À quand le port de Faratea?

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Créé en novembre 2001 pour assurer le suivi technique de la construction du nouvel hôpital, qui se présentait mal, l’Établissement des grands projets (EGP) réfléchit également aux possibles futurs et à leurs différents besoins en infrastructures. Remis en cause par le premier gouvernement d’Oscar Temaru, l’EGT a été confirmé dans ses fonctions par le deuxième gouvernement. Si son premier objectif reste de terminer l’hôpital, il poursuit ses réflexions principalement sur la faisabilité de créer un vrai port à Faratea, sur la côte Est de l’isthme de Taravao, et sur les besoins en routes entre Taravao et l’agglomération de Papeete, où se concentre la population.

Mais le dossier le plus avancé concerne la zone industrielle dont les tous premiers travaux viennent de commencer. Ils correspondent à la première tranche de 20 ha sur un total d’environ 75 ha. Située sur des marécages entourés de quelques habitations, la ZI se trouve à 300 m derrière la côte afin de laisser la place nécessaire au probable futur port. Il a été décidé d’y installer la construction et la réparation navale liées à la pêche; l’accès à la mer se faisant par une darse construite au début des années 1990 et qui n’a jamais trouvé son usage. Au fond de celle-ci, sera implanté un moyen de levage de 300 t pour sortir les bateaux. Cela devrait libérer de la superficie dans le port de Papeete. Il est également prévu, mais pas décidé, d’implanter au même endroit un moyen de levage de 2 000 t environ (soit 1 600 t pour le navire et le solde pour les outillages) pour les caboteurs des îles. Ces derniers ont de plus en plus de mal à être sortis de l’eau pour leur entretien.

Avant la fin de 2007, doivent commencer les travaux de construction des bâtiments devant abriter la construction et la réparation navale. L’idée est de les louer durant cinq ans aux agents économiques qui devraient s’en porter acquéreurs par la suite.

Pour des questions de limitation des coûts, il sera souhaitable qu’à la même époque, une décision soit prise concernant les moyens de mise hors d’eau des caboteurs.

L’EGT a également pour ambition d’être prêt à fournir au gouvernement toutes les informations nécessaires pour décider (ou non) de transférer, dans deux vallées proches de Faratea, les stockages de gaz qui sont actuellement sur la zone du Port autonome de Papeete. Les stockages d’essence devraient suivre dans la foulée. Si la décision est prise, il faut compter trois ans de travaux, estime l’EGT.

À partir de là, tout est possible, en fonction du scénario qui aurait été retenu pour envisager l’avenir de Tahiti, durant les vingt prochaines années. À la fin août 2006, devait être terminée une étude prospective présentant six schémas d’évolution, intégrant par exemple la constitution d’un port de transbordement de 200 ha aux îles Fidji. Comment alors ce projet peut-il influencer les dessertes maritimes de Tahiti (et de la Nouvelle-Calédonie; même si ces deux territoires semblent peu coordonnés)?

Le port de Faratea: on y songe depuis 1840

Dans les années 1840, un débat eut lieu entre les officiers français sur le choix de l’implantation de la capital de Tahiti: Papeete ou Taravao? rappelle l’EGT. Papeete fut finalement retenue, car il y existait un embryon d’activité commerciale et la famille royale des Pomare y était établie.

De 1965 à 1974, pas moins de quatre plans d’aménagement furent élaborés pour créer un début de développement du site. Ils furent annulés ou jamais mis en œuvre, mais tous préconisaient d’y localiser la croissance urbaine pour limiter le "mitage" de la côte Ouest de Tahiti Nui. Aujourd’hui, il ne reste plus grand-chose aux mites.

Les idées étant rares, tout comme l’espace, le dossier fut rouvert dans les années 1990 avec un empressement mesuré puisque ce n’est qu’en 2002 qu’ont commencé les approches techniques. Leur objectif est double: participer au rééquilibrage des activités de Tahiti et vers 2020 permettre la poursuite de la croissance économique. Étaient et sont toujours concernées: la pêche et une partie du stockage des hydrocarbures, déjà évoqués. Mais ce site ne doit pas entrer en compétition avec le port autonome.

L’heure des choix devrait bientôt de nouveau sonner, car les études techniques pré-opérationnelles sont terminées:

– l’impact du vent, de la houle et des courants, des tsunamis, des cyclones a été analysé;

– la conception des ouvrages portuaires (digues de protection, quais, terminal à conteneurs, etc.) est terminée;

– plusieurs plans de masse ont été réalisés;

– le coût de la première phase de construction du port est estimé à 515 M€, à plus ou moins 20 %.

Déjà largement saturée et particulièrement dangereuse, la route allant de Taravao à Papeete ne peut pas supporter un trafic supplémentaire. Un projet de rocade de six kilomètres a donc été étudié et chiffré.

D’ici à la fin 2007, il va donc falloir décider et financer: le transfert des équipements des caboteurs et de la réparation navale; la réalisation du poste hydrocarbures; et la construction d’une partie des quais conteneurs et marchandises diverses pour disposer deux postes à quais d’un total de 500 m avec les tirants d’eau adaptés. En cas de décision positive, la rocade s’imposera.

2007 sera à l’évidence une année chargée pour l’EGT et toutes les parties concernées, car ce type de décision ne se fera pas sans susciter de lourdes oppositions, surtout dans une île où les intérêts privés et publics sont enchevêtrés. Tout le monde n’a pas oublié l’accueil qui fut réservé au projet de construction du port de Fos. Par ailleurs, le Port autonome de Papeete a sa propre vision de son développement.

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