Manutrans: offrir une gamme complète de prestations

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Créé en 2003 par Louis Kotra Uregei, membre fondateur de l’Union syndicale des travailleurs kanaks et des exploités (USTKE), Manutrans est devenu le 5e acconier présent sur le Port autonome de Nouvelle-Calédonie. Ses pairs sont: Manucal du groupe Le Challendage (Ballande); Sofrana (appartenant au groupe de Didier Leroux); Sato, racheté par le groupe Malmezac associé; et la SAT, copropriété des deux frères ennemis du syndicalisme kanak, Roger Noraro (USOENC/STPA) et Louis Kotra Uregeï. "Nous sommes passés de 20 à 57 salariés et avons investi 300 millions de Francs Pacifique (soit environ 2,5 M€) dont la moitié en fonds propres" expliquait Louis Kotra Uregeï début juin. Même avec l’arrivée de Manutrans sur le port et contrairement au pronostic le plus généralement admis, la SAT a conservé son principal client, CMA CGM. "Nous avons un partenariat commercial très correct. Tout se passe bien", commente sobrement Louis Kotra Uregeï.

Resister à la concurrence internationale

Manutrans manutentionnait le navire PDL (groupe de Bill Ravel avec lequel Louis Kotra Uregeï entretient un lien quasi filial) sur lequel cochargeaient ANL et Reef Shipping, en sortie d’Australie. Compte tenu de la morosité du marché, les services de PDL-ANL-Reef Shipping et de Sofrana fusionnaient en 2004 en un seul, opéré par un seul navire, celui de Sofrana. Si ce dernier continuait à être manutentionné par une filiale du groupe, Sofrana récupérait, dans la négociation, la manutention des trafics d’ANL. De facto, Manutrans perdait de l’activité. Après cinq jours de grève générale et un Port autonome bloqué, la situation rentrait dans "l’ordre". Manutrans récupérait "ses" volumes: "tout se passe bien aujourd’hui", ajoute Louis Kotra Uregei.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’arrivée de MSC et, dans une moindre mesure, mais sans explication, de Mærsk, menacent, estime le patron de Manutrans et son syndicat, les fonds de commerce des lignes régionales, donc les volumes confiés à Manutrans; donc l’emploi du personnel de Manutrans. Rappelons cependant que Sato qui est l’acconier de Mærsk et de MSC, a perdu la manutention des navires de P&O Nedlloyd depuis que Maersk a racheté cette compagnie. Et le personnel de Sato est tout aussi respectable que celui de Manutrans même s’il est affilié à un autre syndicat. Ce dernier est également venu sur le port, dire tout le bien qu’il pensait de l’action de l’USTKE.

Louis Kotra Uregei explique l’action de l’USTKE en soulignant "la nécessité de se prémunir contre les effets de la mondialisation" symbolisée par la 1re et la 2e compagnie conteneurisée mondiale. "Tout ce que le peuple kanak a obtenu, il l’a obtenu par la lutte". Or, ils ne sont pas nombreux les chefs d’entreprises kanaks. Et leurs homologues d’origine européenne ont su se protéger des importations "sauvages" au nom de la sauvegarde de l’emploi local ou de l’impossibilité de faire jouer les économies d’échelles dans un micro-marché. Ainsi le riz en vrac, le ciment ou le papier toilette conditionnés ou produits localement sont-ils protégés, partiellement ou totalement, constamment ou périodiquement, contre la concurrence extérieure. Pourquoi les compagnies maritimes locales qui font vivre directement ou indirectement des salariés calédoniens seraient-elles exclues d’un tel dispositif? Cette question, un représentant du patronat armatorial local se la pose aussi.

"Nous disposons d’une capacité de mobilisation", notait Louis Kotra Uregei. En aucun cas, il n’accepterait de manutentionner les navires de MSC ou de Mærsk. Par contre, il exige que l’une et l’autre limitent leur volume déchargé à Nouméa; ce qu’elles disent refuser.

Après l’accord demeuré secret trouvé le 22 juin entre l’USTKE et MSC (lire p. 24), en présence d’un expert venu de métropole et de Louis Kotra Uregei, un lourd silence est retombé sur les quais; ce qui ne renforce la crédibilité de personne.

Transport routier, en barge

Il n’y a pas que des crises sur le port. Après avoir fusionné avec Transcal, spécialisé dans le transport routier, Manutrans poursuit le développement de cette activité. Le transport par barge a été développé, notamment grâce au projet industriel de Goro Nickel. Pour être autonome en matière de déchargement des deux barges, une grue sur roues PPM TT 680 de 68 t a été achetée. Elle doit être la base du futur département levage.

Aussi, Manutrans pourrait-elle proposer une gamme complète de prestations en disposant de ses propres moyens, renforçant ainsi l’une des aspirations de son actionnaire: que le kanak soit maître chez lui.

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