Le Havre: la bataille du remorquage ne fait que commencer

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La bataille du remorquage en France ne ferait-elle finalement que commencer? Depuis une semaine, l’ouverture à la concurrence de cette activité maritime a franchi un pas supplémentaire avec la décision du tribunal administratif de Rouen. Saisie par la Société nouvelle de remorquage au Havre (SNRH), la juridiction a donné tort au Port autonome du Havre (PAH). Ce dernier avait retiré son agrément à la SNRH lui permettant de lancer son activité face à la compagnie des Abeilles du groupe Bourbon. Ce retrait intervenait après plusieurs mois de procédures avec les Affaires maritimes et le ministère de tutelle. En effet, en juillet, les Affaires maritimes avaient donné leur feu vert au démarrage des activités de la SNRH. Après le jugement du tribunal administratif du 28 septembre, le PAH dispose de quelques jours pour se pourvoir en cassation devant le Conseil d’État. Cette procédure n’étant pas suspensive du jugement en référé. La SNRH peut donc démarrer ses activités, en attendant le jugement au fond qui n’interviendra que d’ici à quelques mois.

PAS DE DÉMARRAGE BRUTAL

Pour autant, la SNRH ne souhaite pas aller trop vite. Si elle dispose désormais de sa flotte au complet – cinq remorqueurs – la filiale du groupe Kotüg ne veut pas brusquer les choses, consciente qu’une étincelle peut faire exploser une situation sociale tendue. Accueillant avec satisfaction la décision du tribunal administratif, Pascal Riteau, le directeur de la SNRH, soulignait, il y a quelques jours, que le jugement "prouve que nous avions raison de faire valoir nos droits à exister dans le port du Havre. Il n’est pas question de commencer brutalement, ajoutait cependant Pascal Riteau. Certes, nous avons obtenu gain de cause, mais nous ne commencerons que lorsque notre dispositif technique sera complet, ce qui est maintenant le cas, et quand nous aurons défini, avec le port autonome, une date de démarrage et les modalités opérationnelles."

Depuis une semaine, la direction de la SNRH négocie donc avec les autorités la possibilité de démarrer au plus vite. Après avoir passé neuf mois à quai, les « coques rouges », comme on les appelle déjà dans le port du Havre, ont hâte d’aller "crocher" leurs premiers navires. Mais la situation n’est pas simple. La décision du tribunal administratif a provoqué une réaction unanime des syndicats des marins et officiers des Abeilles. Craignant d’importantes conséquences "sociales", les salariés de la compagnie historique sont montés au créneau. En début de semaine, ils ont été reçus à deux reprises par le sous-préfet du Havre, puis par Pierre-Yves Andrieu, le conseiller mer de Dominique Perben lors de son déplacement au Havre pour le baptême du CMA-CMG-Medea (lire p. 6). "Nous avons obtenu l’assurance que la SNRH ne commencera pas tant que toutes les règles ne seront pas respectées", soulignait Patrick Le Bris, marin CGT, à l’issue de l’entrevue avec le collaborateur du ministre.

LE SPECTRE D’UN BLOCAGE NATIONAL

Mercredi, c’est avec le préfet de Seine-Maritime que les représentants des salariés avaient rendez-vous. Mais dès mardi soir, de leurs côtés, les officiers actionnaient eux aussi le bouton de la pression sur les pouvoirs publics. Dans une motion adoptée par la commission nationale de coordination des officiers du remorquage UGICT-CGT, ils exigent, entre autres, "l’application stricte des accords de branche étendus et notamment en matière d’effectifs globaux, seuls garants d’une concurrence loyale et de respect des impératifs de sécurité. Toute tentative de démarrage d’activité par un opérateur en mode dégradé entraînera sans préavis un arrêt du remorquage au plan national", ajoute Charles Narelli, secrétaire fédéral, et Yves Peignart, coordinateur.

Ce que craignent par-dessous tous les salariés des Abeilles, c’est une distorsion de concurrence avec des équipages, à terme, de trois sur les coques rouges, contre quatre actuellement, ainsi qu’une veille de sécurité moins soutenue. "Faux, rétorque depuis des mois la direction de la SNRH. Personne n’a jamais prouvé que nous ne pouvions pas assurer notre rôle en matière de sécurité." En fait, le vrai bras de fer ne fait sans doute que commencer.

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