Lancé il y a trois ans, le programme NSRS a pour objectif la mise au point d’un système de récupération de l’équipage d’un sous-marin en difficulté. Concurrent (ou complémentaire) du seul système américain de ce type, il puise sa justification dans des tragédies sous-marines plus ou moins récentes. La sous-marinade française n’a évidemment pas oublié les drames survenus à bord des submersibles tels que la Minerve, l’Eurydice ou l’Emeraude. "Il y a 12 ans au moins que la Marine nationale a attaqué les recherches sur un système destiné à intervenir sur un sous-marin en difficulté, posé sur le fond", confessent Bernard Micaelli, chef du groupe système de sauvetage et de sécurité sous-marins à la DGA (Direction générale de l’armement) et le capitaine de frégate Marc Kling, chef des opérations de sauvetage des forces sous-marines. Plus récemment, les tragédies des sous-marins russes Koursk (en 2000) et Priz (en 2005) ont fait la une de l’actualité, renforçant l’idée de se doter de moyens adéquats d’intervention. Les sous-mariniers estiment en effet à 7 jours les capacités d’air indispensable à la survie de l’équipage. D’où la nécessité de réagir vite et bien.
D’un coût global de 210 M€, le programme NSRS est financé à parts égales par la Norvège, la Grande-Bretagne et la France. "Il se divise en deux concepts, reprend Bernard Micaelli, un système de première investigation et intervention et un système de sauvetage et de récupération proprement dit." Le premier est composé d’un robot télécommandé destiné à localiser avec une précision de moins d’un mètre le sous-marin en difficulté posé au fond, à effectuer les investigations nécessaires, à expertiser la coque, évaluer les dégâts matériels et humains ou encore déblayer et préparer le terrain. Il sera également capable de déposer des réserves d’oxygène, de médicaments, d’eau potable et de nourriture, tout en analysant l’éventuel taux de rayonnement radioactif et de fournir de précieuses indications sur l’état des membres d’équipage pour que les moyens ad hoc de récupération soient mis en place.
UN SAUVETAGE EN DEUX TEMPS
Ce n’est que dans un deuxième temps que le sous-marin de sauvetage (8,50 m de long pour un poids de 27 t) piloté par trois hommes viendra se positionner sur l’épave et s’attaquera à l’évacuation des survivants du sous-marin en difficulté, à raison de 15 marins par rotation. Si la firme Rolls-Royce travaille sur le sous-marin d’intervention proprement dit, c’est la société Perry (filiale anglaise de la société française Coflexib) qui a conçu le Rov, toute l’électronique étant par ailleurs issue du groupe norvégien Kongsberg.
"Pas de rivalités mal placées entre sous-mariniers, soulignent de concert Bernard Micaelli et Marc Kling, le NSRS se mettra immédiatement en action et servira à toute marine ayant un sous-marin coincé au fond."
Pour l’heure, testé grandeur nature en rade de Brest, à bord du supply Argonaute affrété par la Marine, le Rov a donné entière satisfaction. "Il peut intervenir jusqu’à 1 000 mètres de profondeur. Mais sa portée pratique ne dépassera pas 600 mètres, profondeur maximale atteinte par le petit sous-marin de sauvetage." Une profondeur qui correspond à plus de 80 % des accidents de sous-marins. À la fin des essais brestois, le Rov rejoindra l’Ecosse où il sera définitivement basé. Fin 2006, de nouveaux essais auront lieu avec le sous-marin de sauvetage et le tout sera pleinement opérationnel en septembre 2007. Il pourra alors intervenir partout dans le monde dans un délai de 72 heures. Il suffira alors de trouver un navire support capable d’offrir 400 m2 de surface de pont disponibles pour entreposer tout le matériel conteneurisé permettant la mise à l’eau et le guidage du Rov et du sous-marin de poche. Des capacités que peuvent offrir la plupart des supply-ships. "Intervenir vite, efficacement et pour n’importe quel pays" résume Marc Kling.