Entre réalisations récentes et projets en cours, la saga des navires de l’armement breton se poursuit sur la base d’une productivité toujours recherchée.
Elle a d’abord démarré par l’affrètement du Normandy-Express, un catamaran rapide (42 nœuds) en aluminium de type perce-vagues construit en Australie en 2000. Positionné sur Cherbourg depuis la saison dernière, ce navire avait pour but, aux dires de la direction, d’offrir "un moyen de diversification qui se justifie même s’il ne sera jamais notre métier principal". Long de 98 m, le Normandy-Express accueille jusqu’à 900 passagers et 280 voitures sur un pont unique. "Il s’agit du plus grand navire rapide du transmanche", souligne-t-on au siège de l’armement qui va le remettre en service en 2006… avec un équipage 100 % français cette saison.
La saga s’est poursuivie par la vente du Val-de-Loire au groupe danois DFDS Seaways, un navire acheté d’occasion, profondément lifté en 1993 au chantier Ficantierri, mais devenu la plus ancienne unité de l’armement et surtout "un gros navire sur une ligne courte" avec les inconvénients inhérents. Pour le remplacer, la BAI a confirmé la commande d’un nouveau ferry au chantier finlandais Aker Yards, déjà constructeur des Barfleur et Normandie.
Provisoirement baptisé Bretagne-2, ce futur navire a pour objectif "d’optimiser notre flotte dans un marché très concurrentiel et d’offrir un navire mieux adapté aux attentes de la clientèle et aux caractéristiques de la ligne". Il ne sera pas opérationnel avant 2008. D’un coût de 110 M€, ce navire de 167 m de long et 26,80 m de large sera propulsé à 23 nœuds par deux moteurs totalisant 32 500 cv. D’une capacité de 1 500 passagers, 470 voitures ou 65 camions, il sera doté de 250 cabines.
Bretagne-2 et Coutances-2
Pas question pour autant de dégarnir la ligne historique Roscoff/Plymouth jusqu’à l’arrivée du futur remplaçant. Le Val-de-Loire sera ainsi provisoirement remplacé dès ce printemps par un navire affrété, le Duke-of-Scandinavia, rebaptisé pour l’occasion Pont-L’Abbé.
"Ce navire, sous pavillon français, permet de garantir l’emploi des marins français dans la compagnie", souligne-t-on à Roscoff.
Peu avant le Bretagne-2, la BAI avait également passé commande, au même chantier finlandais Aker Yards, d’un autre navire provisoirement appelé Coutances-2 et dont la mise en service est prévue à l’automne 2007 à Cherbourg. Affichant les mêmes caractéristiques techniques que le Bretagne-2 de la quille jusqu’au pont 5, le Coutances-2 est un fréteur pur qui, basé à Cherbourg, offrira 2 200 m linéaire sur 3 ponts-garage et sera doté de 120 cabines passagers. On est loin de l’actuel Coutances avec ses 125 m, 15 nœuds, 64 remorques et 58 couchettes. L’effet de série recherché ayant joué, le coût de ce navire dont le découpage de la 1re tôle était prévu dès janvier dernier ne dépasse pas 80 M€. "Concevoir et financer un navire de cette dimension, dans un laps de temps très court, en respectant les spécifications du cahier des charges constitue une belle performance à mettre au profit de nos équipes techniques, juridiques et commerciales", commente Alexis Gourvennec, le président de Brittany Ferries.
Un Mont-Saint-Michel-2?
La comparaison entre le Coutances et son futur remplaçant n’est plus de mise. "L’augmentation sensible de capacité, résultant de la taille du navire et d’une vitesse en service de 23 nœuds, se traduira par une fréquence de départ plus élevée. Nos clients transporteurs pourront ainsi s’organiser beaucoup plus facilement", insiste-t-on à la direction de l’armement breton.
En fait, c’est tout le système d’exploitation qui va se trouver modifié. En semaine, le futur fréteur effectuera 4 traversées transmanche Cherbourg/Portsmouth. Et le week-end, il transitera par le golfe de Gascogne en ralliant Portsmouth à Santander. "Nous étions dans l’obligation de répondre rapidement à la demande croissante des transporteurs européens, poursuit Alexis Gourvennec, c’est chose faite. Et c’est une bonne nouvelle pour l’activité du port de Cherbourg."
L’affrètement du Pont-L’Abbé et la construction des Coutances-2 et Bretagne-2 sont des faits. Mais derrière cette optimisation confirmée, un autre projet reste encore discret. Une réflexion est en effet lancée quant à la construction d’un Mont-Saint-Michel-2, navire plus important encore que celui en service aujourd’hui et dont la livraison serait programmée en 2009-2010. Le message est clair, Brittany Ferries met l’accent sur le fret.