ThyssenKrupp envisage des alliances en Europe et en Asie. Il a déjà désigné le chantier italien Fincantieri comme partenaire possible dans la constitution d’un pôle européen de la construction navale militaire. En outre, lors d’une conférence au Club de la presse économique de Hambourg, Klaus Borgschulte, directeur de la filiale Marine Systems a déclaré qu’une alliance avec des chantiers britanniques semble concevable. Il a précisé qu’une "grande solution" avec DCN n’est pas envisageable dans un avenir proche. "DCN n’est pas sorti de l’actionnariat public, dit-il, si ThyssenKrupp participe à un groupe européen de construction navale, ses partenaires devront faire partie du secteur privé."
Grâce à la prise de participation de 25 % de Thales dans son capital, DCN, apparaissait comme un partenaire éventuel de ThyssenKrupp. Mais ce dernier estime trop lent son processus de privatisation.
Toutefois, Klaus Borgschulte a ajouté qu’aucune négociation concrète n’est en cours avec d’éventuels partenaires, car le temps n’est pas encore venu.
PARTICIPATIONS À PRENDRE ET À ACCROÎTRE
Par contre, il a indiqué la possibilité de prendre une participation majoritaire dans un chantier d’Extrême-Orient, dont il n’a pas donné le nom.
"Nous voulons nous développer en Asie", dit-il. En outre, le groupe pourrait augmenter son actionnariat (20 % aujourd’hui) dans le chantier portugais Lisnave. "Des conversations ont commencé", précise Klaus Borgschulte. Il est toutefois trop tôt pour envisager une prise de participation majoritaire, car Lisnave est surtout actif dans la réparation navale.
D’autre part, ThyssenKrupp possède les chantiers Hellenic Shipyards (Grèce) et Kockums (Suède). Si le premier fonctionne bien, ce n’est pas le cas du second. Pourtant, ce dernier aurait les moyens d’augmenter sa productivité sans suppressions d’emplois.
"Nous apprenons beaucoup par cette intégration, qui sera très utile à l’avenir", conclut Klaus Borgschulte.
GROS CONTRAT
ThyssenKrupp Marine Systems négocie avec la Marine allemande la commande de quatre frégates F 125 de 5 500 t de déplacement. Le contrat se monte à 2,21 Md€. "Je pense que les négociations seront conclues avant la fin du mois", a déclaré Klaus Borgschulte. Les bâtiments de ce type intéressent aussi des Marines étrangères.
Dans ses sites de Nordseewerke, Blohm + Voss et HDW, ThyssenKrupp Marine Systems construit des frégates, des corvettes et des sous-marins à piles à combustible, à base d’oxygène et d’hydrogène liquéfiés pour accroître la distance franchissable en plongée.
Enfin pour l’exercice fiscal clos le 30 septembre, ThyssenKrupp Marine Systems anticipe un bénéfice de 2,3-2,4 M€ sur un chiffre d’affaires de 2,2 Md€.
HDW: deux sous-marins pour Israël
En juillet, le chantier HDW a signé un contrat de 997 M€ avec les autorités israéliennes portant sur la construction de deux sous-marins pour la conception desquels les compagnies israéliennes Elisara, Elbit et Israeli Military Industries coopèrent avec HDW.
Aux dires du ministère de la Défense, l’Allemagne y contribuera pour 333 M€, dans le cadre du programme d’aide à Israël pour des raisons historiques. Il s’agit de deux sous-marins de la classe Dolphin de 1 900 t de déplacement. Trois du même type ont déjà été livrés en 1999 et 2000. Outre un équipage de 35 hommes, chacun pourra embarquer 10 passagers (forces spéciales ou autres). L’armement se compose de six tubes lance-torpilles de 533 mm et de quatre de 650 mm, ces derniers assez grands pour lancer des missiles de croisière. “La livraison des deux sous-marins de la classe Dolphin n’est pas prévue avant 2010, a déclaré le porte-parole du gouvernement fédéral, Thomas Steg, ils ne seront ni construits, ni équipés pour le tir d’armes nucléaires. Ils sont conçus pour la guerre conventionnelle.” Leur commande avait fait l’objet d’une demande du gouvernement israélien en novembre 2003, afin de conserver en permanence un sous-marin à la mer. Le gouvernement social-démocrate allemand de l’époque n’avait pas donné suite, estimant que les trois premiers submersibles livrés avaient été modifiés pour recevoir des armements nucléaires. De source officielle israélienne, seul le premier submersible livré a effectivement subi quelques modifications techniques après sa livraison.
L’actuel gouvernement de coalition a finalement donné son feu vert en juillet.
M.H.