Après sept ans d’études et de procédures et trois ans et demi de travaux, le plus grand chantier maritime européen est devenu une réalité. Il aura coûté un milliard d’euros, une facture partagée par l’État, le PAH, l’Europe, la Région et les entreprises privées. Port 2000, c’est également un outil au service du développement durable avec près de 46 M€ dédiés aux mesures environnementales dans l’estuaire de la Seine. On avance le chiffre de 3 500 à 4 000 emplois directs créés dans les activités portuaires et de logistique. Aujourd’hui, les conteneurs affluent régulièrement sur le Terminal de France, le premier à voir le jour. La Générale de manutention portuaire (GMP) y a injecté cent millions d’euros. Le Terminal Porte Océane, du groupement Perrigault-APM Terminals, doit suivre dans les prochains mois.
Dans un premier temps, ce sont 500 000 "boîtes" qui vont transiter dans le nouveau port et encore autant lorsque le second terminal entrera en service. En clair, il s’agit de passer des 2 MEVP actuellement traités chaque année à 4 MEVP puis à 6 MEVP d’ici 2012. D’ores et déjà, les acteurs portuaires de la place du Havre regardent au-delà des quatre premiers postes à quai qui permettent d’accueillir des porte-conteneurs de 350 m de long. Huit postes à quai sont encore dans les cartons.
La montée en puissance est engagée. Le 8 juin dernier, le terminal de France accueillait le CMA-CGM-Medea, un géant des mers de plus de 9 415 EVP. Le port s’est doté d’une nouvelle porte d’accès sur les terminaux sud également utilisée pour Port 2000, la porte François 1er. L’outil s’inscrit directement dans les investissements des dessertes routières immédiates de Port 2000. Les ingénieurs du PAH ont désormais les yeux rivés sur l’horizon 2020. Il s’agit par exemple de réorganiser et de réaménager les quais existants sur le port actuel et de créer de nouveaux accès nautiques pour les rejoindre. Le doublement de l’écluse François 1er est envisagé. Pour le port du Havre, la priorité est également de renforcer les dessertes ferroviaires et fluviales.
Les grandes dates de Port 2000
– Septembre 2005: le projet Port 2000 est déclaré projet national d’intérêt public par le président de la République Jacques Chirac.
– 1996: poursuite des études techniques et démarrage de la concertation au sein de la Maison de l’estuaire.
– Novembre 1997 à mars 1998: C’est une première en France. Une quarantaine de réunions sont organisées en quatre mois dans le cadre d’un grand débat public.
– Printemps 1998: définition des mesures environnementales avec la Maison de l’Estuaire.
– Janvier 1999 à l’automne 2001: déroulement des procédures administratives et de consultation du public en particulier les enquêtes publiques qui se déroulent dans toutes les communes de l’estuaire
– Automne 2000 au printemps 2002: travaux préliminaires, déminage et enlèvement d’épaves. Déplacement et sauvegarde des batraciens
– Eté 2001: désignation des entreprises Soletanche-Bachy et GTM Construction pour la construction des infrastructures de Port 2000.
– Automne 2001: début des travaux de Port 2000 et des chantiers sur l’environnement.
– Octobre 2001: Soletanche-Bachy débute les travaux de réalisation de quai selon la technique de la paroi moulée
– Début 2002: GTM construction avec l’entreprise de dragage belge Dredging International démarre les travaux maritimes relatifs à la construction des digues et du creusement du chenal d’accès.
– Juillet 2003: achèvement de la digue d’enclôture délimitant les futurs terre-pleins des postes situés à l’ouest. Au cours de l’été, une tempête provoque des dégâts sur la digue.
– Mai 2004: installation des caissons musoirs qui délimitent l’entrée de Port 2000.
– Septembre-Octobre 2004: démarrage des travaux de dessertes fluviales et routières.
– Septembre-Avril 2005: réalisation d’un îlot reposoir pour les oiseaux dans l’estuaire de la Seine.
– 28 octobre 2004: signature de la convention d’exploitation de terminal entre la Générale de Manutention Portuaire (GMP) et le PAH. Naissance du Terminal de France.
– Novembre 2004: les digues de protection extérieure sont terminées.
– Avril 2005: la totalité du quai est réceptionnée par le port autonome.
– Mai 2005: réception de la digue Sud.
– 11 avril 2006: signature des avenants individuels aux contrats de travail des 24 portiqueurs du PAH qui vont travailler pour la GMP.
– 18 avril 2006: le CMA-CGM-Kalamata franchit les digues de Port 2000. C’est la première escale de Port 2000.
– Mai 2006: signature de la convention d’exploitation du Terminal Porte Oceane entre le PAH et le groupement constitué par la société Perrigaut et APM Terminals (filiale de AP Møller-Mærsk Group).
Les caractéristiques
Port 2000 a des caractéristiques a donné le vertige. Un chantier titanesque. La digue extérieure s’étend sur 5 km de long. Le Terminal de France, exploité par la Générale de manutention portuaire, dispose d’un quai de 700 m. La superficie des terre-pleins est de 420 000 m2 et la zone de soutien de 60 000 m2. Le terminal est équipé de six portiques chinois ZPMC. Chacun d’eux peut soulever simultanément deux conteneurs de 40’. Leur capacité de levage est de 40 m au-dessus du quai et de 22 m sous le quai. Propriété de la société d’aménagement des interfaces terrestres du Havre (SAITH) – une entreprise spécialement constituée – le portique ferroviaire se situe en arrière du Terminal de France. Construit en Chine chez ZPMC, il pèse 680 t et représente à lui seul un investissement de 3,5 M€. Un second portique similaire devrait être livré sur Port 2000 avant la fin de l’année.