Avec une quarantaine de navires traités annuellement et près de 400 000 heures de travail, les chiffres globaux donnés par la direction de la Sobrena sur l’année 2005 ne font pas apparaître de changements notables dans les activités du chantier brestois qui reste toujours le premier de la classe sur le plan français. "En volume global et en type d’activités, ça ressemble beaucoup aux autres exercices", commente le Pdg François Meunier pour qui l’année dernière a été "une année plate à un niveau correct". Avec cependant une petite différence: "Le travail a été bien plus régulier jusqu’en octobre." En clair, pas de pics suivis de creux qui caractérisent la plupart du temps les activités de la réparation navale. "Le personnel a beaucoup apprécié ce planning bien plus lissé et sans à-coups." Un personnel pourtant soumis à un fort taux de renouvellement suite aux décrets sur l’amiante: "Sobrena a perdu 40 % de ses effectifs en 3 ans. Mais les jeunes qui les ont remplacés ont su relever le flambeau."
Peu de changements apparents également dans les types de navires traités: car-ferries, pétroliers purs, shuttle-tankers, méthaniers, constituent toujours le gros des commandes même si, d’une année sur l’autre, une sorte de jeu de chaises musicales peut modifier un tant soit peu la donne.
Le créneau pointu des méthaniers
Même si la Sobrena a traité le tanker de 300 000 tonnes Oscilla de la Shell, les pétroliers classiques se font plus rares. Ils sont remplacés par les pétroliers-navettes de la mer du Nord dont les Navion Nordica, Gerita, Evita et Elizabeth Knutzen en sont quelques exemples. Des Norvégiens habitués qui illustrent fort bien l’une des caractéristiques du chantier brestois: la fidélisation de la clientèle. "Nous ne sommes pas sur un marché du tout venant et nous ne risquons pas de voir à Brest des clients qui ont à peine de quoi payer les réparations de leurs très vieilles bailles. Nous avons plutôt une clientèle haut de gamme et nous nous plaçons sur ce créneau avec des navires assez difficiles à traiter."
Des propos que soulignent avec brio les sept méthaniers qui ont fréquenté les formes de radoub brestoises en 2005. "Nous avons d’ailleurs eu plus de méthaniers à sphères que d’habitude", constate François Meunier. Et après les 4 LNG gérés par Shell, le Mourad Didouche de l’armement Hyproc’s ou l’Edouard LD, Sobrena a croché un nouveau client avec le Tenaga Satu de l’armement malais Misc.
Sur ce créneau particulier et très pointu, Sobrena pense avoir pris de l’avance. "C’est la branche la plus technique et celle qui connaît le développement le plus spectaculaire", commente François Meunier. Au fil des années, Sobrena est devenu l’un des tout premiers chantiers mondiaux sur ce créneau sophistiqué, et assez bizarrement, sans trop s’en rendre compte et sans trop le dire jusqu’à ce qu’un article paru dans une revue maritime internationale finisse par interpeller la Sobrena: un chantier du Sud-Est asiatique se vantait en effet d’avoir traité son 27e méthanier. Calculette à la main, les Brestois ont plongé le nez dans leurs dossiers et se sont alors aperçus qu’en mai 2005, le Mourad Didouche de l’armement Hyproc’s constituait leur 40e intervention sur un navire du même type! De quoi enfoncer le record soi-disant établi ailleurs. Du coup, la Sobrena s’est fendue d’un communiqué rappelant ses compétences en la matière et affichant son palmarès. Les professionnels du secteur ne s’y sont d’ailleurs pas trompés. Ils ont invité l’ancien directeur Bernard Furic (parti en retraite depuis début 2006) à intervenir devant un parterre de spécialistes lors du congrès du SIGTTO (Société internationale des opérateurs et transporteurs de gaz) tenu à Athènes les 28 et 29 septembre 2005. Dans le même temps, le carnet de commandes de la Sobrena a continué à enregistrer des arrêts techniques de méthaniers. "Nous comptabilisons à ce jour 46 navires de ce type et le 48e est attendu en septembre prochain", révèle Michel Faou, le nouveau directeur de la Sobrena."C’est l’avenir à moyen terme. Nous nous attendons une accélération du phénomène d’ici 4 à 5 ans", ajoute François Meunier qui se réjouit par ailleurs de la reconnaissance de Brest en tant que pôle de compétitivité-mer: "Ça ne peut être qu’un atout pour la région, y compris pour la réparation navale où il reste des progrès à faire. Les occasions de rencontrer les autre acteurs de ce pôle peuvent déboucher sur des projets communs. La voie est ouverte."