Clésud: une santé de fer

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Dans un cercle d’une trentaine de kilomètres de diamètre, entre Fos-sur-Mer et Arles, se sont élevées en moins de dix ans, trois plates-formes logistiques de dimension internationale. Leur lancement s’est déroulé dans le désordre, voire la contradiction. Mais devant leur succès, l’opposition des différents opérateurs a fait place à un partenariat de bon aloi. Dans la course, il y a de la place pour tout le monde. D’après les estimations des experts, le boum entre Fos et Avignon ne devrait-il pas créer quelque 5 000 emplois nouveaux dans les années à venir? Dans ce département, l’activité de logistique est aujourd’hui reconnue comme une activité industrielle à part entière. A tel point que Clésud et Fos-Distriport sont depuis début 2005 associés à "une même dynamique de promotion". "Le potentiel de ces deux sites complémentaires place le secteur de la logistique au rang d’un réel pôle d’activités pour le territoire d’Ouest Provence", explique le président de l’établissement public d’aménagement et de développement Ouest Provence.

Commercialisation à 95 %

Comme pour Distriport, 2006 sera un sommet dans la montée en puissance de la zone logistique de Clésud. Avec la livraison de 51 000 m2 répartis sur trois bâtiments, la plate-forme terrestre entre Grans et Miramas parvient presque à ses limites. Seuls 8 hectares sont encore disponibles sur les 220 que compte la ZAC. Avec 500 000 m2 d’entrepôts bâtis à ce jour, la commercialisation est assurée à 95 %. Les installations n’ont cessé de se succéder depuis cinq ans. Dans quelques jours aura lieu l’inauguration des bâtiments Prololgis 5 & 6 (loués à Lorafret) sur la zone de Grans tandis que sera posée la première pierre du bâtiment 9 sur la zone de Miramas.

Visitant récemment la plate-forme, Michel Vauzelle, président de région en a célébré l’atout géographique: "Clesud, comme notre région, dispose d’atouts formidables, à commencer par sa situation géographique, à la sortie de la vallée du Rhône. Dans toute l’Europe, aucune région ne dispose d’une telle ouverture sur la mer." Paradoxe, l’enclavement représente aussi un souci pour cette région loin du centralisme hexagonal. Si la commercialisation des surfaces est allée à un bon rythme, il en est différemment pour les accès. Prévu de longue date (il est inscrit au plan 2000-2006 pour 20 ME), le branchement sur l’A56 (liaison Fos-Salon) est annoncé pour 2007. Quant au chantier de transport combiné fer-route, l’horizon vient à peine de s’éclaircir.

Un des plus importants chantiers ferrés

Alors que le fret ferroviaire fait du surplace sur le plan national, les travaux du site multi-technique de Clésud devraient commencer cette année, sous réserve du bouclage du plan de financement en cours de finalisation (22 M€ d’investissements financés à hauteur de 80 % par des fonds publics, projet inscrit au contrat de Plan État/Région). Ce terminal de transport combiné de conteneurs implanté sur un terrain mitoyen de la plate-forme permettrait une utilisation en commun des infrastructures ferroviaires (voie de raccordement et faisceau de 750 ml utilisé pour les manœuvres et l’assemblage des wagons). Un opérateur (Projenor) a été retenu en 2003 pour assurer la maîtrise d’ouvrage des installations du CMT, en partenariat avec la société Novatrans qui assurera l’exploitation du terminal et la desserte ferrée conventionnelle des entrepôts logistiques de la plate-forme. Les études de projet, dont le financement a été notifié en novembre 2005, sont désormais achevées et le plan de financement des travaux de réalisation devrait être validé très prochainement, ce qui permettrait une mise en service du terminal fin 2007-début 2008, avec un trafic attendu de 2 trains/jour (entrants et sortants) en première phase. Par ailleurs, sur la voie Miramas/Salon en limite de la plate-forme, RFF prévoit d’implanter un terminal "voies longues" permettant d’assembler des trains de grande longueur (1 200 ml), afin de répondre au problème de disponibilité des sillons dans la vallée du Rhône.

Le site de Clesud apparaît comme le seul capable d’accueillir ce projet dans le sud de la France.

St Martin de Crau, l’intermodale

En début d’année, le groupe Katoen Natie inaugurait 24 000 m2 d’entrepôts, portant à 54 000 m2 la superficie de la plate-forme dont il dispose sur le site de Saint-Martin-de-Crau, près d’Arles. La présence du logisticien belge s’est renforcée de manière fulgurante puisqu’il comptait il y a encore deux ans, moins de 10 salariés dans le département, contre 240 aujourd’hui. Cette implantation est à l’image de l’extraordinaire expansion du Parc de la Crau. Aujourd’hui, avec 256 000 m2 de bâtiments et une extension prévue de 160 000 m2 de terrain, la zone logistique a accueilli en cinq ans plus de 8 grandes enseignes de logistique dont Katoen Natie (pour le compte de Décathlon), Office Bureau, Castorama… Pour les deux prochaines années, la construction de 250 000 m2 de plates-formes logistiques et de locaux est prévue. Cinq entreprises sont déjà engagées sur ce programme qui générerait à lui seul, une estimation de 1 500 d’emplois créés s’ajoutant au 900 déjà générés lors de la première phase. L’écopôle de Saint-Martin-de-Crau connaît un succès du même ordre puisque 14 nouveaux hectares vont être aménagés sur la zone logistique. Les travaux de la troisième tranche qui devraient débuter en septembre, permettront de livrer 70 000 m2 divisés en cellules de 6 000 m2.

La parfaite intermodalité du Parc de la Crau, entre le port fluvial d’Arles et les bassins maritimes de Fos, l’embranchement fer et autoroutes, et surtout sa position stratégique sur l’arc latin reliant l’Espagne et l’Italie, assurent au site un avenir certain.

Des camions sur rail pour une autoroute ferroviaire entre Marseille et Turin-Milan?

Lors d’une récente visite de Christian Estrosi, ministre délégué à l’Aménagement du territoire sur le site de Clésud, on remarquait à ses côtés la présence de Philippe Mangeard, président de l’entreprise Modalohr. Cette entreprise a mis au point des wagons surbaissés et articulés permettant le transport de tous types de camions ou semi-remorques sur les voies ferrées classiques. Cet avantage cumulé à un mode d’exploitation en navettes permet d’offrir aux transporteurs routiers une solution pratique, souple, efficace et performante d’un point de vue économique. Il est ainsi possible de constituer des trains d’une longueur de 1 000 m.

Ce concept a été testé entre la France et l’Italie. "Nous pensons maintenant à une autoroute ferroviaire entre Marseille et Turin-Milan, elle-même rattachée à un sillon Perpignan- Bettembourg au Luxembourg" annonce Philippe Mangeard. "Davantage de poids lourds sur les rails, c’est pour bientôt!" Séduit par l’idée, le ministre, a aussitôt abondé pour que ce concept soit installé sur Clésud ou sur le port de Marseille-Fos.

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