Quelle meilleure preuve de la réussite d’un service que le renouvellement de sa flotte? Le Mærsk-Dunkerque a débuté son service en novembre dernier, le Maersk-Delft début mars et le Mærsk-Douvres entrera en flotte courant juillet. Lancé il y a sept ans avec un seul navire, le service a effectué 6 539 traversées en 2005, transbordé 380 000 unités de fret, 410 000 passagers et 165 000 voitures. Le service a conquis plus de 10 % de parts de marché sur le détroit jusqu’à présent. Il passera de 10 à 12 traversées dès l’entrée en service du troisième navire.
Ces trois navires remplacent les navires de la classe Merchant qui avec leur capacité de 120 remorque et 21 à 25 nœuds de vitesse de service, ne pouvaient emporter qu’une centaine de voitures. Les nouveaux navires construits par Samsung Heavy Industries en Corée ne chargent pas davantage de fret. Mais ils permettent à Norfolkline d’entrer sur le marché du tourisme avec une capacité de 780 passagers. Confortables et accueillants, ces trois nouvelles unités proposent deux ponts passagers, l’un réservé aux chauffeurs et l’autre aux touristes, qui trouvent là un confort comparable à la celui de la concurrence sur la route courte. Leur vitesse de 25 nœuds leur permet d’assurer une traversée en 1 h 50. Le terminal garantit des opérations rapides. C’est là la première réponse que donne Kell Robdrup, directeur général des ferries de Norfolkline, lorsqu’on lui demande comment ce service peut économiquement soutenir la concurrence avec une route plus courte. La seconde réponse tient dans la situation géographique de Dunkerque. En effet, Norfolkline est une compagnie nord européenne, active à l’origine en fret non-accompagné sur la liaison Scheveningen/Felixstowe. La plus grande part de la clientèle concerne des liaisons avec le nord et l’est européen. Cette clientèle, à qui Norfolkline propose une solution de bout en bout, évite ainsi la partie la plus chargée de l’autoroute A16. La troisième réponse est l’attention que lui a porté l’autorité portuaire dunkerquoise, et les prestataires de service, en termes d’évolution d’infrastructure en temps et en heure, de fiabilité sans faille, et de coût de passage.
Voitures neuves: tests et dépannage
La CAT va probablement retrouver prochainement le chemin de Dunkerque pour des opérations ponctuelles de chargement de voitures Renault. Dépannage en cas de grève SNCF, en cas de surcharge à l’exportation, les motifs varient, mais reviennent. Colette Lux, responsable achats grand export maritime de la CAT, ne tarit pas d’éloge sur la qualité de service reçue dans le port nordiste… mais la CAT ne va pas plus loin dans son flirt avec Dunkerque et charge à Zeebrugge et au Havre. Gefco teste aussi le port nordiste depuis plusieurs mois pour des embarquements de Peugeot, en concurrence avec Zeebrugge. À ce jour, le test s’intensifie, mais reste un test. Dunkerque a dans ses cartons un projet d’investissement dans un terminal pour automobiles neuves. Comme le projet Dunkerque/Santander, il utiliserait le poste ro-ro 4, disponible depuis juillet 2004.
Projet Santander
Associé à l’espagnol Suardiaz, Norfolkline tente depuis maintenant plus de deux ans de monter une liaison roulière polyvalente en fret non accompagné entre la côte nord espagnole et Dunkerque. Le projet bénéficie d’une aide de Bruxelles sur trois ans de 4 M€ au titre du programme Marco-Polo. On imagine pour cette liaison un mélange de fret automobile, produits frais et général cargo. Le montage s’est d’abord heurté au refus des routiers espagnols de s’engager, même si leur intérêt croît de plus en plus pour le combiné mer-route. La mise en pratique butte, dit-on aujourd’hui, sur l’indisponibilité de grands rouliers adéquats, capable d’embarquer 200 remorques filant à 23 nœuds. Mais le risque est tel pour l’armateur, la rentabilité si difficile à atteindre, que Norfolkline ne semble pas prêt aujourd’hui à investir, sans avoir au moins testé la validité du concept en vraie grandeur.