Fin décembre 2005, les statistiques de la CCI de Caen affichaient un trafic de 976 065 passagers, 244 236 voitures et 110 927 camions sur le terminal ferry de Ouistreham. Un terminal desservi par les seuls Normandie et Mont-Saint-Michel de l’opérateur Brittany Ferries depuis la défection du Caen-Express de P & O, venu faire une apparition météorique en haute saison 2004.
Normal donc que ces chiffres soient très légèrement revus à la baisse (1 051 566 passagers et 277 728 voitures enregistrés en 2004).
Tant en passagers qu’en fret, Caen-Ouistreham reste le premier terminal transmanche de la BAI par où transite la moitié du total fret et plus du tiers des passagers de l’armement breton. "Le résultat d’une très bonne adaptation de nos navires à la demande", commentent les responsables qui constatent par ailleurs une concentration de cette demande sur les départs de nuit, dans les deux sens, mais également l’après-midi dans le sens France/Angleterre. Ce que les services de la BAI ont baptisé les "traversées A", celles du matin et du week-end étant nommées "traversées B".
Collant au plus près de cette demande, Brittany Ferries enregistre ainsi un coefficient de remplissage de 90 % en fret sur les traversées A. De là à se poser la question de marge de développement, il n’y a qu’un pas que franchit allégrement le directeur du fret Fabrice Vennarucci: "On a prouvé que chaque fois qu’on a ajouté de la capacité sur cette ligne, on la remplissait. Il y a encore une grande partie du fret qui devrait naturellement passer par les ports de l’ouest et qui privilégie pourtant le Détroit par manque de capacités aux heures voulues. Le transporteur qui veut passer à 23 h 30 est très souvent mis sur liste d’attente car on est souvent complet. Soit ce fret passe le matin, mais ça ne semble pas intéresser les transporteurs, soit il monte à Calais. Ce qui fait qu’aujourd’hui, en attendant des capacités supplémentaires, on est en refus de vente sur les départs les plus prisés."
C’est d’ailleurs en partant de ce constat qu’a été amorcée une réflexion sur la construction d’un Mont-Saint-Michel-2, aux capacités plus importantes que celles du Mont-Saint-Michel actuel. Mais réflexion ne veut pas encore dire décision. Car ce qui se passe actuellement sur le Détroit n’est pas sans inquiéter les responsables de la BAI. "Au départ de Caen-Ouistreham, notre politique tarifaire est directement dictée par les prix en vigueur sur le Pas-de-Calais.
Pour l’heure, on arrive à valoriser nos lignes. Mais si la différence de kilomètres est plus importante que celle du prix du billet, il y a un moment où ça ne marchera plus."
Quant aux "traversées B", la BAI tente de les valoriser en ciblant les voyages scolaires, les comités d’entreprises, les semaines thématiques, etc. "Mais il n’y pas de tourisme français de masse sur l’Angleterre", notent les responsables.
Saint-Malo: stagnation de l’activité portuaire en 2005
"Globalement, on observe une légère stagnation de l’activité portuaire en général. Le trafic des ferries vers l’Angleterre est à la baisse, ainsi que le trafic côtier et les croisières." C’est en ces termes que le directeur des Équipements à la CCI de Saint-Malo Philippe Cracosky caractérise l’année 2005. Il attribue cette situation au fait que "les Anglais sont tout simplement moins venus en France en 2005!", et cela suite à "la baisse du pouvoir d’achat dans leur pays, la concurrence de destinations comme les Pays de d’Est et le low cost aérien". Le nombre de passagers vers l’Angleterre est ainsi en baisse de 13,3 %; ils étaient au nombre de 509 387 en 2005. Par contre, les liaisons avec les îles Anglo-Normandes se portent bien et connaissent une croissance régulière avec 549 787 passagers en 2005 (+ 5,1 %).
Toujours dans le domaine des passagers, on notera une baisse importante du nombre de croisiéristes avec 13 665 passagers au total, soit − 34,3 %. "En 2004, la croisière avait été dopée par les cérémonies commémoratives du 60e anniversaire du Débarquement en Normandie."
En 2005, l’activité est donc revenu à son niveau antérieur. La CCI va cependant mettre en œuvre des moyens pour augmenter le nombre des escales: installation d’un second coffre d’amarrage de grosses unités à l’embouchure de la Rance et promotion de l’escale de Saint-Malo dans les salons internationaux.
Pour le fret, le constat est lui aussi morose. En 2005, le port a enregistré un tonnage brut total de 1 858 114 t, soit − 17,7 % par rapport à 0224. Le trafic du port de commerce atteint 1 268 944 t (− 20,6 %) tandis que le fret transmanche perd 10,4 % à 589 170 t. Malgré une baisse de son activité, la Timac reste le moteur du trafic de marchandises du port de Saint-Malo. Afin de donner plus d’espace à sa croissance, la CCI a programmé l’aménagement du quai Charcot, soit un investissement de 5,4 M€ financé en partie par la Timac. Ce chantier de huit mois doit démarré en 2007. D’autre part, la construction navale va poursuivre sa restructuration d’ici 2008. La CCI va investir dans un élévateur et une darse. Autre grand chantier, entre les silos qui seront détruits en 2009 et préalablement remplacés par un musée d’histoire maritime, la CCI projette d’aménager, dans le bassin Duguay Trouin, un pôle de maintenance portuaire.
Aline Robin-Bonnefont