Dans le cadre de ses activités d’aides de lutte contre les pollutions maritimesl’Emsa a affrété l’Ile-de-Bréhat pour intervenir en Atlantique et en Manche del’ouest. Ce navire câblier a été adapté pour continuer sa mission première, entretenir etréparer des câbles sous-marins, tout en pouvant être opérationnel rapidement pour des opérations dedépollution.
"Lorsque l’Emsa a publié un appel d’offres pour un navire dépollueur, elleenvisageait d’investir dans un navire-citerne. Nous avons répondu à cet appel d’offresen proposant une solution originale: adapter un navire câblier pour un coût moindre. Notre solution a été retenue et convient à l’Emsa et aussi aux affréteurs de ce câblierque sont les sociétés membres de l’Acma (association regroupant les principaux opérateurs detéléphone mondiaux)", a expliqué Philippe Louis-Dreyfus, président de Louis-Dreyfus Armateurs(LDA). En novembre 2005, l’Emsa et LDA ont signé le contrat d’affrètement. Le navire aensuite subit des travaux à la Sobrena, à Brest, pour adapter ses cuves. Cet investissements’est monté à 3 M€, dont 1 M€ pour le matériel et 2 M€ pour lesadaptations proprement dites. Ces travaux ont consisté en une fermeture des cuves qui recevaientauparavant les câbles sous-marins. Ces deux cuves, de 2 000 m 3 de capacitéchacune, disposent désormais d’un système de chauffage intégré pour diluer le pétrole.
L’affrètement par l’Emsa revient à 1 M€ par an. "Ce dossier n’est pas commercial. Au final, si les choses se passent normalement, nous ne perdrons pas d’argent", a indiqué Philippe Louis-Dreyfus.
L’Emsa cherche actuellement deux autres navires pour compléter son dispositif en Europe de navires dépollueurs. "Nous ne disposons pas de navires aujourd’hui pour répondre à cette demande", a simplement précisé le président de LDA.
Le 15 septembre au large de Lisbonne, par des vents de force 4, selon le commandant de bord, l’Ile-de-Bréhat a participé à un exercice de dépollution avec la Marine nationale portugaise. Cet exercice intervient après un premier essai, qui s’est déroulé sans incident dans des conditions météorologiques calmes au large de La Corogne dans le nord ouest de l’Espagne. Lors de l’exercice au large de Lisbonne, des produits non toxiques et biodégradables, selon des experts de l’Esma présents à bord de l’Ile-de-Bréhat, ont été déversés en mer.
Le navire a alors mis son barrage flottant à l’eau. Pris par les deux remorqueurs, le barrage a ensuite encerclé la nappe. Au centre de ce barrage, un espace était prévu pour laisser sortir les produits, comme un entonnoir.
L’Ile-de-Bréhat dispose de deux bras qui viennent se coller à la coque du navire pour ramener les produits polluants, les aspirer et les stocker dans les cuves.
Dans la réalité, les événements ne se sont pas passés comme prévu. La nappe de produits a bien emprunté le chemin escompté… mais l’Ile-de-Bréhat n’a pu la récupérer!
Sur un des bras de récupération, une plaque de plastique s’est brisée sous l’effet de la houle. "Cet essai est un exercice et il est préférable que nous constations les limites de notre système avant d’intervenir dans des conditions réelles pour être pleinement opérationnel", nous a confié le commandant Massac.
Présents à bord du navire, des techniciens de l’Emsa ont adopté la même attitude. "Nous avons constaté une parfaite connaissance du matériel par l’équipage de l’Ile-de-Bréhat. Le système des bras de récupération a, pour sa part, souffert d’une houle trop forte et d’une mer trop formée. Nous allons retourner à nos tables d’étude pour trouver des parades à ces légers inconvénients. Hormis ces problèmes, l’exercice s’est passé tel que nous le souhaitions", a indiqué le technicien de l’Emsa.
Les casses occasionnées pendant l’exercice montrent que la dépollution demeure un métier difficile. La conclusion de cet exercice s’impose: même avec un navire bénéficiant des dernières avancées technologiques, la prévention doit rester le maître mot en matière de sécurité maritime.