Les années passent mais les constantes portuaires néo-calédoniennes demeurent: en 2005, son commerce maritime a dépassé les 8 Mt, dont 6,161 Mt de minerais de nickel (voir encadré).
Cette marchandise stratégique fait l’objet de deux activités maritimes bien distinctes. d’une part, 3,285 Mt ont été exportées depuis dix sites portuaires situés au plus près des mines à ciel ouvert, vers l’Australie (1,581 Mt), le Japon (1,176 Mt) et l’Ukraine (0,527 Mt). Le pic de ces dernières années avait été atteint en 2001 avec presque 3,7 Mt, loin derrière le record de 1997 avec 5,4 Mt.
D’autre part, au bornage, la Société Le Nickel (SLN) – filiale d’Eramet – a réceptionné sur ses quais privés de Doniambo (à proximité de Nouméa) 2,876 Mt de minerais chargés depuis cinq sites portuaires néo-calédoniens. En 2003, la SLN avait réceptionné plus de 3,117 Mt. Ce minerai est transporté par deux à trois vraquiers affrétés à l’année.
Le trafic du port privé de Doniambo a atteint 3,790 Mt, dont 3,654 Mt au déchargement. Y figurent bien sûr, les 2,876 Mt de minerai, mais aussi presque 0,509 Mt d’hydrocarbures et presque 0,267 Mt de vracs solides (essentiellement de la houille et un peu de soufre). Au chargement, la SLN a "expédié" depuis ses quais, sous la responsabilité d’Eramet, un peu plus de 133 000 t, dont plus de 116 000 t de mattes de nickel et autres chips de ferro-nickel (FeNi). Conteneurisée, la matte de nickel est un produit intermédiaire à usage strictement interne et destinée à l’usine de Sandouville, proche du Havre. Elle y devient du nickel pur à plus de 99,9 %. Le FeNi se présente sous forme de chips épaisses contenant entre 26 et 29 % de nickel. Dense, ce produit part en 20’ dans le monde entier, vers les pays industrialisés. Premier importateur, premier, et de très loin, exportateur, premier employeur, etc. La SLN/Eramet sait se faire bien comprendre des compagnies maritimes conteneurisées et exige un B/L Doniambo, laissant ainsi à la charge du transporteur, le coût de positionnement sur quelques kilomètres. Cependant, des mattes et du Fe-Ni passent également par les quais du Port automone de Nouvelle-Calédonie (PANC): 71 584 t. Au total, SLN/Eramet a donc chargé presque 188 000 t de ces produits, soit environ 9 400 × 20’ à 20 t unitaires.
Les diverses débarquent au port autonome
Le trafic total du PANC a dépassé les 652 000 t, dont 469 000 t au déchargement et le solde au chargement. Une partie de ce tonnage est probablement compté deux fois: il s’agit des échanges maritimes entre la grande terre et ses îles. Les armateurs desservant les îles refusant de communiquer à l’autorité portuaire les tonnages échangés, ceux-ci sont donc estimés chaque année à 18 000 t en provenance des îles et 77 000 t leur sont destinées.
Depuis l’outre-mer donc, le Port a reçu 451 000 t, uniquement des marchandises diverses. À l’export, il a chargé presque 106 370 t de diverses dont, rappelons-le, 71 584 t de mattes et de FeNi. Quatre acconiers traitent uniquement le trafic international, fort de 557 370 t.
Deux autres sites portuaires assurent également le ravitaillement de la Nouvelle-Calédonie: le dépôt pétrolier de Mobil dans la baie des Dames a vu transité 186 653 t, dont 164 462 t d’hydrocarbures à l’import, le solde à l’export.
Enfin les Ciments de Numbo ont réceptionné 144 655 t: 90 000 t de clinker (essentiellement israélien) et 54 655 t de sable néo-calédonien.
En d’autres termes, le trafic international des sites portuaires de Nouméa, Doniambo, baie des Dames et Numbo présente 1,732 Mt (+ 4,26 % par rapport à 2004), dont 1,483 Mt (+ 3,78 Mt) à l’import et 250 000 t à l’export (+ 7,17 %) avec presque 180 000 t de mattes de nickel et de FeNi.
32 708 EVP pleins déchargés
Déchargées sur les quais du port autonome ou sur ceux de la SLN, les 453 000 t de marchandises diverses, conteneurisées ou non, proviennent de l’international. Les principaux trafics sont:
• les produits alimentaires pour 150 000 t;
• les matériaux de construction pour 104 000 t;
• et le roulant (véhicules de transport, matériel agricole et de travaux mécaniques) avec 29 000 t, dont 15 000 t de voitures particulières. À 1,2 t la voiture, cela représente donc environ 1 250 voitures.
Toujours en 2005, presque 38 000 EVP ont été déchargés (dont 32 708 pleins et 2 589 reefers), en hausse de 6 %, représentant presque 354 000 t. Ont été chargés un peu moins de 34 200 EVP (dont 22 000 vides et 333 reefers), + 14,20 %, représentant un total de 22 1600 t.
En moyenne donc, l’EVP déchargé pèse près de 11 t et l’EVP embarqué plus de 18 t grâce à la SLN/Eramet.
