La BAI bénéficie partiellement du retrait de P & O

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Véritable ennemi héréditaire de la BAI, l’armement britannique aura pendant longtemps été la bête noire de l’armement breton. "Au cours de ces dernières années, P & O a fait des efforts gigantesques pour nous couler, commente le p.-d.g. de la BAI Alexis Gourvennec, mais ce sont eux qui ont dû mettre le genou à terre." Une satisfaction de bon aloi qui fait pendant aux efforts obstinés qu’a dû déployer Brittany Ferries pour simplement rester à flot. "Rien ne nous aura été épargné", résume un cadre.

Orphelins d’un opérateur, les terminaux du Havre de Caen et de Cherbourg se sont immédiatement mis en quête d’un remplaçant. Précédée de sa bonne réputation, la BAI a bien sûr été sollicitée. Bien implanté à Caen et Cherbourg, l’armement breton y a donné suite pour ces deux ports mais s’est accordé un temps de réflexion avant de décliner l’offre havraise.

"Nous avons repris les deux premières lignes abandonnées par P & O et nous avons imaginé de faire de même avec celle du Havre, admet Alexis Gourvennec, il s’agit d’une ligne longue comme d’autres que nous assurons. Mais elle présente le désavantage d’être la plus proche géographiquement des lignes très courtes du détroit du Pas-de-Calais. Elle n’aurait donc pas été une ligne facile à rentabiliser. Nous souhaitons quand même bonne chance à l’armement Dreyfus dans son entreprise."

Il n’est pas irréaliste de penser que les divergences de vues sur la politique à mener à cet égard soit à l’origine du limogeage, l’été dernier, du directeur général Michel Maraval. "Cela ne change ni les orientations ni les préoccupations fondamentales de la compagnie qui reste au service du développement régional", commente le p.-d.g. "C’est une péripétie. Entre un président et un directeur, on peut ne pas être d’accord sur certaines options. Et si on ne peut pas rapprocher les points de vue, il faut parfois se séparer…"

"On entend déjà le canon"

Le désengagement de P & O a eu pour effet direct de doper les lignes de la BAI qui, toutes lignes confondues, ont enregistré 2,7 millions de passagers en 2005 contre 2,5 millions en 2004. "Nous espérons atteindre, voire dépasser, les 2,8 millions cette année", révèle la direction de la communication en indiquant que 650 000 réservations (+ 66 %) ont été faites par Internet.

"Nous pensons franchir le cap du million cette année." Le trafic fret a également grimpé de 205 000 à 225 000 camions. "À quelques camions près, c’était le total du trafic fret sur la Manche lors de la création de la compagnie!"

Des chiffres que relativisent pourtant certains cadres. "Certes les chiffres sont à la hausse et nous sommes évidemment les premiers à nous en féliciter. Mais 225 000 camions ne représentent même pas 10 % du total transitant sur la Manche! Et puis sur les 800 000 passagers laissés sur le quai à Cherbourg, nous n’en avons récupéré que 200 000. Et nous n’expliquons pas véritablement ce déficit de 600 000." Il reste donc des efforts à faire pour assurer l’avenir de la compagnie qui, aux dires de ses dirigeants, doit faire face à trois niveaux de concurrence: le manque d’attractivité de la destination France, le maritime et l’aérien. "Selon les statistiques de l’International Passengers Survey, le nombre de visiteurs britanniques en France diminue, confirme le spécialiste maison Christophe Mathieu, le marché croit toujours, mais moins en France."

Dans un contexte où les lignes Brittany Ferries sont fréquentées à 85 % par des britanniques, les pistes creusées sont donc de deux ordres: retrouver cette attractivité d’une part et mieux inciter les Français à traverser la Manche d’autre part. C’est ce qui va être fait très prochainement avec des voyages thématiques dont le premier portera sur le jardinage. "Les pages les plus lues dans les quotidiens et les magasines français", révèlent les services commerciaux spécialisés, conscients que les passagers rapportent 80 % des recettes contre seulement 20 % pour le fret.

Quant au fret, il reste incontestablement un marché porteur quoique sensible. "Les transporteurs n’hésitent pas à changer d’opérateur." Mais la BAI y croit et ses projets de renouvellement de sa flotte (lire par ailleurs) le prouvent bien. "La notion de capacités mixtes est essentielle et nous l’avons incluse dans les plans de nos navires."

Reste que les esprits s’échauffent autour de deux philosophies, celle de l’optimisme et celle du réalisme. "On entend déjà les coups de canons qui tonnent sur le détroit, dit-on à Roscoff, et cette bataille rangée peut d’autant nous toucher qu’il n’y a plus P & O au Havre. Entre la Manche occidentale et centrale et le Pas-de-Calais, il n’y a plus ce tampon."

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