Le quai des Amériques est le point de départ vers une nouvelle vie, un changement radical, comme ces immigrants qui embarquaient pour partir vers les États-Unis pour le rêve d’un monde meilleur. Martine-Marie Muller publie son nouveau roman avec, en toile de fond, le monde des dockers du Havre de 1956 à 1974. Cette saga familiale nous fait revivre une partie des "trente glorieuses", années fastes de l’économie d’après-guerre, vue à travers le prisme d’une famille de dockers havrais, les Hauchecornes. Dès les premières pages, dans la tourmente d’un conflit social, un personnage, dont on ne sait d’où il sort, s’intègre à cette famille. Il remet en cause l’ensemble des grands principes qui régissent la vie de ces dockers. Jean-Marie, cet étranger venu d’ailleurs, va bousculer un des préceptes du monde des dockers: amener la fille cadette à travailler pour des patrons de dockers.
Ce roman n’a pas la prétention de s’imposer comme une chronique sociale du monde des dockers havrais des années d’après-guerre. Il demeure un roman. Il a cependant le mérite de peindre des personnages hauts en couleurs et à la limite de la caricature mais que tous ceux qui, un jour, ont travaillé sur les quais reconnaîtront. De "Nénesse-le-rouge", le délégué syndical de la FNPD, à la "Gambille", le monde des dockers est représenté. Au-delà de ces représentations, il démontre bien l’évolution qu’ont connue les dockers au cours de cette période avec le retour en France des Français d’Algérie, les premiers conteneurs et les crises politiques de l’époque.
Quai des Amériques se lit aisément pendant les périodes estivales pour ne pas se détacher entièrement du monde professionnel, mais reste un roman.
Quai des Amériques par Martine-Marie Muller
396 pages – Éditions Robert Laffont
Prix: 19 € – ISBN 2-221-10612-1