Les statistiques portuaires indiquent également les zones de provenance-destination des conteneurs. Sur un total déchargé/chargé de presque 44 900 EVP pleins (soit 575 000 t conteneurisés):
• plus de 18 400 EVP venaient ou allaient en Europe;
• 13 300 EVP provenaient ou étaient destinés à l’Océanie;
• 10 900 EVP avaient pour origine ou destination l’Asie.
En hausse depuis 2001, avec certaines années un taux de plus de 13 %, le trafic des croisiéristes en transit s’est élevé à presque 73 600, comptés une seule fois; cela mérite d’être souligné.
Par contre, le nombre des croisiéristes qui ont débarqué (malades compris) ou embarqué à Nouméa, et qui sont susceptibles de dépenser plus d’argent est toujours faibl: 486 au débarquement et 310 à l’embarquement.
L’avenir avec le port de Prony
Pour 2006, pour rendre compte de toute l’activité maritime de la Nouvelle-Calédonie, il va falloir également intégrer le trafic passant par le port de Goro Nickel, situé sur la baie de Prony, tout au Sud de l’île. Terminé à la mi-juillet, le quai dédié aux vracs secs a réceptionné, le 1er août, une première cargaison commerciale: 13 modules, représentant un volume de 18 641 m 3 pour un total de près de 900 t, y ont été débarqués par le Happy-Ranger.
Ce port, composé de deux quais, l’un pour les vracs secs et l’autre pour les diverses, est destiné à approvisionner le futur complexe du projet Goro Nickel et à assurer l’évacuation de la production d’oxyde de nickel à 78 % de nickel. Officiellement, l’usine et tout ce qui tourne autour doit être inaugurée fin 2007. Ce qui constitue un pari audacieux: le 14 juin, le tribunal administratif a annulé l’autorisation d’exploitation ICPE (installations classées pour la protection de l’environnement). Certes, sous la protection d’environ 75 gendarmes mobiles, le chantier peut se poursuivre.
Toujours officiellement, fin 2008, la production devrait être de 77 000 t d’oxyde et 15 500 t de carbonate de calcium. Dans sa capacité maximale, le port de Prony est prévu pour traiter 2,2 Mt de vracs secs et liquides ainsi que 9 000 EVP. Et un jour aussi, le projet de Falconbridge dans la région de Koniambo, dans la province Nord, devrait finir par se concrétiser.
8 Mt ou 11 Mt?
Le trafic de Nouvelle-Calédonie dépasse les 8 Mt. Mais il atteint presque les 11 Mt si l’on accepte de compter deux fois les 2,876 Mt de minerais de nickel de la SLN: une première fois, au chargement dans la « “brousse”; une seconde fois, au déchargement, dans le port privé de la SLN, situé en face du port autonome.
Plus de 231 000 habitants
En 2004, la population néo-calédonienne était de presque 230 800 habitants. La Province Sud en comptait plus de 164 000 dont presque 94 000 à Nouméa même. La population de la Province Nord ne dépassait pas les 44 500 habitants. Les trois plus importantes localités comprenaient entre 4 500 et 4 537 habitants (Koné, Houaïlou et Poindimié). La Province des Îles Loyauté était riche de ses 22 000 habitants: Lifou, 10 320 et 1 207 km2; Maré, 7 401 et 642 km2; et Ouvéa, 4 359 habitants sur 132 km2.
Selon un rapport d’information du Sénat, en 1996, les Mélanésiens représentaient 44,1 % de la population; les Européens, 34,1 %; les Wallisiens et Futuniens, 9 %.
Bien évidemment, ces populations sont inégalement réparties sur le territoire. Les Européens se concentrant dans la Province Sud.
Le 1er août, accostait au port privé de Goro Nickel, le premier porte-colis lourd transportant 13 modules industriels représentant un total 897 t pour un volume de 18 641 m3. Trois modules contenaient des équipements de déminéralisation et de filtration d’eau. Neuf étaient des éléments de tuyauterie. Le dernier était constitué d’une cuve à fioul lourd. Ils ont été acheminés sur leur emplacement définitif par des remorques à "mille pattes". Gréé, le Happy-Ranger de l’armement Big Lift arrivait de Batangas, aux Philippines où sont construites en kit les installations de Goro Nickel. Le deuxième navire est arrivé le 30 aôut.
Si la construction du projet se poursuit sous la surveillance de 75 gendarmes mobiles, le tribunal administratif de Nouméa a annulé l’autorisation d’exploitation d’installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE). La majeure partie du projet est concernée sauf le port, le convoyeur, la zone de stockage, etc. pour lesquels l’autorisation ICPE est attendue pour le début de 2007 au plus tard, affirme le service de communication de Goro Nickel.
Pour l’essentiel du projet, il faut tout reprendre, y compris une nouvelle étude d’impact socio-économique, en particulier au sujet de l’importance des rejets en mer de résidus métalliques. Toujours selon la même source, l’arrêté ICPE est attendu pour la fin 2007, "subject further notice", selon une formule de charte party.
En attendant ce grand jour, les industriels du nickel se livrent à des surenchères médiatiques qui réjouissent les directions commerciales des médias locaux. La SLN prenait une page complète du quotidien Les Nouvelles de Calédonie pour lancer mi-juin son programme de mécénat. Une autre pleine page affirmait que Goro Nickel était à l’écoute de la population. Un numéro gratuit était mis à sa disposition pour obtenir des réponses. Toujours en juin, Falconbridge poursuivait sa campagne d’explications à travers villages et tribus de la Province Nord.