En 2005, le transport de conteneurs par voie d’eau a connu une croissance de 32 % avec un trafic de 100 000 EVP acheminés de ou vers Le Havre. Aujourd’hui, le fluvial dépasse le ferroviaire. "C’est dû en grande partie à l’explosion du trafic conteneurisé. Il y a forcément un avantage économique pour ceux qui choisissent ce mode de transport. Le fluvial était très performant jusque dans les années 70 puis il s’est écroulé’au début des années 90. Aujourd’hui, la tendance s’inverse, il y a un changement de mentalité. Les entreprises y trouvent un réel intérêt. Certains convois peuvent aller jusqu’à 5 000 t ce qui représente 220 camions. Il y a également un intérêt pour le transport des matières dangereuses… Port 2000 constitue une augmentation de potentiel, des trafics nouveaux pour le fluvial", explique Marina Labeylie, la responsable de l’antenne Voie navigable de France (VNF) au Havre.
Aujourd’hui, la desserte fluviale s’appuie sur un terminal dédié situé dans la partie Ouest du terminal de l’Europe, le terminal à conteneurs situé au Nord-Est de l’écluse François 1er. Il est relié aux terminaux de Port 2000 par une navette ferroviaire gérée par la Société d’aménagement des interfaces du Havre (SAITH). Par la suite, il est prévu dans le schéma général d’aménagement de réaliser une écluse fluviale reliant la darse de l’Océan aux terminaux de Port 2000. Le projet a été confirmé par le Comité interministériel d’aménagement et de compétitivité du territoire (CIACT) du 14 octobre 2005. Dans cette optique, le PAH participe aux études menées par la direction régionale de l’équipement de Haute-Normandie. "C’est la direction régionale de l’équipement qui pilote le dossier. Des réunions se sont tenues pour débattre des options techniques notamment le gabarit de l’écluse, mais aussi la longueur des convois. Reste au ministre de se prononcer et d’arrêter le projet. La décision doit être prise cet été… L’écluse avait été annoncée en 2007. À mon sens, ce sera plutôt à l’horizon 2009-2010", explique Jean Gadenne, le directeur du développement de la voie d’eau et du patrimoine à VNF. L’investissement serait de l’ordre de 150 M€. Un processus d’enquête publique complémentaire est également prévu dans le cadre de ce dossier qui est inscrit au contrat de projet 2007-2013. Jean Gadenne indique que parallèlement, une autre réflexion est menée sur les caractéristiques techniques d’un auto moteur fluvial qui serait autorisé à faire le tour par l’avant-port et servirait régulièrement Port 2000. Un outil complémentaire et qui ne se substituerait pas à l’écluse. L’objectif du port du Havre est d’assurer un trafic fluvial entre 155 000 et 214 000 EVP à l’horizon 2010 grâce notamment au développement des terminaux fluviaux de l’Île de France. Gennevilliers et Bonneuil-sur-Marne sont déjà des ports fluviaux d’importance. Marina Labeylie estime que la Seine a la capacité de multiplier son trafic par cinq. "Le projet de relier le grand canal du Havre au canal de Tancarville devrait permettre de gagner du temps." Aujourd’hui, le trajet entre Le Havre et Gennevilliers se fait en trente-six heures.
Au total ce sont cinq services fluviaux de transport combiné de conteneurs qui relient le port du Havre aux terminaux de Radicatel et du port de Rouen (Logiseine, Marfret, MSC et RSC) ainsi qu’aux plates-formes parisiennes du port de Gennevilliers (Logiseine, MSC, RSC), Bonneuil-sur-Marne (Logiseine) et Nogent sur Marne (SNTC-Carline).
Les routes, un point à améliorer pour Port 2000
Quand on pense Port 2000, on songe immédiatement dessertes, qu’elles soient fluviales, ferroviaires et routières. Dans ce dernier domaine, l’heure est aux grands travaux. Il est temps, diront tous les professionnels de la route… Car le trafic augmentant à Port 2000, il faut assurer les pré et post acheminements routiers des conteneurs. À pleine charge, les spécialistes estiment d’ailleurs que les nouveaux terminaux devraient générer jusqu’à un millier de camions en plus chaque jour sur les routes! On n’en est pas encore là, mais en la matière, il y a nécessité de pas prendre plus de retard…
Plusieurs chantiers sont entrepris pour améliorer la desserte immédiate de Port 2000. Actuellement – et en principe jusqu’à ce soir vendredi 7 juillet – la route de l’estuaire, principal axe desservant le nouveau terminal, est en pleine rénovation. Une nécessité absolue puisque cette route sert à la fois la zone sud du port et Port 2000. Elle permet de faire le lien entre le port et l’autoroute A29 (axe nord-sud).
Le principal problème aujourd’hui en termes de désenclavement routier est celui de la connexion entre l’A29 et l’A131, dans le sens de l’arrivée au Havre. Une seule bretelle d’accès à la zone industrielle et portuaire existe aujourd’hui. Un nouvel axe est donc en construction depuis quelques mois. Il permettra de créer un nouveau nœud routier entre les deux autoroutes, sans avoir à traverser l’ensemble de la zone industrielle déjà très fortement encombrée du lundi au vendredi. La mise en service est prévue, au mieux, pour la fin 2007. D’ici là, il va falloir patienter.
Logiseine, l’un des principaux opérateurs sur la place havraise
Créé en 1994, Logiseine est un GIE réunissant la Compagnie fluviale de transport (CFT), Terminaux de Normandie (TN) et Paris Terminal SA, le gestionnaire de la plate-forme quadrimodale de Paris-Genevilliers et de Bonneuil-sur-Marne. “Nous sommes partis de zéro… En 1994, le fluvial, c’était de l’épicerie avec des barges de 30 à 60 EVP. Aujourd’hui, certains convois peuvent aller jusqu’à 350 EVP”, explique Gilles Peyrot, responsable de l’agence Logiseine. La capacité de transport est adaptée selon la demande. Des barges de 132 EVP et de 176 EVP sont utilisées. L’offre de prestation est du porte-à-porte. Des pré et post acheminements routiers sont en effet organisés sur la région parisienne. Le responsable rappelle l’importance d’évacuer rapidement les conteneurs des terminaux havrais, les tarifs de stationnement étant prohibitifs. “Nous offrons une logistique de bout en bout et une grande souplesse notamment en terme de dédouanement.”
Logiseine travaille avec des chargeurs importants comme Carrefour, Auchan ou encore Toys R Us. Un conteneur chargé le lundi au Havre sera le mercredi à Gennevilliers. En 2005, Logiseine a transporté entre le port du Havre, le port de Rouen et la région parisienne plus de 50 000 EVP. En 2006, la fréquence des rotations a été portée à cinq par semaine dans chaque sens avec chaque jour un départ du Havre et un autre de Paris Gennevilliers. La capacité de transport par semaine est en moyenne de 1 600 EVP. “En 2006, nous développons également des fréquences d’escale deux fois par semaine à l’import et à l’export sur le port Bonneuil-sur-Marne au sud-est de la région parisienne.” Logiseine a intégré Port 2000. Pour ce faire, la compagnie utilise le poste fluvial du terminal de l’Europe et accède au terminal de France (TDF) via la navette ferroviaire de la SAITH. “Aujourd’hui, TDF n’est pas adapté pour la barge d’où l’intérêt de la SAITH. Pour des lots plus importants, la solution du fluvio-côtier pourrait être retenue. Les deux solutions sont complémentaires”, explique Gilles Peyrot.