Partie intégrante du paysage portuaire depuis plus de 50 ans, le site brestois de Lafarge Ciments y avait doublé son tonnage entre 1997 et 2003. Générant un chiffre d’affaires de 1,6 M€, la station brestoise commercialisait alors chaque année une production de ciment de près de 200 000 tonnes."La moitié est fabriquée sur place et l’autre provient du site du Havre", explique Christian Petitfrère qui anime une équipe de 9 personnes et dirige ces installations entièrement automatisées."Ce ciment de qualification PMES* répond tout particulièrement aux besoins de l’hinterland que constituent les départements bretons: il prend les pieds dans l’eau et résiste parfaitement aux contraintes des éleveurs porcins ou bovins de la région".
En fait, l’unité brestoise de production possédait une grosse capacité de stockage inutilisée, d’où l’idée de faire venir du ciment déjà fabriqué ce qui, depuis 1997, a ainsi permis de doubler les trafics brestois. Car, tant pour les approvisionnements des 100 000 tonnes de ciment déjà fabriqué que pour ceux des matières premières servant à la fabrication des 100 000 tonnes broyées sur place, c’est le mode maritime qui a été privilégié par la direction de Lafarge Ciments dans sa logistique de transport."Tout est effectivement acheminé par voie maritime et déchargé sur un quai spécifiquement dédié à cette activité", confirme Christian Petitfrère.
Clinker et gypse
L’approvisionnement en produits finis génère ainsi un trafic très régulier entre Le Havre et Brest. Trafic réalisé par l’armement scandinave Baltrader, à bord de navires spécialisés ne transportant que ce type de cargaison. "La société n’a plus ses propres navires et l’affrètement des cimentiers se fait sur la base de contrat négociés à l’année", explique le patron de Lafarge Brest en précisant qu’il essaie de travailler avec des navires allant de 2 000 à 4 000 tonnes. Pulsés par les compresseurs du bord, ces produits finis (ciment) sont directement acheminés jusqu’aux silos de stockage, via une conduite souterraine longue de 500 mètres. "Entre l’arrivée du navire, son déchargement, son retour à vide sur Le Havre où il charge à nouveau pour revenir sur Brest, il faut compter 6 jours." En hausse de 9 % par rapport à 2004, le tonnage de ciment a porté sur 91 922 tonnes en 2005. Les 5 premiers mois de 2006 ont cependant enregistré une baisse de 8 %.
Un scénario qui diffère un peu en ce qui concerne les approvisionnements en matière premières nécessaires à la fabrication des 100 000 tonnes de ciment réalisée sur place. Pour alimenter la station de broyage, le site brestois importe notamment du clinker et du gypse. Acheté en Espagne, le gypse est également acheminé par mer à bord de navires allant de 4 000 à 8 000 tonnes. Pierre naturelle extraite du sol et portée à une température de 1 470 oC, le clinker rentre également dans la composition du ciment. Déchargé par des manutentionnaires et les grues de la CCI avant d’être brouetté par camion, il s’en est déchargé 46 175 tonnes en 2005, soit une baisse de 58 % par rapport à 2004, baisse qui s’est encore accentuée de 38 % sur les cinq premiers mois de 2006.
* PMES: PM ("prise mer") désigne le ciment qui prend les pieds dans l’eau et ES ("eau sulfatée") correspond à celui qui résiste aux sulfates des urines des animaux d’élevage.