En 2005, la DGA a aussi investi 1,4 Md€ dans la recherche et la technologie pour préparer l’avenir. C’est ce qu’a déclaré François Lureau, "grand subordonné" du ministre de la Défense pour la recherche, la réalisation des équipements des forces et la politique technique et industrielle. Au cours d’une conférence de presse à Paris le 25 avril, il a précisé que la DGA, premier investisseur de l’État en matière de dépenses publiques, gère les deux tiers du budget de la Défense, anime et coordonne les activités de recherche et technologie dans les différents ministères. L’année 2005 a été marquée par les livraisons du premier hélicoptère HAP (version appui-protection) en mars et du premier avion Rafale monoplace en juin, la mise à flot du second bâtiment de projection et de soutien (BPC) Tonnerre en juillet et le lancement du satellite de communications Syracuse 3A en octobre. En outre, les programmes en cours ont considérablement avancé: mise en service du satellite de renseignement Hélios 2 A et du système d’information pour le commandement des forces terrestres (SICF); notification du contrat des frégates européennes multimissions (FREMM); réception du radar de surveillance GRAVES. En 2005, la DGA a passé des commandes à Alcatel, DCN (2,41 Md€), Ingepar, Thales (3,03 Md€), CIM, EADS, Safran, Dassault, GIAT, TAP et de nombreuses PME/PMI (2,003 Md€). Ces dernières constituent "un axe fort, car c’est là qu’est l’innovation, a indiqué François Lureau, la vocation nouvelle de la DGA est la recherche de bonnes idées". Les petits projets d’un budget de 300 000 € et d’une durée de six mois se concluent aussi avec les laboratoires et les universités. La DGA a investi directement 45 M€ dans les PME/PMI (+ 50 % en un an), dont 8 M€ pour un drone sous-marin télécommandé. En 2005, elle a contribué pour la première fois à sept pôles régionaux de compétitivité, dont certains à vocation mondiale comme "Mer Bretagne" et "Mer PACA". Par ailleurs selon François Lureau, la France occupe la quatrième place mondiale en matière d’exportations d’armements derrière les États-Unis (50 % des parts de marché), la Russie et la Grande-Bretagne mais est talonnée par Israël. L’objectif de la DGA est d’obtenir 12-13 % du marché mondial estimé à 50 Md€.
GRANDS PROGRAMMES NAVALS EN COURS
Les grands programmes navals de la DGA ont été évoqués. L’un est purement national, à savoir "Barracuda" sur la prochaine génération de sous-marins nucléaires d’attaque. Trois sont en coopération: les frégates antiaériennes Horizon avec l’Italie, les FREMM, également avec l’Italie, et le futur deuxième porte-avions (PA2) avec la Grande-Bretagne.
"Barracuda" doit être réalisé par DCN et Technicatome. "J’attends la troisième offre des industriels, les deux premières étant trop chères, a déclaré François Lureau, l’objectif est de passer commande cette année." Cette offre, attendue incessamment, fera ensuite l’objet de négociations.
Quant au PA2, un accord d’association aux études britanniques sur deux porte-avions, dits CVF, a été signé le 6 mars entre les ministres français et britannique de la Défense. Une équipe française de haut niveau travaille à Bristol à la Defense Procurement Agency (DPA, équivalente britannique de la DGA) et dépouille 1 400 documents techniques pour déterminer si ce sera en fin de compte une coopération ou une séparation. Pour avoir accès aux études, la DGA s’est engagée à verser à la DPA £ 30 millions (43,5 M€) au départ puis £ 25 millions (36 M€) à la remise définitive du dossier en juin et enfin £ 45 millions (64,8 M€) début 2007 si la coopération se poursuit. La décision devrait intervenir à la fin de cette année. Sous réserves d’adaptations techniques, "la conception britannique permet de satisfaire la quasi-totalité des besoins français, a ajouté François Lureau, mais une mise au point est prévue au mois de mai".
CLUB EUROPÉEN POUR RÉDUIRE LES COÛTS
Ce même 25 avril, cinq chantiers militaires européens ont annoncé la constitution d’un club pour réduire les coûts en rationalisant leurs achats. Ceux-ci représentent en effet 60 % du coût d’un bâtiment. Il s’agit de coopérer avec les fournisseurs, d’établir des spécifications techniques communes et de coordonner les achats en vue de préparer les futurs standards de qualité européens. Ce nouveau club dénommé "Warship European Procurement" (WEP) réunit le français DCN, les britanniques BAE Systems et VT Shipbuilding Limited, l’italien Fincantieri et l’espagnol Navantia.