Après les comités d’entreprise des 4 et 9 janvier, la présentation du rapport d’expertise comptable par le cabinet Secafi-Alpha, la visite à Turku, le comité d’entreprise des Chantiers de l’Atlantique s’est réuni jeudi 23 février pour recueillir l’avis des représentants des 2 800 salariés sur leur rachat par Aker Yards (1). Six élus se sont prononcés pour (4 CFDT et 2 pour l’Entente CGC/FO/CFTC, et 4 contre (CGT). "Malgré des zones d’ombre et fort des conclusions de l’expert du CE le projet de rachat par Aker apparaît néanmoins comme une des meilleures solutions", estime la CFDT. Il n’empêche que pour ce syndicat, majoritaire au CE, des interrogations demeurent "en matière d’organisation des re-positionnements de salariés; sur le réel fonctionnement d’Aker; sur les business plans des Chantiers de l’Atlantique et d’ALN (Lorient) dans la nouvelle entité, tout comme l’actuel business plan d’Aker qui s’avèrent inconnus".
La CGT juge que "ce projet ressemble davantage à un bradage pur et simple, un abandon de ce qui reste de la construction navale en France: 50 M€ pour 2 entités dont la valeur immobilière peut être estimée à 100 M€. 350 M€ versés dans la corbeille par Alstom qui pourrait en récupérer 125 à l’horizon 2010 si Aker juge la situation bonne". La CGT s’interroge également sur l’avenir des doublons (services commerciaux, achats, bureaux d’études…), l’avenir du site de Lorient, de la sous-traitance, des niveaux d’activité, du projet industriel avant la vente.
La CFE-CGC se prononce favorablement, même si "le rapport de l’expert des élus ne dissipe évidemment pas toutes les incertitudes, mais pose tout de même certaines bases". Elle s’inquiète des conséquences sociales liées aux possibilités de doublons, ou d’allégement de structure.
1) Annoncé le 4 janvier dernier, l’accord entre Aker yards et les Chantiers de l’Atlantique se traduira par l’achat de 75 % du capital d’Alstom Marine (Chantiers de l’Atlantique + ALN à Lorient) pour 50 M€. En 2010, le restant pourra être vendu pour 125 M€. Alstom apportera 300 M€ dans la nouvelle société franco-norvégienne qui devrait voir le jour d’ici à la fin mars après l’accord de Bruxelles.
Les conclusions de l’expert des CE des Chantiers de l’Atlantique et d’ALN
Les perspectives de Saint-Nazaire (Chantiers de l’Atlantique) et Lorient (ALN) étaient limités depuis 2003, année où Alstom avait rendu publique son intention de se séparer d’Alstom Marine. À l’opposé, Aker a besoin d’”accroître ses capacités de production, mais aussi d’études”, constate l’expert comptable dans son rapport commandé par les CE d’Alstom Marine.
Mais, comme dans tout rapprochement, l’opération comporte des risques estime l’expert: le groupe Aker “toujours en construction”, doit intégrer une société de grande taille, plus tournée vers la sous-traitance clés en main, avec des structures d’encadrement et support plus légères dans “un contexte où la pression sur les résultats ne sera pas absente.” Sans parler d’un risque de “retournement du marché.”
Toutefois, “le groupe est jeune, beaucoup reste à construire, et dans ce contexte, Saint-Nazaire doit pouvoir faire valoir ses points de vue et atouts”. Pour ALN, “sa reprise constitue à nos yeux une vraie opportunité à la fois pour Aker et Lorient”, analyse l’expert.
Pour conclure l’expert juge que ce rachat est “une belle opportunité pour Aker. Une bouffée d’oxygène pour Saint-Nazaire. mais des risques qui demeurent à moyen terme”.