STE, la Société du Terminal de l’Escaut, est dans sa troisième année d’exploitation. Le trafic a largement dépassé le million de tonnes pour la seconde année consécutive, dont 745 000 t par voie maritime (− 18 %) et plus de 4 500 000 t par voie fluviale (+ 35 %), alors que les sidérurgistes s’étaient engagés pour 700 000 t au total. Cette société a été créée en septembre 2003, après la liquidation d’Acimar. Sur de nouvelles bases, Atic Services a pris 40 % de la nouvelle société et en a pris la responsabilité opérationnelle, nantie de son expérience du quai aux aciers de Fos-sur-Mer. Les 60 % restant sont détenus à parts égales par Cogema, filiale de Dewulf-Cailleret, et par Barra SNM, deux manutentionnaires d’expérience locale. "Je ne serais jamais venu sans alliance locale, la connaissance du terrain, en particulier en matière sociale est indispensable", confie Pierre Guérin directeur générale des activités portuaires d’Atic Services Pdg de la CFNR et de STE. Dans le montage, Arcelor est le pivot du système, représentant ses propres intérêts et ceux de GTS Industries Dillinger Hütte (producteur de tôles fortes), l’autre grand client. Le client est amodiataire du terminal auprès du Port autonome, et passe contrat de prestations de service avec le manutentionnaire.
L’effectif de l’exploitant, qui fut supérieur à 100 personnes à la mensualisation, est descendu à 50, dont 45 dockers mensualisés. La direction de terrain est confiée à Laurent Kling, officier de marine auparavant responsable du terminal forestier de Honfleur. Le client a accepté des prix relativement élevés pour préserver le cash-flow du prestataire en début de collaboration, moyennant un contrat de progrès pluriannuel. Le PAD s’est engagé sur des investissements importants en infrastructure. Le terre-plein a été remis en état, les voies ferrées sont reconstruites en mettant en place une boucle au nord du terminal qui facilite ou évite les manœuvres. Constatant la part prépondérante du cabotage européen et du fluvial dans l’activité, l’outillage est adapté. Un portique fluvio-maritime, permettant à l’opérateur de manœuvrer beaucoup moins haut au-dessus de la cale est en construction pour 4 M€; sa livraison est prévue cet été. L’opérateur investit dans les outils de préhension, de saisie. Les modes opératoires ont considérablement évolué, pour éviter les temps morts, utiliser au mieux le personnel disponible. Les nouveaux outils aimantés permettent ainsi de stocker les tôles fortes sans cales intermédiaires. Au final, ces modifications sont adaptées à une activité qui évolue.
Minoritaire, le trafic au long cours reste important, avec des exportations de tôles fortes vers l’Iran, et des importations de brames du Mexique. La première activité reste les sorties de bobines laminées à froid et revêtues, donc à haute valeur ajoutée et fragiles, pour les carrossiers automobiles de Grande-Bretagne et de la péninsule ibérique, soit près de 500 000 t pour une année très moyenne. Au total, les tôles fortes de GTS Industries ont représenté près de la moitié de l’activité en 2005. Pierre Guérin constate des progrès de productivité de 50 % sur certaines activités de tôles fortes. Le recours à la sous-traitance et à la force d’appoint a été limité.
Plaque tournante
Les clients adjugent de plus en plus au terminal un rôle de plaque tournante dans leurs activités commerciales et industrielles. En complément du fer, Arcelor charge ses brames et bobines à destination de la Wallonie en trafic inter-usines. Le terminal reçoit des bobines chaudes, qu’il laisse en attente sur un parc de refroidissement, et charge dans une optique de juste-à-temps. GTS Industries, dans le cadre de l’activité et du dispositif logistique de sa maison mère Dillinger Hütte, charge de plus en plus de tôles fortes pour l’Europe du Nord. Le terminal est aussi le lieu ou passent les trafics d’équilibrages entre les différents sites, qu’il s’agisse d’uisnes hors, ou dans le groupe.