L’affaire, dit-on sur le port, est en bonne voie depuis quelques années déjà avec des implantations de taille, comme le programme de plus de 100 000 m2 d’entrepôts construits et loués à des logisticiens comme Gefco par Prologis. Après trois premières tranches de 32 000 m2 chacune, une quatrième, de la même surface, va bientôt sortir de terre. Il faut y ajouter les 174 000 m2 d’entrepôts de Gazeley ou la mise en location, ces jours-ci, des anciens locaux de TC-Val (30 000 m2 sur un terrain de 140 000 m2), près de l’usine Renault-Sandouville. Ou encore l’aménagement de Normandie-Entrepôts, Parc logistique du pont de Normandie (PLPN).
Une montée en charge évidente
C’est ici, dans le PLPN, qu’un nouveau programme va sortir de terre. Le promoteur Adim lance un programme de 135 000 m2, près de SDV (groupe Bolloré). Adim réalisera son parc par tranches de 20 000 à 25 000 m2. 70 M€ sont engagés dans cette opération qui veut être "l’offre la plus performante" dans le traitement des conteneurs. "Premier port pour le commerce extérieur et les conteneurs, Le Havre offre tous les avantages d’un hub multimodal de pointe indispensables à la performance de toute supply-chain. Le choix du Havre pour la réalisation sur près de 134 000 m2 de notre parc logistique locatif de classe A, particulièrement adapté à la logistique conteneurs, était par conséquent une évidence", explique Jean-Christophe Courné, le président du groupe Adim.
D’autres programmes, plus modestes, sont en cours de réalisation. Buffard vient de racheter les 10 000 m2 de Le Havre-Entrepôts. Le groupe logistique, propriété du transitaire Jamein, prévoit également de construire 12 000 m2 sur le PLPN.
Atlantique Logistique et Transport (ALT), prestataire logistique breton, réceptionnera en août un nouvel entrepôt de 12 000 m2 "afin de faire face à notre développement suite à l’ouverture de Port 2000", précise Thierry Padioleau, le responsable de l’agence du Havre. Présent depuis onze ans au Havre pour des prestations d’emballages industriels, la société s’est, depuis, développée vers les métiers de la logistique.
Face à ces constructions, un problème commence à apparaître: la place disponible. Certes le domaine portuaire peut encore accueillir des activités, mais les professionnels doivent maintenant réfléchir à s’éloigner du noyau portuaire pour implanter leurs activités. C’est ainsi que se développent de nouvelles zones, comme à Ethainhus, à Saint-Jean-de-Folleville… Une récente étude du cabinet DTZ Consulting & Research pour Le Havre-Développement montre que 250 ha sont disponibles à l’horizon 2008 dans un rayon de 30 km. Soit dix fois plus qu’à Anvers, mais un peu moins qu’à Rotterdam, selon la même étude de benchmarking.
Le chiffre de 5 000 emplois générés dans la logisitique est cité par Jean-Louis Le Yondre, le président du syndicat des transitaires havrais. De tels objectifs sont évidemment significatifs dans un bassin d’emploi comme celui du Havre, dont le taux de chômage est traditionnellement deux à trois points au-dessus la moyenne nationale. "Dans la région, explique Jean-Pierre Lecomte, le président du PAH, c’est dans la sphère de la logistique que la croissance d’emplois est la plus importante. Globalement, ajoute-t-il, il faut savoir que les emplois portuaires ont progressé de 8 % entre 2000 et 2003 alors que l’ensemble de l’emploi grimpait de 2,2 % dans l’agglomération durant la même période. Il se confirme donc que l’économie portuaire, quand elle se porte bien, produit des richesses pour toute la région."
La logistique passe par l’innovation
En juillet 2005, le gouvernement a désigné la région Haute-Normandie comme pôle de compétitivité pour la logistique. C’est le dossier de Logistique Seine Normandie (LSN) qui a remporté la mise. Une véritable opportunité pour les professionnels. Le pôle est basé au Havre. Avec la montée en puissance de Port 2000, les opportunités sont à saisir. Outre des atouts géographiques exceptionnels, le pôle haut normand a la particularité d’associer les ports du Havre et de Rouen.
Le temps des rivalités est donc loin. Pour Jacques Brifault, le responsable de LSN, les objectifs sont clairs. Il faut positionner la région comme la plate-forme multimodale d’échanges internationaux maritimes à l’ouest de l’Europe et offrir des services logistiques à haute valeur ajoutée. Le pôle permet aux entreprises de bénéficier de conseils, mais aussi d’un cadre pour développer les projets. Il s’agit également de mutualiser les ressources et les équipements de recherche. Des aides financières et des exonérations sont à la clef. "Un des critères les plus importants, c’est l’innovation. Il faut également que le projet puisse avoir des retombées économiques pour les acteurs de la chaîne logistique", rappelle Jacques Brifault. Le développement d’un système européen d’informations portuaires et terrestres est au cœur des enjeux du futur. Le but est de rendre cohérent les systèmes de traçabilité des véhicules, de la marchandise, du transit portuaire afin de donner un outil fiable aux logisticiens et aux industriels. LSN veut également favoriser les projets visant à l’intermodalité, route, rail, mer et fleuve tout en réduisant les coûts. Il doit également s’agir d’une dynamique pour favoriser l’emploi.