Saint-Nazaire a été créé de toutes pièces au xixe siècle pour la marine marchande et la construction navale.
C’est ce qui ressort de cet ouvrage réalisé par un journaliste et un photographe. L’histoire commence en 1812, lorsque l’administration des Ponts et Chaussées étudie un projet de bassin à flot, là où il n’y a qu’un petit village. A l’époque, l’estuaire de la Loire s’ensable et gêne les armateurs de Nantes. Une digue est construite dix ans plus tard et une ligne régulière entre en service entre Nantes et Saint-Nazaire. Le bassin à flot voit enfin le jour en 1839. Puis, Napoléon III favorise l’essor de la marine marchande. Saint-Nazaire devient officiellement le port d’attache des liaisons régulières avec les Antilles et l’Amérique Centrale. Le mot "paquebot" dérive du service postal "packet-boat". Les financiers Émile et Isaac Pereire constituent la Compagnie Générale Transatlantique et font construire un chantier naval sur la presqu’île de Penhoët, avec l’aide du chantier écossais Greenock sur la Clyde… à qui ils avaient commandé leurs deux premiers navires!
À la fin du XIXe siècle, Nantes/Saint-Nazaire devient la deuxième place portuaire française derrière Marseille mais devant Le Havre et Bordeaux.
De son côté, la construction navale connaît une expansion extraordinaire. Dans les années 1920, Saint-Nazaire en est l’un des grands sites mondiaux. Deux entreprises, qui fusionneront beaucoup plus tard en "Chantiers de l’Atlantique", se spécialisent: les Chantiers de la Loire pour les bâtiments militaires et les Chantiers de Penhoët pour les navires de commerce. C’est de Saint-Nazaire que sortent les paquebots Normandie (1935), France (1960), Sovereign-of-the-Seas (1987) et Queen-Mary-2 (2003). L’aéronautique est aussi présente. Saint-Nazaire, qui fabriquait des hydravions entre les deux guerres, abrite aujourd’hui le deuxième site d’Airbus France. Le navire spécialisé Ville-de-Bordeaux y assure le transfert des éléments du gros porteur Airbus A-380 jusqu’à Bordeaux.
Mais sa position stratégique a coûté cher à Saint-Nazaire. Pendant la seconde guerre mondiale, la Kriegsmarine y édifie une base sous-marine, que les bombardements aériens des Alliés ne parviendront pas à détruire mais laisseront la ville en ruines. Aujourd’hui, cette base a été transformée en un centre international des paquebots: "Escal’Atlantic".
Saint-Nazaire
Philippe Dossal et Éric Milteau
Éditions Ouest-France
144 pages/30 €
ISBN: 2.7373.3513.2