"Les grands ports français constituent un maillon essentiel des chaînes logistiques internationales. Aujourd’hui les deux tiers des conteneurs destinés à notre pays arrivent dans des ports étrangers. Des norias de camions acheminent ensuite les marchandises sur notre territoire. C’est absurde. Les ports français doivent jouer pleinement leur rôle de poumon de notre commerce extérieur", a déclaré Dominique Perben, ministre des Transports et de la Mer, lors de l’inauguration de Port 2000, le 30 mars. Pour tenir ce rôle, les ports français jouent désormais la carte de la logistique. Pendant les années quatre-vingt, les maires désiraient ardemment leur propre zone logistique. Aujourd’hui, ce mouvement s’est étendu aux autorités portuaires qui voient dans ces bâtiments le moyen d’attirer et de pérenniser des trafics de marchandises.
Le développement de la logistique dans les ports a surtout commencé chez les concurrents du nord de l’Europe. Hambourg, Rotterdam et Anvers ont été la visée de sociétés de grande distribution qui ont bâti sur les ports des EDC (European Distribution Center). Il s’agit d’entrepôts qui recevaient pour les sociétés toutes les marchandises en provenance d’autres continents et destinées au marché européen. Les ports français n’ont pas voulu rester à la traîne et ont rapidement emboîté le pas. Dès la seconde moitié des années quatre-vingt-dix, des entrepôts ont été construits à la lisière des terminaux à conteneurs. Dunkerque, Le Havre et Marseille-Fos ont pris conscience de la nécessité de se placer sur ce créneau. Au démarrage, ouvriers portuaires et logisticiens ont eu du mal à s’entendre sur les délimitations de chacun de ces professionnels: où s’arrêtent les activités des uns et où commencent celles des autres? Après une mise au point, chacun a trouvé sa place. Aujourd’hui la logistique portuaire dans les ports français est devenue une réalité. "À constater les demandes pour les zones logistiques portuaires, il semblerait que ces entrepôts satisfassent de plus en plus les sociétés de prestations logistiques. À Fos, sur Distriport, au Havre, à Rouen mais aussi dans les ports intérieurs, les logisticiens investissent dans ces zones. Ils y trouvent un avantage puisqu’ils peuvent dégrouper ou grouper leurs conteneurs directement, ce qui leur évite une rupture de charge", explique un responsable de TLF (organisation regroupant les transporteurs et logisticiens en France).
La logistique portuaire a d’abord concerné les marchandises conteneurisées. L’essor des lignes régulières et la conteneurisation à outrance de toutes les marchandises a favorisé ce développement. Il serait injuste de ne pas traiter aussi d’autres types de marchandises. L’automobile bénéficie également de ce mouvement. Les voitures en provenance ou à destination d’autres marchés sont préparées dans les ports pour être ensuite acheminées vers les concessionnaires. Il en va de même d’autres marchandises conventionnelles comme le bois, le ciment ou les marchandises en sac (comme par exemple le café, le sucre le cacao…). La tendance est même à la généralisation de ce mouvement. La logistique touche désormais les vracs comme les céréales. Le blé n’est plus transporté il suit une chaîne logistique avec un suivi informatique. Pas étonnant qu’à ce rythme, la logistique devienne le credo des ports maritimes.