Construction navale européenne: ce qu’il faut s’enfoncer dans la tête

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Agacée par la contre-vérité exprimée par un "journal d’habitude aussi rigoureux" selon lequel "la construction navale n’est plus rentable en France; ne subsiste qu’à coup de subventions"… (1), la Chambre syndicale des constructeurs de navires (CSCN) rappelle quelques éléments-clés.

En termes de chiffre d’affaires, la construction navale européenne (regroupée au sein du CESA formé par les chantiers des 25 États membres de l’UE auxquels s’ajoutent les norvégiens, les roumains et les croates) est encore la première en 2004: 10,463 milliards d’€ (Md€) contre 9,7 généré par le Japon et presque 9,6 par la Corée du Sud. Notons que la Chine pousse fort, passant de presque 2,6 Md€ en 2002 à 4,970 en 2004. Cela étant, l’écart est mince mais c’est toujours mieux qu’en 2000. Cette année-là, le chiffre d’affaires des chantiers japonais était de 11,9 Md€ contre 11,56 aux chantiers européens et 10,44 pour les Coréens.

En termes de tonneaux de jauge brute compensée, le carnet de commandes des chantiers européens est en expansion: 14,439 Mtjbc à la fin du 3e trimestre 2005 contre 12,406 pour 2004, ou 9,610 en 2003.

La construction navale européenne consacre 10 % de son chiffre d’affaires à la recherche, développement et innovation, souligne la CSCN, affirmant que cette proportion a été reconnue par la Commission européenne.

Il n’y a plus de subvention à la construction navale en Europe depuis 2000.

Autre perspective: celle donnée par Le Courrier du 2 décembre dernier, émanation de la discrète Fédération de l’Industrie maritime française (FIMF – 2). Pour justifier le fait qu’il serait économiquement impossible de construire en France des grands navires de charge, la FIMF souligne que "le coût réel du travail est presque le double en France de celui constaté en Corée… et sept à huit fois celui de la Chine". Espérons qu’Aker Yards ne lit pas le français.

On n’est donc pas près de voir en France, se construire le jumeau du porte-conteneurs P & O Nedlloyd-Tasman (5 468 EVP livré par Aker Ostsee, Allemagne) ou celui du Xanthia, chimiquier de 17 000 tpl livré par Aker Brattvaag, Norvège. Deux pays où le coût de la main-d’œuvre est notoirement plus faible qu’en France, sans doute.

1) Les Echos du 5-1-2005, p. 24; par ailleurs co-organisateur des 1res assises de l’économie de l’eau salée auxquelles une partie de l’establishment public et parapublic a apporté son soutien.

2) Cette discrète structure regroupe les chantiers de construction et de réparation navale ainsi que leurs principaux fournisseurs.

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