Impeccablement accosté, le 17 mai dernier, à l’épi no 4 de la base navale de Brest par les militaires, l’ex-Clemenceau passe des mains des marins dans celles des industriels… sans manquer celles des politiques!
Alors que les 140 marins ont immédiatement démarré l’inspection de la coque et la sécurisation des 2 800 locaux du porte-avions, le débat sur son éventuelle déconstruction à Brest était déjà lancé. "À quelque chose malheur est bon" a déclaré le maire de Brest, François Cuillandre, entre un coup de chapeau à la ministre de la Défense et un coup de griffe à celui de l’Economie et du Budget. "Je pense que ce bâtiment sera déconstruit en France et je souhaite qu’il le soit à Brest. Mais je suis d’accord avec la CCI pour ne pas lâcher la proie pour l’ombre." En effet, ni la CCI ni le chantier de réparation navale Sobrena ne semblent intéressés par cet hypothétique gros chantier de démolition. "Ce n’est pas du tout une question civile, explique le directeur général de la CCI de Brest, Michel Gourtay, il s’agit d’un ancien bâtiment militaire que l’État a décidé de ramener dans un port militaire. C’est à lui de s’occuper de son éventuelle déconstruction. Quant à spéculer sur la faisabilité d’une telle activité, tout reste à dire et à démontrer. Mais on sait qu’il ne s’agit pas d’un marché mais d’une activité qui devra être subventionnée." Même DCN Brest affiche une position un peu frileuse. "Nous avons des compétences dans la conception et la construction de navires, pas dans la filière de démantèlement qui ne fait pas partie de notre axe de développement ", explique le directeur de la communication Gilbert Bellec.
Mais en face, des industriels brestois souhaitent pourtant de tous leur vœux prendre le problème à bras le corps. Des sociétés telles que Brest Récupération, André Jacq Ingénierie, la SIB, Bretagne Échafaudage ou encore NPI, Pierres Services et Axa travaillent dès aujourd’hui à la création d’un groupe d’entrepreneurs baptisé Brest Force +. Le regroupement de leurs compétences respectives les mettant en position de postuler au démantèlement de l’ex-Clemenceau pensent-ils.