos de l’intégration des Nazairiens dans le groupe Aker yards, une équipe a été mise en place pour définir l’organisation de Cruises & Ferries, forte des trois chantiers Finlandais (Turku, Helsinki, et Rauma), et des deux Français (Saint-Nazaire et Lorient). Ces conclusions seront données en octobre. "Des échanges se font de part et d’autre. Nous avons beaucoup à apprendre, et inversement. Ainsi, eux sont pragmatiques. Quand cela marche à 80 %, ils font. Puis ils corrigent ensuite les 20 % restants. Chez nous, la partie analytique en amont, avant de commencer à démarrer, est beaucoup plus importante", remarque le directeur général.
"Du côté des sous-traitants, nous voulons élargir leur responsabilité pour certains lots, et arriver, comme en Finlande, à généraliser le système des solutions « clés en main », avec des groupes de sous-traitants moins nombreux", espère Jacques Hardelay.
Environ 80 % d’un navire de croisière est réalisé par les sous-traitants. En gros, le donneur d’ordre, c’est-à-dire le chantier naval, trouve les commandes, conçoit les navires dans ces bureaux d’études, réalise la coque, et suit le travail des sous-traitants.