En juillet 2005, le Gouvernement désignait la région Haute-Normandie comme pôle de compétitivité pour la logistique. Une aubaine pour les professionnels. Avec un peu plus de cinq mille entreprises et soixante-deux mille emplois directs, la logistique est devenue en quelques années une activité majeure pour l’expansion économique de la Haute-Normandie en particulier du Havre. C’est le dossier de Logistique Seine-Normandie (LSN) qui a remporté la mise. Le jury a été séduit non seulement par les atouts géographiques exceptionnels de la région, mais aussi par l’alliance de deux grands ports, Le Havre et Rouen. Pour Jacques Brifault, le responsable de LSN, les objectifs sont clairs: il faut positionner la Normandie comme la plate-forme multimodale d’échanges internationaux maritimes à l’ouest de l’Europe et offrir des services logistiques à haute valeur ajoutée. "Même si le siège de LSN est au Havre, ce qui fait la force du dispositif et ce qui a permis la labellisation, c’est l’ensemble normand. Il existe une réelle complémentarité entre les ports du Havre et de Rouen. Nous aurions fait un recul de dix ans si nous avions raisonné localement", explique Jacques Brifault. Il estime que l’offre de service est déterminante et souhaite également une meilleure lisibilité des critères de labellisation. "Aujourd’hui, le système de fonctionnement des pôles ne permet pas de savoir quels sont les bons critères pour les porteurs de projet." À quoi sert le pôle logistique? Pour les entreprises de la filière, il permet de bénéficier de conseils et d’un cadre pour développer des projets. C’est également une façon de mutualiser les ressources et les équipements de recherche. Des aides financières et des exonérations sont également à la clé. Quels sont les critères pour bénéficier du label pôle de compétitivité? Il faut au moins deux entreprises et un laboratoire ou un organisme de formation supérieur. "Un des critères les plus importants, c’est l’innovation. Il faut également que le projet puisse avoir des retombées économiques pour les acteurs de la chaîne logistique." Le développement d’un système européen d’informations portuaires et terrestres est au cœur des enjeux du futur. L’objectif, rendre cohérent les systèmes de traçabilité des véhicules, de la marchandise, du transit portuaire, pour donner aux logisticiens et aux industriels un outil informatique fiable. "Autre enjeu, il faut intégrer la dimension environnementale. Nous devons d’ores et déjà réfléchir à l’organisation logistique des produits émergents comme les biocarburants ou les granulats, développer les services sur la logistique retour", explique Jacques Brifault. Le pôle veut favoriser les projets visant à l’intermodalité entre la route, le rail, la mer et le fleuve tout en réduisant les coûts de transports. Pour le responsable du pôle, la logistique doit être une "dynamique gagnante pour développer l’emploi et le développement économique de toute une région". Le pôle a reçu quarante projets mais aujourd’hui le nombre des dossiers a sensiblement diminué avec la mutualisation des idées. "On s’aperçoit qu’un petit projet peut parfois s’inscrire dans un autre plus important." Contrairement aux idées reçues, les postulants ne sont pas nécessairement de grandes sociétés ou de grands groupes. Récemment, une entreprise de sept salariés a été labellisée grâce à un projet innovant.
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L’avenir de la logistique est en Haute-Normandie
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