L’audacieux fondateur danois de SpeedFerries Curt Stavis a réussi son pari. Son unique catamaran rapide, le SpeedOne, a transporté 295 000 véhicules et 710 000 passagers en 2005, première année pleine de fonctionnement de la ligne Boulogne/Douvres ressuscitée à grande vitesse et petit prix.
SpeedFerries a débuté le 19 mai 2004 avec un minimum de moyens. Sans bureau autre part que dans sa mallette de voyage, sa voiture, son navire et sa maison au Danemark où il revenait peu souvent, avec un minimum de personnel motivé, Curt Stavis a su lancer, avec grande difficulté, reconnaît-il, un concept qui a forcé ses concurrents à le suivre, calqué sur le low cost aérien. Le principe est simple: vente sur internet, sans frais de réseau de distribution, et le plus tôt réservé, le moins cher. Une clientèle a été ainsi fidélisée. Mais si SpeedFerries a su relancer la ligne à Boulogne, il a fait du dégât ailleurs. Ainsi, à Calais, son concurrent direct Hoverspeed, avec une structure de coût trop élevée, n’a pu résister.
En 2005, SpeedFerries a obtenu du Telegraph le trophée du meilleur opérateur sur la traversée transmanche. Curt Stavis en a profité pour lâcher un message désormais quasi pré-enregistré: "Nous ne sommes guère appréciés de la profession, mais tout à fait reconnus de nos clients." Le marché sera-t-il jugé suffisant pour rechercher un SpeedTwo? Réponse sous peu, la difficulté étant de trouver un navire. Les unités délaissées par Hoverspeed sont inadaptées, de trop forte consommation pour une capacité insuffisante. La CCI de Boulogne-sur-Mer Côte d'Opale a investi sans état d’âme 1,2 M€ dans le poste 13 actuellement utilisé. "Le poste 16 est prêt à reprendre du service quand il le faudra", indique Alain Rousseau, directeur du développement portuaire de la CCI. Une campagne de dragage du chenal est programmée dans la seconde quinzaine de février.
Et l’avenir?
Pour le moment, aucun indice ne laisse penser qu’un service ferry fret accompagné, encore moins mixte, pourrait être relancé sous peu de Boulogne à Douvres. Par contre, la CCI tient à profiter des premiers m2 récupérés auprès de la friche Comilog dès ce mois d’avril pour aménager une zone ro-ro à double vocation. La première sera d’accueillir le service de bateau à grande vitesse (BGV) qu’un mystérieux armateur – peut-être sera-t-il connu au moment où paraîtront ces lignes – veut lancer entre Drammen (Norvège), Boulogne et Santander. Cette zone pourra aussi recevoir toute autre opération de fret roulier européen. Mais dans un cas comme dans l’autre, nous quittons là le strict domaine du transmanche, pour ouvrir d’autres voies de cabotage, très innovantes.