Les réserves terrestres de sable (1) diminuent. Les problèmes liés aux nuisances se multiplient. Si l’on prend l’exemple de l’extraction de sable en Loire, face à la nécessité d’assurer un environnement durable, les décideurs ont recherché un nouvel équilibre pour l’estuaire. En 1994, les pouvoirs publics ont finalement interdit son extraction. Aussi, cette activité s’est orientée vers l’océan. Les sabliers ont dû se reconvertir. Un nouveau métier est né: sablier marin, regroupant l’extraction du sable, son transport maritime et sa commercialisation.
Depuis 1998, six navires-dragues, appartenant à six armateurs (2), exploitent la concession minière du Pilier, 8,2 km2, et dans une moindre mesure, celle du Charpentier, au large de Saint-Nazaire. La flotte a presque été entièrement renouvelée depuis quatre ans. Un peu moins de 80 marins français naviguent sur ces navires sabliers.
Pour une durée de 20 ans, ce groupement de six sociétés a le droit d’exploiter 2,4 Mt de sable par an. Quota, fixé par le Code minier, qu’il atteint depuis 2004. Pour Joël Nogues, secrétaire général des sablières de l’Atlantique, "la réserve sablière de l’estuaire est colossale. La couche fait plusieurs dizaines de mètres. Ce que nous exploitons fait tout au plus de 3 ou 4 m". Il précise que "ce sable ne provient pas de la Loire. Les travaux de courantomètre devraient permettre de voir comment les réserves se constituent, et montrer que nous ne participons pas à l’érosion de la côte".
OUEST OCÉAN POUR SE FAIRE CONNAÎTRE
Pour mieux faire connaître leur métier, les six entreprises ont créé l’association Ouest Océan pour promouvoir le sable marin . Elle devrait permettre aux sabliers marins de s‘exprimer pleinement afin d’assurer une meilleure représentativité dans les instances administratives ainsi que dans les organismes professionnels. Prônant le dialogue avec les différents acteurs du milieu marin, elle se veut rassurante vis-à-vis des marins pêcheurs qui redoutent des conséquences négatives liées à l’extraction de sable sur les ressources halieutiques. En outre, souligne Joël Nogues, "un véritable suivi des écosystèmes a été mis en place sur la concession du Pilier, dès l’autorisation de l’exploitation". Il ne faut pas oublier que l’extraction du sable marin intervient dans un milieu naturel et réclame donc des précautions toutes particulières. Ces analyses ont débouché sur un document, l’État de référence bio sédimentaire. Il permet de décrire un état initial de la nature des fonds et de la dynamique sédimentaire, et de constituer une base de référence. Ainsi, l’impact de ce métier sur les fonds marins fait l’objet non seulement d’un bilan annuel, mais aussi d’un bilan quinquennal.
Toujours dans l’optique de communiquer sur cette profession, l’association Ouest Océan propose un document, les indispensables, de vulgarisation du métier d’armateur sablier, sous forme de fiches thématiques.
1) Après l’eau, le sable fait partie des matières premières les plus consommées en France. Il est présent partout. En préparation des bétons et produits béton, on le retrouve aussi dans l’aménagement environnemental et dans la culture maraîchère. Que seraient la mâche nantaise, le radis, le poireau, la carotte, ou le muguet nantais sans le sable, indispensable à la qualité de ces produits.
2) Le groupement qui extrait le sable de mer au Pilier et au Charpentier compte six membres: SA DTM, Les sablières de l’Atlantique, CETRA (Compagnie européenne de transports de l’Atlantique), STFMO (Société des transports fluvio maritimes de l’Ouest), SA. RE. LO (Sabliers réunis de la Loire), SA Les Sabliers de l’Odet. Le sable, 2,3 millions de m3 par an, est essentiellement débarqué sur le port de Nantes/Saint-Nazaire et à Quimper (200 000 t en 2004).
Le sable marin est-il salé?
Oui, lorsqu’il est pris sur une plage. Car à basse mer, l’eau s’évapore, le sel se fixe sur le sable par cristallisation, sous l’effet du soleil et du vent.
Non, quand il est extrait au fond de la mer. Car, dans ce cas précis, il y a du sable et de l’eau. Le grain de sable étant un caillou, et un caillou n’étant pas une éponge, il ne peut pas être salé.