L’actualité "chaude" de la station de pilotage de Nouméa réside dans les essais de la nouvelle pilotine construite par les chantiers Bernard de Locmiquelic (Morbihan). De 14,5 m de long pour 20 t de déplacement, cette pilotine doit pouvoir rester en station durant trois à quatre jours à la passe de la Havannah, située à 45 miles de la grande rade de Nouméa. Elle dispose donc de capacités de couchage et de restauration adaptées. Hors taxe, ce nouveau "jouet" représente un investissement de l’ordre du million d’euros. Contrairement à l’habitude et compte tenu du fort ensoleillement, le pont de cette pilotine est blanc et non pas rouge-orangé; la coque reste bleue. Elle doit arriver sur zone en novembre. Disposant d’un récepteur AIS, elle pourra ainsi obtenir confirmation de l’arrivée du navire à piloter avec un préavis d’environ deux heures; temps nécessaire pour parcourir 30 à 40 milles.
La station disposera toujours de trois grosses unités et d’un semi-rigide fortement motorisé, sans compter les trois locations d’embarcations en brousse.
L’actualité récente des pilotes a pour origine les agents maritimes représentant les navires arrivant de Sydney ou Singapour, donc de l’Ouest ou du Nord. À leur demande, la passe officielle pour entrer dans le lagon est devenue, en 2005, celle de Dumbéa et non plus de Boulari, située plus au Sud. Cela fait gagner du temps.
Dans les deux à trois prochaines années, les dix pilotes de Nouméa vont être fort occupés à surveiller la construction de leur prochaine et plus grande station; la demande de permis de construire a été déposée en juin.
La moitié de l’effectif à renouveler
Plus préoccupant, dans les cinq prochaines années, la moitié de l’effectif des pilotes sera partie en retraite. Il faudra donc recruter cinq nouveaux pilotes attirés par la vie au grand air.
En effet, le pilotage calédonien nécessite un certain goût de l’aventure. Le lagon est très grand – 25 000 km2 – et sur une longueur de 400 km, la Nouvelle-Calédonie compte six ports sur la côte Est (et trois passes), huit ports à l’Ouest (et une passe) et depuis peu d’un nouveau port au Sud, celui de Goro-nickel en baie de Prony. Qu’il travaille ou non pour la SLN, il faut piloter le minéralier qui vient en "brousse" charger le minerai de nickel. Et deux à trois jours plus tard, arrivant en taxi ou par hélicoptère, un pilote remonte à bord pour sortir le minéralier du lagon. Celui-ci peut alors se diriger vers les quais de la SLN, à Doniamabo, à côté de Nouméa; soit gagner la haute mer, en direction de l’Australie ou du Japon.
"C’est au débarquement, en pleine mer que l’on peut se faire peur car l’océan Pacifique porte mal son nom", note un pilote.