À Lisbonne, dans le quartier construit pour l’exposition universelle de 1998, l’Emsa dispose de son nouveau siège social. C’est provisoire puisqu’à terme, d’ici un à deux ans, elle entrera dans son immeuble définitif sur les bords du Tage (la mer de Paille), à côté de l’Office européen contre les dépendances.
En ce 14 septembre, tous les représentants des milieux maritimes européens se bousculaient pour venir fêter l’événement. Lors de la cérémonie d’ouverture, se trouvaient à la tribune José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, Jacques Barrot, vice-président de la Commission en charge des transports, Efthimios Mitropoulos, secrétaire général de l’OMI, et José Socrates, Premier ministre portugais.
L’Agence européenne de la sécurité maritime est née en 2002 par un règlement du Parlement européen (No 1406/2002) en date du 27 juin 2002, au lendemain du naufrage de l’Érika. Elle est arrivée dans la capitale portugaise en avril. Son implantation a suscité bien des convoitises. La France avait demandé qu’elle soit sur son territoire. Plusieurs villes étaient candidates dont Nantes, Marseille et Lille. Les Espagnols souhaitaient aussi l’accueillir, mais finalement le Portugal fut choisi. "Nous savons Monsieur le président de la Commission, que l’Emsa a tenu une place particulière dans votre cœur et que vous avez joué un rôle déterminant dans le choix de son implantation définitive", a rappelé son directeur général Willem De Ruiter lors de la cérémonie d’ouverture en s’adressant à José Manuel Barroso, président de la Commission européenne. "La localisation de l’Emsa à Lisbonne n’est pas un accident. Cette ville, tout comme l’Europe, regarde la mer", a déclaré José Manuel Barroso. Et le président de continuer que cette agence "apporte la preuve que l’Union européenne attache une importance particulière à assurer la sécurité en mer et à préserver le milieu marin."
Sous le slogan de "Safer Seas and Cleaner Seas", l’Emsa joue un rôle important face aux risques de pollution le long des côtes européennes. "La sécurité maritime est devenue une préoccupation constante des citoyens européens", a rappelé Jacques Barrot. Et le vice-président de la Commission européenne de continuer que la vocation de cette agence est de devenir un centre européen sur les questions maritimes au service de la commission et des États membres.
De son côté, Efthimios Mitropoulos a salué la création de cette organisation: "Elle joue un rôle crucial dans la sécurité maritime." Le secrétaire général de l’OMI a rappelé les efforts entrepris par l’Europe en matière de sécurité et de sûreté maritime. "J’attends que l’Europe continue dans cette voie", a souligné Efthimios Mitropoulos qui voit dans l’Emsa une voie vers "l’éradication des navires sous normes."
Le sujet n’a pas été abordé directement mais a été sur toutes les lèvres: l’Emsa peut-elle agir en dehors de ses prérogatives européennes pour participer à des dépollutions? "L’intervention de l’Emsa dans les eaux des pays tiers demande une extension de ses prérogatives et surtout une demande de la part de l’État", a indiqué Jacques Barrot en répondant à une question sur une probable intervention de l’agence sur la marée noire au Liban. "Et aussi, nous a confié un responsable maritime européen, une volonté politique des États et de la Commission que ces interventions soient possibles."
L’Emsa dispose de prérogatives en matière de dépollution et s’est dotée de moyens de dépollution. En Baltique, elle a conclu un contrat avec un armement finno-danois, tout comme en Méditerranée. En Atlantique, elle a affrété le navire câblier Ile-de-Bréhat, aménagé pour intervenir sur les pollutions maritimes. Ce navire, opéré par Louis-Dreyfus Armateurs (LDA), est basé à Brest et intervient en réparation des câbles sous-marins transatlantiques. Dans le contrat liant l’Emsa et LDA, des clauses prévoient les modalités de son intervention. "L’idée d’affréter un navire qui conserve une utilité par ailleurs entre deux interventions est excellente. Ce partenariat public-privé a permis d’éviter un investissement lourd à l’Emsa", a souligné Jacques Barrot. Philippe Louis-Dreyfus, président de LDA, a rappelé sa fierté de voir "un tel navire moderne dédié à la protection des côtes et de la faune dans les eaux européennes. Je suis aussi très fier que l’Emsa ait choisi un navire battant pavillon français et armé par LDA." À l’occasion de l’inauguration de l’Emsa, l’Ile-de-Bréhat a procédé à un exercice en mer de dépollution (voir article ci-contre). "Je souhaite qu’une seule chose: de ne pas utiliser ce navire dans des conditions réelles", a déclaré Philippe Louis-Dreyfus. Et Jacques Barrot de répondre, "avant que nous n’ayons plus de pollution, il faudra du temps. Nous avons donc besoin de l’Emsa et de ce navire."
L’Emsa en date et en chiffres
Créée en 2002 par un règlement du Parlement européen (1 406/2002), l’Emsa est née à la suite du sinistre de l’Érika. Le vice-président de la Commission et commissaire aux transports, Jacques Barrot, a salué un des instigateurs de cette agence, en la personne de Francis Vallat, président de l’IFM et actuel vice-président de l’Emsa. Celle-ci a pour tâches principales:
– fournir une assistance technique à la Commission pour l’élaboration et le suivi de la législation européenne;
– collaborer avec les États membres et les candidats à l’UE à la formation et aux conseils techniques pour la mise en œuvre de l’acquis communautaire;
– aider les États membres par des problèmes de pollution;
– encourager la coopération pour mettre en place un système européen de suivi de trafic des navires;
– élaborer des méthodes communes pour les enquêtes relatives aux accidents maritimes;
– fournir des informations objectives et fiables dans le domaine de la sécurité maritime et du trafic maritime.
Personnel: 120 personnes de 17 nationalités différentes.
Budget: 44,6 M€.
Siège: 7 000 m2 sur neuf étages.
L’immeuble a été conçu par les architectes, Marc Rolinet et Miguel Correia pour le compte de Bouygues Immobiliria et Parque Expo.