Opération réussie pour LD Lines

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Depuis le 3 octobre 2005, les rotations entre Le Havre et Portsmouth sont assurées par la compagnie Louis Dreyfus Lines (LD Lines), filiale de Louis Dreyfus Armateurs SAS. La compagnie française a pris la place laissée vacante par P&O Ferries qui avait interrompu son service fin septembre. Son investissement est estimé entre 40 et 50 M€. LD Lines, qui a repris une vingtaine de salariés de P&O assure la liaison avec le Norman-Spirit, un ferry construit en 1992. Ce navire, ex-Pride-Of-Aquitaine, était auparavant affecté sur la liaison Calais/Douvres pour le compte de P&O Ferries.

Le Norman-Spirit a été réaménagé pour les besoins de la ligne a une capacité de 1 850 passagers et de 120 camions. Les travaux effectués au cours des derniers mois ont consisté à installer des sièges Pullman, mais aussi un espace Internet. Une boutique a également été inaugurée au mois de décembre. Le Norman-Spirit possède trois bars et un self service. Autre atout de la ligne, la réservation par Internet qui facilite les démarches et s’inscrit directement dans les nouvelles habitudes de consommation.

À l’heure actuelle, le No Norman-Spirit assure une liaison quotidienne entre la France et à la Grande-Bretagne avec un départ à 17 h du Havre et une arrivée à 21 h 30 à Portsmouth (heure locale). Retour à 23 h pour une arrivée au Havre à 7 h. Le ferry qui était sous pavillon italien est passé sous pavillon britannique. Depuis le 21 juin, il arbore le Red Ensign. Dans ce cadre, il est immatriculé à Southampton. Le 8 décembre 2005 sous la pression de la CFDT des marins qui avait bloqué la passerelle de la gare maritime du Havre, le ferry avait dû faire demi-tour et patienter en rade. L’action était destinée à dénoncer le pavillon italien du navire qui selon le syndicat constituait une tentative de dumping social. Des négociations entre LD Lines et la CFDT avaient finalement abouti à un accord sur l’obtention d’un pavillon britannique.

En l’espace de quelques mois, la ligne Le Havre Portsmouth affiche de bons résultats et l’on parle déjà d’un second navire pour assurer la liaison. Depuis sa mise en service, le Norman-Spirit a transporté quelque 120 000 passagers, 26 000 poids lourds et plus de 40 000 véhicules légers.

Trois questions à Pierre Gehanne, président de Louis Dreyfus Lines

1 – Journal de la Marine Marchande: La liaison Le Havre/Portsmouth correspond-elle aujourd’hui à vos attentes pour le fret et la clientèle passagers?

Pierre Gehanne: “Avec un volume de plus de 80 000 passagers de janvier à mai, nous sommes parfaitement en ligne avec notre objectif de 250 000 passagers sur l’année 2006. Nous envisageons par ailleurs d’accroître le nombre d’installations pour les passagers du Norman Spirit et travaillons actuellement sur des produits innovants qui nous permettront d’élargir davantage notre palette. Sur la partie fret, avec près de 17 000 camions transportés fin mai, nous pensons atteindre un volume global de plus de 38 000 unités soit 10 000 de plus que notre objectif de départ. Nous sommes persuadés que cette ligne dispose d’un potentiel encore supérieur à ces chiffres et nous envisageons de mettre en ligne un second navire dès que nous aurons trouvé le tonnage qui convient à notre activité.”

2 – JMM: Entre Ouistreham, Le Havre et Dieppe, y- a- t- il de la place pour tout le monde sur le marché du transmanche?

P.G.: “Nous séparons le marché en trois zones distinctes. Tout d’abord le détroit, Calais, Dunkerque et Boulogne et les liaisons sur Douvres qui concentrent plus de 90 % des échanges et demeurent à ce titre le poids lourd du secteur. Ensuite, la Manche Ouest qui est remarquablement desservie par les différents services de la Brittany Ferries. La Manche centrale comprend les ports de Ouistreham,Le Havre et Dieppe. Nous sommes convaincus du fort potentiel fret de cette zone et les taux de remplissage fret des trois lignes en sont les meilleures preuves. Nous pensons en effet que de nombreux camions en provenance ou / à destination de zones situées dans l’hinterland des ports de la Manche utilisent les services du détroit par manque d’offre et ou de capacité en sortie des trois ports centraux. Sur le segment du fret, la Manche centrale ne se trouve pas donc en situation de surcapacité. Nous pouvons même parler de sous capacité contrairement au détroit qui doit faire face au tunnel. Sur le segment passager, la situation est un peu différente et l’ensemble des lignes doit faire face à une chute sensible en grande partie détournée par les compagnies aériennes « low cost ». Nous restons persuadés néanmoins que les ferries peuvent regagner des parts de marché sur l’aérien à condition de s’adapter aux nouvelles exigences de cette clientèle. Par ailleurs, les efforts de promotion mis en place par les différentes autorités locales et régionales auprès de la clientèle anglaise devraient également rendre plus attractive la Normandie et les services comme les nôtres doivent participer à ces efforts en proposant des produits compétitifs sur ces destinations.”

3 – JMM: Avez-vous d’autres projets concernant le transmanche et existe-t-il un concept LD Lines sur ce marché?

P.G.: “Le concept consiste à offrir un produit de qualité, simple, efficace et d’un très bon rapport qualité-prix de manière à offrir à la clientèle une alternative au détroit. De nombreux passagers britanniques situés dans l’hinterland de Portsmouth et se rendant en Normandie sont en effet contraints de conduire jusqu’à Douvres ou Calais pour des raisons de coûts. Nous voulons proposer une alternative économique de sorte qu’ils puissent bénéficier de services proches de leurs points d’origine et/ou de destination sans payer plus cher. Notre service s’adresse donc en priorité à la clientèle passagers + voiture ou moto car ce segment ne peut être concurrencé par les compagnies aériennes low cost. Notre ambition est d’installer LD Lines comme un acteur majeur en Manche centrale en proposant des produits complémentaires aux lignes déjà existantes et/ou en développant des synergies et des économies d’échelle avec les compagnies situées dans le même hinterland que nous. Nous pensons à ce titre qu’il existe de nombreux potentiels de coopération avec Transmanche Ferries (Dieppe/Newhaven, NDLR) et nous participerons activement à l’appel d’offres DSP (délégation de service public) qui doit être prochainement lancé par le conseil général.

Propos recueillis par François Hauguel

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