États-Unis: après les ports, la Marine?

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Si, compte tenu de la grande amitié qui lie les Émirats arabes unis en général, et celui de Dubaï en particulier, aux États-Unis, la polémique concernant les six terminaux américains semble trouver une solution acceptable par tous, plusieurs grands médias américains ont "découvert" qu’en juin 2005 l’US Navy avait signé avec Inchcape Shipping Services (ISS; 1) un contrat de consignation de ses bâtiments faisant escale dans certains ports du golfe Persique ainsi qu’en Afrique de l’Est, voire, selon les journaux, en Asie du Sud-Ouest. D’une durée de cinq ans, ce contrat représente un montant de US $ 50 millions. Pas de chance, en janvier dernier, ISS était racheté par Istithmar, société d’investissements de l’Émirat de Dubaï (JMM du 13-1-2006, p. 12). Du coup, la polémique est repartie de plus belle d’autant que selon le site internet du Time, le nouveau p.-d.g. d’ISS est le Sultan Ahmed Bin Sulayem, également patron de DP World. ISS est également actif dans douze ports américains dont Houston, Miami et la Nouvelle-Orléans. Il y représente par ex. les intérêts de Stolt Nielson, transporteur de produits… chimiques, donc… potentiellement dangereux.

En attendant que l’amitié "américano-dubaïenne" trouve une solution à ce nouveau problème, les parlementaires américains déposent des projets de loi à tour de bras: sur les investissements étrangers aux États-Unis; sur la notification au Congrès de certaines acquisitions; sur la qualité du propriétaire d’infrastructures considérées comme "sensibles"; sur la création d’une Commission nationale des infrastructures; sur une modification du mode de fonctionnement du Comité sur les investissements étrangers aux États-Unis; sur l’interdiction de débarquer aux États-Unis des conteneurs qui n’auraient pas été "scannés" et scellés avant d’être chargés (2); etc.

"Ce qui équivaudrait à fermer tous les ports" estimait Michael Chertoff, secrétaire d’État à la Sécurité intérieure dans une interview accordée au Financial Times du 13. Lesquels? Les ports des États-Unis ou ceux de leurs fournisseurs?

Concernant le dossier DP World, M. Chertoff estimait que des contrôles excessifs pourraient "détruire notre pays. Nous ne voulons pas un système de société étouffant, que ce soit à propos des libertés civiques ou de notre économie".

Y aurait-il encore des raisons d’espérer?

1) Britannique durant des années, ISS bénéfice également d’un contrat comparable avec la British Navy. Et pour la Marine nationale?

2) Une nouvelle fois, les États-Unis tentent, souvent avec succès, de partager avec leurs "courageux" partenaires commerciaux, le coût de leur sûreté.

Avant les attentats du 11 septembre, les appareils à scanner les conteneurs étaient, en Europe, utilisés essentiellement à l’import, pour protéger les populations "indigènes" contre l’importation de marchandises prohibées. Depuis la CIS, ces scanners fonctionnent principalement à "l’envers", à l’export, perdant ainsi une grande partie de leur justification nationale.

P & O: vers la vente des intérêts aux Etat-Unis

DP World (Emirat de Dubaï) semble avoir cessé le combat pour garder le contrôle des intérêts du groupe P & O aux États-Unis.

Il a racheté P & O le 16 mars (JMM 10-3-2006, p. 10). Il a promis de vendre, à des intérêts américains, les terminaux de P & O aux Etats-Unis, à condition de pouvoir prendre son temps et de ne pas y perdre de l’argent. Cette décision a été imposée par les autorités politiques de Dubaï. Edward Bikley, responsable des activités américaines de DP World, a en effet déclaré dans un communiqué que Sheikh Mohammed Bin Rashid Al Makhtoum, Vice-Président et Premier ministre des Emirats arabes unis et également émir de Dubaï, en a décidé ainsi afin de préserver les solides relations existant entre les Emirats et les États-Unis. Deux possibilités s’offrent à DP World pour la cession complète des terminaux dans les ports américains:

• à des acheteurs comme Stevedoring Services of America ou même PSA International Singapore;

• à une entreprise américaine de manutention plus petite.

Selon certaines rumeurs, une vente à des investisseurs privés est aussi possible.

La mention de PSA semble plutôt étrange, vu que la principale objection à la reprise des terminaux par DP World était qu’ils ne tombent pas dans des mains étrangères. Pour certains observateurs, la cession des terminaux à des intérêts privés serait difficile en raison du prix auquel DP World les a acquis.

Plusieurs entreprises américaines s’intéressent à ces terminaux. Toutefois, il semble peu probable que l’une d’entre elles souhaite les racheter en totalité. Une vente à l’unité semble plus plausible. D’autre part, l’incident de DP World pourrait avoir un impact sérieux sur les investissements étrangers aux États-Unis. Les prochaines négociations sur un accord commercial entre les Emirats et les États-Unis ont déjà été repoussées à un date ultérieure au motif que chaque partie aurait besoin de “davantage de temps pour les préparer”.

Maurice Tate

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