Lors de "l’adieu aux armes" du vice-amiral d’escadre Laurent Mérer, tout l’apparat militaire était de rigueur dans la cour d’honneur du château de Brest où se tenaient en grande tenue des détachements de toutes les composantes de la Marine (base aéronavale de Landivisiau, sous-mariniers, forces d’action navale, gendarmerie maritime, École navale, détachement du Génie de la Légion étrangère qui assure la protection de l’Île Longue). Mais cette solennité s’est doublée d’un côté humain qui n’a pas échappé au millier d’invités venus saluer le départ de l’ancien prémar. "À l’heure de quitter ce métier singulier de préfet de la mer, à l’heure de quitter ma condition de marin au service de l’État, à l’heure de mettre sac à terre, j’éprouve quelques sentiments que je voudrais vous faire partager", a déclaré Laurent Mérer, visiblement ému. Des sentiments qui avaient tous la même appellation: une reconnaissance déclinée dans les trois parties de son discours d’adieu. "La Marine c’est une arme, mais c’est aussi une âme", a-t-il développé en citant Didier Decoin. "Nous avons tous la Marine en héritage, nous avons tous à la faire fructifier parce que nous pensons que c’est utile pour notre pays. J’ai tenté d’y apporter ma contribution."
Et une contribution reconnue si l’on en juge par les hommages rendus par l’amiral Oudot de Dainville, chef d’état-major de la Marine, et par Xavier de la Gorce, secrétaire général de la Mer. "Vous avez entretenu au sein de la préfecture maritime un véritable esprit d’équipage", a souligné le premier alors que le second saluait "le chef d’orchestre de l’action de l’État en mer".
DES POLLUTIONS AU SAISSISAGE DES CONTENEURS
Peu courant en telles circonstances militaires, les invités civils ont applaudi l’ancien prémar lors de son tour d’adieu. Puis, c’est à bord du remorqueur Abeille-Bourbon, entouré d’une noria de vedettes et canots de la SNSM, que Laurent Mérer a quitté le château, laissant la marque d’un préfet maritime qui n’a jamais molli face aux pollutions volontaires ou accidentelles et qui a lancé l’idée d’un saisissage plus sûr des conteneurs.
Prenant la parole dès le lendemain, le vice-amiral d’escadre Xavier Rolin, nouveau préfet maritime de l’Atlantique, a commencé par rendre hommage à son prédécesseur: "Laurent Mérer a effectué un travail remarquable. Il a donné une véritable stature au métier de préfet maritime après le décret de 2004." Puis, rentrant dans le vif du sujet, il s’est montré d’un pragmatisme assez direct.
"Avec l’Abeille-Bourbon, l’Argonaute, l’Alcyon et l’Ile-de-Bréhat, le dispositif de lutte antipollution me paraît solide, a résumé le nouveau prémar, mais il manque un bâtiment de dépollution tout temps." Ce navire spécialisé, un catamaran de plus de 10 000 t capable de récupérer les nappes d’hydrocarbures, est évalué à 200 M€. Et pas question que la Marine – qui doit déjà faire face à 35 M€ par an d’affrètement de navires civils – mette à nouveau la main à la poche. "Peu de pétroliers empruntant le DST d’Ouessant débarquent leur cargaison en France, ce navire spécialisé doit être financé par l’Europe", a clairement fait savoir Xavier Rolin.