La Commission européenne est une fois de plus en position d’arbitre dans le dossier de desserte maritime de la Corse et le devenir de la SNCM. Mais un arbitre qui pourrait bien siffler la faute après que la partie soit terminée.
À la veille de la clôture de l’appel d’offres de service public au départ de Marseille, la nouvelle (qui n’en est pas une) que Bruxelles examinerait avec rigueur les conditions de renflouement financier de la compagnie (181 M€ versés par l’État pour résorber le déficit et abonder le plan social) est venu compliquer un calendrier déjà bien enchevêtré. Ce 12 septembre, le tribunal de commerce de Paris examinera la requête de la SNCM visant à récupérer une part des actions, en même temps que les commandes, de la Compagnie méridionale de navigation (CMN). Pour justifier sa demande, la compagnie, aujourd’hui dirigée par Veolia Transports, s’appuie sur la rupture du pacte d’actionnaire entre les deux armements daté de 1992. Aujourd’hui, la CMN s’est, en effet, alliée avec la Corsica Ferries, concurrent acharné de la SNCM, pour la continuité sur la Corse à partir de Marseille (JMM 25-08-2006, p. 17). Le jugement interviendra-t-il avant fin octobre, date à laquelle devrait être connue la décision de l’Assemblée corse pour l’appel d’offres? Il est fort à parier que les représentants de la CMN emploieront tous les moyens pour faire traîner en longueur la procédure et le dénouement de l’affaire. Ils préserveraient ainsi le renversement d’alliance. Quant à la Commission européenne, son enquête devrait prendre, suivant des indications, plusieurs mois avant de voir un avis publié. Dans les deux cas, une bombe à retardement est déposée, mais leur nuisance variera de beaucoup avec la date de leur détonation. Avant la décision de l’Assemblée territoriale, le cours du jeu s’en trouverait bouleversé. Après, les effets seraient atténués.