La surprenante et virulente opposition des élus américains, tant républicains que démocrates au rachat de P & O par Dubaï Ports World devrait se calmer. La Maison blanche a accepté la proposition de DP World et de la filiale américaine de P & O de laisser 45 jours supplémentaires à la Commission sur les investissements étrangers aux États-Unis (CFIUS) pour mener enfin une étude approfondie des possibles conséquences sur la sûreté des personnes et des biens de ce rachat. La promptitude de cette commission à ne faire aucune objection au rachat avait "indigné" les élus américains (JMM du 17-2-2005, p. 15).
DP World a également indiqué que le rachat de P & O devrait être effectif le 2 mars mais sans assumer, cependant, la gestion effective des six terminaux américains.
Le 28 février, le président Bush réaffirmait que l’arrivée de DP World dans certains ports américains ne présentait pas une menace pour la sécurité du pays. "Ma position n’a pas changé depuis le message adressé au Congrès. Si moi ou quelqu’un de mon administration avait le moindre doute quant à la sécurité de nos ports ou la mise en danger des Américains, alors cet accord ne pourrait pas aboutir". Après l’examen de la CFIUS, la décision finale sera prise par le président Bush.
Le 27 février, la puissante garde côtière américaine a été obligée de remettre certaines citations de ses propos dans leur contexte. Elle rappela donc que son analyse sur l’OPA menée par le gouvernement de Dubaï concluait que "l’acquisition de DP World ne constituait pas une menace significative sur les intérêts portuaires américains". "En conséquence et sous réserve d’autres analyses, la garde côtière et tout le panel de la CFIUS considéraient que cette transaction, compte tenu des fortes assurances données par DP World en matière de sûreté, ne compromettait pas la sûreté des États-Unis".
La polémique a été en partie alimentée par les remarques de fonctionnaires ayant requis l’anonymat, concernant les capacités d’expertise de l’agence qui avait analysé le rachat par DP World.
Fondée en octobre dernier, l’Intelligence Community Acquisition Center (CARC) n’a pas grand chose à faire avec les activités de contre-terrorisme. Son objet est d’estimer les risques que représentent les sociétés commerciales travaillant dans le milieu du renseignement. Son directeur a été nommé en janvier soit plus d’un mois après avoir été saisi du dossier P & O/DP World.
Dans une interview accordée à Reuters, le 1er mars, le ministre de l’Économie de l’Union des Émirats arabes notait que si les hommes politiques américains continuaient à empêcher les accords commerciaux, les riches investisseurs arabes ou non, pourraient trouver en Asie ou en Europe, un meilleur accueil.
Et si on leur proposait Fret SNCF ou une participation dans la SNCM?