Lorsque le 2 décembre 1823, James Monroe, président des États-Unis, prononce son discours annuel devant le Sénat, il pose les directives d’une doctrine qui deviendra célèbre sous son nom: la doctrine Monroe, qui prévoit que le continent américain ne souffrira d’aucune intrusion étrangère. Les successeurs de James Monroe ont modernisé le discours pour en faire une politique commerciale extérieure claire: le continent sud-américain est une chasse gardée commerciale des États-Unis.
En 2005, l’Amérique latine a enregistré un taux de commerce extérieur élevé avec environ 7 %, contre 6,3 % pour la moyenne mondiale. Cette dynamique tient surtout aux exportations de pétrole du Venezuela.
Les États-Unis demeurent aujourd’hui le partenaire commercial privilégié de l’Amérique latine, mais ils sont talonnés par l’Union européenne (UE). Les premiers reçoivent 40 % du commerce extérieur de l’Amérique latine alors que les seconds atteignent 15,4 %. En 2005, les échanges entre les deux continents se sont élevés à 118,4 Md€. Les importations européennes depuis le continent sud-américain ont représenté 63,1 Md€. Le flux inverse, à savoir de l’UE vers l’Amérique latine, se monte à 55,4 Md€. Au total, le solde commercial entre les deux continents s’établit à 7,7 Md€. Parmi les différents pays de l’Amérique latine, le Brésil et le Chili sont les deux pays avec lesquels l’Union européenne arrive en première place des échanges commerciaux. Le Brésil exporte principalement du charbon vers l’Europe alors que le Chili est surtout un exportateur de cuivre.
La structure des échanges entre les deux continents se compose principalement, pour les exportations de l’UE de machines outils (52 %), de produits chimiques (19 %) et de produits manufacturés de base (12 %). À l’inverse depuis l’Amérique latine vers l’UE, les aliments pour animaux constituent la principale composante de ces échanges. Viennent ensuite les matières premières (18,7 %), les machines outils (15,5 %), les produits manufacturés de base (14,6 %) et les combustibles et minéraux solides (11,1 %).
Le développement du commerce avec les États-Unis et l’Europe doit cependant être revu avec l’intervention massive de la Chine et de l’Inde dans le concert international. Ces deux pays, moteurs de l’économie mondiale actuelle, sont devenus des partenaires commerciaux privilégiés du continent sud-américain. Ainsi, 60 % des importations chinoises de soja viennent de cette région, notamment du Brésil et de l’Argentine. De plus, 80 % de la farine de poisson sont originaires du Pérou et du Chili et 45 % du vin et du raisin importés en Chine proviennent du Chili. Au total, la Chine importe pour quelque $ 18 Md de produits depuis l’Amérique du Sud, soit 3,3 % de ses besoins.
La structure du commerce indien avec ce continent n’est pas aussi importante mais démontre une certaine progression au cours des deux dernières années. En 2005, le continent sud-américain a représenté 3 % de ses exportations et 1,8 % de ses importations. Des traités commerciaux entre l’Inde et les pays du Mercosur (1) et le Chili ont donné une nouvelle dynamique à ce commerce. Les pays concernés exportent 37 % de leur production d’huiles végétales vers l’Inde, 21 % de leurs minéraux et 12 % de leur sucre et miel. À l’importation, le continent sud-américain reçoit d’Inde des produits raffinés pétroliers (36 % de la production indienne), des médicaments et produits pharmaceutiques (8 %), des produits chimiques (6,7 %) et du textile (5,7 %).
1) Le Mercosur, la communauté économique des pays de l’Amérique du Sud, est né le 26 mars 1991, avec la signature du traité d’Asunción. Elle compte cinq pays membres permanents (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay et Venezuela) et cinq pays associés (Bolivie, Chili, Pérou, Colombie et Équateur). Le 25 janvier 2004, un accord de préférence douanière a été signé entre l’Inde et le Mercosur. Celui-ci porte sur 800 produits dans les domaines agricole, chimique, pharmaceutique et automobile.