Le groupe DCN a fait progresser son chiffre d’affaires de 8 % en 2005 à environ 2,8 milliards d’euros (Md€).
Lors d’une conférence de presse tenue le 17 janvier à Paris, son président-directeur général Jean-Marie Poimbœuf a dressé le bilan de l’année écoulée. Les prises de commandes devraient dépasser 5 Md€, soit une hausse de 400 % en un an, et porter le carnet de commandes au-dessus de 8 Md€, contre 6,1 Md€ l’année précédente. Ces prises se répartissent en 50 % pour la construction en coopération de frégates européennes multimissions (FREMM), 25 % pour la Marine nationale uniquement et 25 % à l’exportation.
Le contrat de construction de 10 FREMM avec le chantier italien Orizzonte Sistemi Navali constitue la première tranche d’un programme total de 27 bâtiments (JMM 2-12-2005, p. 16). Ce programme "est le plus important de DCN depuis cinquante ans et garantit dix années d’activités pour les navires de surface". Le coût des études et développement atteint deux fois le prix moyen d’une FREMM, qui est de 280 M€ l’unité.
Les commandes pour la Marine nationale concernent l’avancement du sous-marin nucléaire lanceur d’engins Le-Terrible (livraison en 2010) et les contrats globaux de mise en condition opérationnelle (MCO) de frégates antiaériennes et anti-sous-marines, d’avisos A69, du porte-hélicoptères Jeanne-d’Arc et des six sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) (JMM 17-6-2005, p. 40 et 13-1-2006, p. 17). DCN a gagné 95 % du marché total de MCO. "2005 est la meilleure année pour les SNA en matière de disponibilité. La disponibilité était de 1 100 jours en 1997 et de 1 300 jours en 2005, selon les calculs de la Marine. Or plus les navires vieillissent, plus il est difficile de les rendre disponibles". Les calculs, qui concernent l’aspect nucléaire et la sécurité de cinq bâtiments car le 6e est en IPER (1), donnent 260 jours/SNA alors que le minimum exigé est de 10 semaines par an.
Les deux tiers des commandes à l’exportation concernent le contrat indien de six sous-marins à propulsion diesel-électrique Scorpène, mis au point avec le chantier espagnol Navantia (JMM 16-9-2005, p. 20). Les autres contrats portent sur:
• mise à l’eau à Singapour de la 5e frégate du programme Delta (6 en tout) en coopération avec Singapore Technologies Marine;
• l’achèvement de la construction du 3e sous-marin classique de type Agosta 90 B au Pakistan;
• l’avancement de celles de deux Scorpènes pour la Malaisie avec formation des équipages par la société spécialisée Navfco;
• l’avancement du projet de mise à niveau du système de combat des patrouilleurs norvégiens Skjold (JMM 14-5-2004, p. 11);
• la livraison en décembre de la frégate saoudienne Al-Damman, dernière du programme Sawari II.
Sur le plan interne, l’effectif de DCN a atteint 12 100 personnes fin 2005, à la suite du départ en retraite de 1 000 salariés et de l’embauche de 800 autres dont 50 % de cadres. Enfin le 15 décembre, la signature d’un accord permet à l’équipementier électronique de défense et de sécurité Thales d’entrer dans le capital de DCN à hauteur de 25 % (JMM 23-12-2005, p. 11).
PERSPECTIVES D’ALLIANCES EUROPÉENNES
Ce rapprochement est considéré par les deux partenaires et l’Etat (actionnaire à 75 % de DCN) comme un tremplin pour la consolidation de l’industrie navale au niveau européen.
Selon M. Poimbœuf, des alliances sont possibles avec l’Espagne et l’Allemagne. Toutefois malgré l’expérience du Scorpène avec Navantia, DCN est "déçu que l’Espagne choisisse le système de combat américain. […] mais l’Espagne doit réussir le démarrage de Navantia qui n’a pas un an". De son côté, l’Allemagne "considère que DCN est trop soutenu par l’Etat, voire subordonné. Il y a du chemin à faire pour bien se comprendre. Peut-être pourrait-on coopérer à l’export de sous-marins conventionnels? Les nouveaux entrants (sur le marché) sont les Russes, les Coréens, les Chinois et peut-être l’Inde. L’Europe risque de perdre sa réputation de leader. […] Depuis 2005, TKMS (ThyssenKrupp Marine Systems) tente de fédérer au niveau allemand". Quant au projet de construction d’un porte-avions en coopération avec la Grande-Bretagne, M. Poimbœuf a indiqué que "les discussions sont difficiles au niveaux étatique et industriel. DCN, Thales, EADS et les Chantiers de l’Atlantique attendent de voir comment le projet britannique (CVF) peut répondre aux besoins français et réduire les coûts au bénéfice des deux Nations". Un groupe de travail franco-britannique doit remettre un rapport aux autorités d’ici à la mi-2006 en vue de savoir "si le projet peut répondre aux exigences budgétaires".
1) Indisponibilité permanente pour entretien et réparations.