Un choix à concrétiser

Article réservé aux abonnés

Le 16 décembre 2005, le conseil d’administration du Port autonome de Dunkerque s’est prononcé pour la reprise de la majorité des parts de l’exploitant du terminal à conteneurs Ouest NFTI-ou par APM Terminals, filiale d’exploitation portuaire du groupe danois AP Møller Mærsk. NFTIou (Nord France Terminal International opérateur unifié) est une SAS (société par actions simplifiées), co-entreprise détenue à 70 % par le PAD et à 30 % par le belge Inter Ferry Boats (IFB), filiale de la SNCB, qui en avait été l’opérateur pendant près de cinq ans.

La décision avait été prise difficilement, en dépit de la préférence de l’État pour un choix franco-français, en l’occurrence celui de CMA CGM. Un choix qui avait quelque raison d’être, puisque l’armement est aujourd’hui toujours le premier client du terminal, grâce aux 500 à 600 EVP de bananes importées chaque semaine des Antilles françaises et du Surinam.

Bon gré mal gré, à la demande pressante de ses clients antillais, CMA CGM avait en 1997 consolidé son escale dunkerquoise très menacée, et ainsi sauvé le terminal exsangue. Mais le Port autonome fait valoir que le dynamisme se trouve plutôt du côté du groupe danois. CMA CGM pèse en gros 50 % de l’activité, mais vient plutôt de 65 %. Depuis peu, Mærsk a doublé sa part de 15 % à 30 %, dans une activité qui a crû d’un tiers en trois ans. Dans les deux cas, le PAD a fait le choix d’un opérateur de terminal qui est en même temps armateur. Cela s’explique par le déficit de force commerciale sur place, déficit qui ne peut être corrigé que par la volonté des grands groupes de s’investir massivement à Dunkerque.

Freinage

Cependant, si de l’avis de Jean-Claude Terrier, directeur général du PAD, le dossier "avance à grand pas", l’horizon semble encore loin. Quels sont les freins à l’aboutissement de l’affaire? Premièrement, nul n’y voit d’urgence. Le terminal a redressé sa situation financière et a accru son chiffre d’affaires de 35 % en trois ans. Tout en diminuant significativement les charges, il a entre autre investi dans un système d’information et une flotte de stackers. Le personnel est bien formé, le renouvellement s’effectue au rythme que permet le trafic, l’organisation est satisfaisante, sachant, comme le dit Philippe Revel, directeur de NFTI-ou, "qu’il n’y a rien de trop". En utilisant la sous-traitance portuaire et des dockers intermittents, le terminal peut faire face à une hausse de trafic et améliorer encore ses résultats financiers. Pour les actionnaires, il est donc possible de patienter.

Les candidats à la reprise, eux, ont à gérer des dossiers plus urgents. À Zeebrugge, APM Terminals a ainsi pris en charge l’exploitation du quai Albert II en cours d’aménagement. CMA CGM, lui, a pris une participation minoritaire dans le terminal OCHZ, détenu par PSA HesseNatie, après le désengagement d’IFB. Les deux groupes vont ainsi contribuer à augmenter l’activité du port de Zeebrugge. En partie avec des clients de l’hinterland dunkerquois, ce qui peut laisser perplexe sur leurs intentions futures.

Enfin troisième raison, il faut mettre tout le monde d’accord. Le Port autonome ne souhaite conserver que 10 % du capital environ. IFB veut sortir, mais en retirer une certaine compensation financière pour avoir renflouer sa filiale avant de devenir minoritaire. APM Terminals veut, comme partout, être maître chez lui et faire de Dunkerque sa base pour devenir le maître incontesté de l’hinterland, et donner la priorité à ses navires. CMA CGM, qui a exactement les mêmes objectifs, a fort peu apprécié l’intrusion du service Asie AE7 de Mærsk Line sur ses terres. L’armement français avait proposé un accord 1/3, 1/3, 1/3 avec le PAD et APM Terminals. Refus des deux autres partenaires, le danois devant être majoritaire. Depuis, les négociations avancent, donc, à grands pas.

NFTIou en bref

La structure du groupe a été modifiée. NFTIou, SAS détenue à 70 % par le PAD et à 30 % par IFB détient elle-même 100 % de AGEP, qui exerce les fonctions administratives. NFTIou a réalisé en 2005 un chiffre d’affaires de 23 M€, avec 130 salariés permanents, en progression de 15 %. Le résultat courant est mieux qu’équilibré. Les activités de manutention navires ont généré un chiffre d’affaires en hausse de 10 %, l’empotage-dépotage de 43 % et l’activité ferroviaire a progressé de 128 %, alors que le nombre de mouvements n’a progressé que de 2 à 3 %.

CMA CGM, y compris Delmas, et Mærsk Line représentent ensemble 80 % de l’activité. Le solde est réparti (y compris sur les mêmes navires) entre Hapag Lloyd (CP Ships), Marfret, le service feeder maritime Delphis, et le service feeder fluvial NCS. L’activité est en hausse de 7 % sur les deux premiers mois de l’année. A signaler encore quelques escales spots qui montrent que la compétence du terminal est connue du monde maritime, comme une escale récente en mars d’un navire CSAV du service côte Atlantique de l’Amérique latine.

Le terminal dispose d’un kilomètre de quais environ, de deux portiques over-panamax, d’un portique surper-overpanamax Noell et d’un ancien portique réhabilité, dédié au feedering, au con-ro de Delmas et au fluvial.

Les principales activités

Chaque début de semaine, le service Antilles conjoint de CMA CGM, Mærsk Line et Marfret, débarque des bananes et rembarque le fret export pour la Martinique et la Guadeloupe, soit des escales de plus de 1 000 EVP. Le lendemain, le terminal reçoit une semaine sur deux le nouveau service pendulaire Pacifique sud via Panama, qui regroupe CMA CGM, Marfret, et CP Ships. Tous les 11 jours environ, le service conteneurs-roro de Delmas sur la COA y fait escale. Le jeudi, le terminal accueille simultanément le service Chine-Europe AE7 de Mærsk Line, qui touche la Chine de Shanghai à Shenzen, et le service WAF 6 loop1 Afrique de l’Ouest/Europe de la même compagnie, avec possibilités de transbordement. Le vendredi, le service Alliance Maroc Nord Europe de Comanav, CMA CGM, IMTC, Vacs est quasi ponctuel au quai de Lorraine ou de Flandre.

Delphis Channel Connexion (DCC), jeune armement belge spécialisé dans le feedering, a repris début octobre le fonds de commerce maritime de NCS. Delphis touche Rotterdam le lundi, Dunkerque le mardi, puis Le Havre le mercredi, Felixstowe le jeudi, Le Havre le vendredi et Dunkerque le samedi, puis retour à Rotterdam.

Aménagements

L’entrée au terminal à conteneurs et au terminal à pondéreux Ouest est en cours de réaménagement. Elle est déplacée vers le sud pour laisser place au développement du terminal et de la logistique, et permettre à une nouvelle zone de bureau d’être implantée un peu à l’écart des quais, mais hors zone de contrôle ISPS. L’ensemble devrait être opérationnel avant la fin de l’année, la voirie dans les toutes prochaines semaines.

Dossier

Archives

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15