Fin 2001, Arcelor annonçait la fermeture de ses usines d’Allemagne, de Wallonie et de Lorraine, pour concentrer sa production de fonte européenne sur quatre sites: à Gand (Belgique), Dunkerque, Fos-sur-Mer et Aviles (Espagne). Ce plan doit être achevé en 2010. À cette date, Dunkerque produira 6,8 Mt d’acier liquide contre de 5,3 Mt au début de la décennie. L’usine du littoral livrera les laminoirs de Dunkerque, Charleroi, Liège, et Florange, et parfois même les laminoirs espagnols. Cela signifie des réceptions de minerais, de charbons de l’ordre de 14 Mt, des réceptions de minéraux par fer supérieures à 1 Mt et des expéditions de demi-produits par fer et voie d’eau à ses clients internes de près de 3 Mt.
Les investissements sont en cours. Trois hauts fourneaux (HF) produisent actuellement 20 000 t/jour. Le HF4 (10 000 t/jour) a bénéficié d’une grande réfection en 2001, qui a permis d’accroître sa capacité de 10 %, les HF3 et HF 2 (5 000 t/jour chacun) seront refaits cet été pour le premier, et trois ans plus tard pour le second. En marge de cette réfection, Associé aux cimentiers Holcim et Calcia qui investissent dans des unités de granulation de laitier accolées aux hauts-fourneaux, Arcelor veille à une meilleure valorisation de ses laitiers, qui entrent dans la composition de ciments. L’utilisation de ces produits permet aux cimentiers d’épargner les tonnes de CO2 rejetées par leurs fours à clinkers. Cette orientation diminuera fortement les expéditions de laitier cristallisé, mais va créer des flux de laitier granulé, y compris en cabotage entre ports français. L’aciérie bénéficie elle du plan "aciérie du futur", avec une augmentation générale des capacités. Ce mouvement garantit sur le plan industriel une pérennité au moins jusqu’à 2020. Restent deux hypothèques sur l’avenir: d’abord le coût comparé de la filière amont européenne face à une production de fonte plus proche des lieux d’extraction de minerai. On pense en particulier au Brésil, où le groupe investit lourdement actuellement. Ensuite l’avenir du premier client de la sidérurgie, l’automobile, dans le nord-ouest européen.
Dans cette affaire, le port de Dunkerque perd 2,5 à 2,8 Mt de livraisons vers la Lorraine, mais devrait gagner environ l’équivalent pour les installations de Dunkerque. Les portiques du quai minéralier sont vétustes. Arcelor en fait construire un par Shanghai Zenhua Port Machinery, dont la livraison est prévue cet été. Les bandes transporteurs sont prévues en conséquence. L’investissement atteint 20 M€. Les autres portiques seront-ils remplacés? Aucune certitude à ce sujet. Le sidérurgiste cherche à réduire ses coûts en recevant de plus grands navires au port Ouest reste à vérifier que le coût de brouettage, vraisemblablement ferroviaire de l’ouest à l’est ne serait pas bénéficiaire. Connex, alias Veolia Transport, a discrètement marqué son intérêt.
Alcan Aluminium Dunkerque: une production en hausse
Si Alcan a repris Péchiney, c’est notamment pour acquérir sa dernière technologie de production d’aluminium primaire par électrolyse mise en œuvre dans son usine de Dunkerque, inaugurée voici près de 14 ans par Jean Gandois. L’usine avait été construite pour produire 220 000 t/an, avec l’idée de construire une seconde ligne identique. Depuis la production sur cette seule ligne a progressé jusqu’à dépasser 270 000 t en 2005, et devrait atteindre 300 000 t en 2007 grâce à divers investissements et à une élévation de la tension. Grâce à un contrat de long terme avec EDF, Alcan sait à quoi s’en tenir sur son coût d’énergie: trop élevé pour construire une seconde ligne, mais suffisamment raisonnable pour dynamiser la ligne existante, à condition de diriger au maximum les livraisons vers des usages à haute valeur ajoutée tels l’automobile ou l’aéronautique. Malgré la progression de la production, les réceptions d’alumine ont chuté de 7 % à 470 000 t en 2005, pour des raisons de marché et variations de stocks. Un peu moins de 100 000 t de cokes de pétroles ont été déchargés.