Portiqueurs havrais: lasse, la FNPD CGTse retire des négociations

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Le 28 décembre dernier, la Fédération nationale des ports et docks (FNPD) CGT compétente en matière de salariés des ports et des ouvriers dockers des manutentionnaires diffuse, plus ou moins largement ce document "interne" qui ne concerne pas la presse, estimait Daniel Lefebvre, secrétaire général de la FNPD décidé à parler d’autre chose (1).

L’affaire éclate au grand jour le 16 décembre lors du conseil d’administration du Port autonome du Havre, celui qui décide du principe de mise à disposition de grutiers du port autonome aux opérateurs des terminaux de Port 2000 (JMM du 23-12-2005, p. 14). Réuni au pied de l’immeuble du PAH, une partie du personnel chahute de façon significative leur représentant au Conseil d’administration, finit-on par expliquer au port. Il se trouve être également l’un des deux secrétaires fédéraux non permanents.

RÉTABLIR LA VÉRITE FÉDÉRALE

"L’erreur grossière et l’offense qui ont été faites vont forcément laisser des traces et un doute sur l’attitude militante et fraternelle de la direction du syndicat CGT du PAH […]", écrit la FNPD. Celle-ci estime qu’un pareil comportement ne peut s’expliquer que par un manque d’information des personnels du PAH, à qui le syndicat local a du fournir des informations "sélectionnées et partiales". Aussi le Bureau fédéral veut-il rappeler l’ensemble des faits et demande aux CGT PAH et Dockers "d’en donner connaissance aux travailleurs […]".

ÉVITER L’ÉCHEC PROGRAMMÉ HAVRAIS

Pendant un an et demi, la CGT PAH expliquait régulièrement au Bureau fédéral qu’elle négociait normalement avec la direction du port et les employeurs au sujet de la conduite des portiques de Port 2000. Soudainement, à l’automne 2004, la situation "grave" est portée à la connaissance de la Commission technique fédérale car le projet de contrat de conduite proposé par le PAH et les employeurs risque de passer en force lors d’un Conseil d’administration.

"À la demande du syndicat du PAH et pour lui enlever la pression, la Fédération a demandé à rencontrer l’UPACCIM et l’UNIM." La première refuse, la seconde accepte. Finalement, le Bureau fédéral, représentant les dockers et les personnels des PA du Havre, de Marseille, de Nantes et de Bordeaux, les "patrons" havrais (1) et les trois armements directement concernés par Port 2000 se rencontrent. "Dès la première réunion, nous avons compris que nous reprenions un dossier sérieusement dégradé au plan local. Mais nous l’avons fait en solidarité aux personnels du PAH et pour éviter que l’échec programmé au Havre n’ait trop de conséquences au Havre d’abord et par répercussion dans tous les autres ports" lit-on.

"[…] Donc, nous avons défendu le contre-projet havrais […] dans un contexte difficile et largement dégradé. Au bout de plusieurs réunions, nous avons mesuré l’âpreté de la tâche:

les opérateurs s’appuient sur des textes réglementaires socialement négatifs et sournois;

les directions de port jouent les muets du sérail ou accompagnent le mouvement;

le pouvoir politique se range du côté des opérateurs[…].

Une réflexion s’est engagée […] pour adopter une position revendicative plus globale, défendant l’emploi de tous les travailleurs portuaires et de tous les établissements portuaires.

Toute idée nouvelle était aussitôt critiquée, contrée par le syndicat CGT PAH soutenu par le syndicat CGT PAM. Tous les autres syndicats étant d’accord pour proposer des idées nouvelles plutôt que d’aller dans le mur.

Comme tout et n’importe quoi a été dit sur la position fédérale, rappelons que nous avons toujours maintenu l’orientation suivante:

emploi des personnels des établissements portuaires doit être garanti sur les terminaux classiques et les nouveaux terminaux dédiés;

nous n’acceptons pas l’intégration des personnels au sein des opérateurs;

nous nous prononçons pour leur mise à disposition au sein des terminaux;

ils restent salariés de l’établissement portuaire;

ils conservent leur statut social et leurs avantages retraite;

nous acceptons le principe d’une période d’observation de trois ans avec commission de suivi locale […];

pendant la période d’observation, des négociations doivent s’engager pour déboucher sur un projet social ou conventionnel permettant d’apporter une solution durable à l’avenir et dans tous les ports;

en aucun cas, il ne doit y avoir transfert des trafics actuels traités sur les terminaux classiques vers les terminaux dédiés;

les directions de port doivent veiller à embaucher et former les personnels en nombre suffisant, sinon elles programment la disparition des personnels;

si ce n’est pas fait et qu’il venait à manquer du personnel de conduite, nous n’accepterons jamais qu’on fasse appel à une main d’œuvre extérieure ou 3e main d’œuvre (intérim, CDD…). Plutôt des dockers formés utilisés ponctuellement plutôt que l’envahissement des quais par un main-d’œuvre précaire déqualifiée et sous-payée.

[…] Il est utile de rappeler que la Commission exécutive fédérale a proposé d’aller rencontrer les personnels du PAH en assemblée générale pour faire le point." Cela lui fut refusé catégoriquement.

ALLEZ Y; FAITES NOUS VOIR CE QUE VOUS SAVEZ FAIRE

"[…] Nous avions eu l’occasion de prévenir le syndicat CGT PAH qu’il ne devait surtout pas se tromper d’adversaire. […] Aujourd’hui, nous sommes revenus à la case départ. Le syndicat CGT PAH veut régler le problème tout seul au plan local, alors il fallait le dire dès le départ. La solidarité fédérale existe mais ce n’est pas un gadget qu’on utilise comme ultime recours sans débat sincère et sans la fraternité qui doit prévaloir entre nous.

Le syndicat CGT PAH a écrit récemment qu’il ne souhaite pas qu’on se mêle de ses affaires. OK nous le laissons faire. Espérons que les intérêts véritables des personnels seront préservés. La Fédération interrompt toute négociation nationale dans l’immédiat, elle suivra avec attention le déroulement des négociations locales et ce que le syndicat CGT PAH voudra bien dire […]."

Côté PAH, toujours discret, on explique qu’après avoir acté le principe de la mise à disposition de la cinquantaine de grutiers devant travailler sur Port 2000 et 25 environ sur le quai de Bougainville, se négocient actuellement les clauses de cette mise à disposition. Dans un premier temps, le premier opérateur a estimé ses besoins à 24 grutiers. Rappelons que la mise à disposition doit se faire sur une base volontaire et unanime. Il faudra trouver 24 grutiers volontaires ou rien. On n’a jamais été aussi près de la fin, devrait-on continuer à affirmer au Havre.

1) Contacté par téléphone le 12 janvier, vers 16 h, Daniel Lefebvre ne souhaitait s’exprimer que sur la manifestation européenne contre le projet de directive portuaire et sur rien d’autre. Tant pis.

2) Il pourrait sembler curieux qu’un syndicat de salariés de PA discute avec des entreprises privées avec lesquelles il n’existe aucun contrat de travail. Justement, répond un observateur avisé, on apprend ainsi à mieux se connaître dans une perspective, sait-on jamais, de transfert de salariés des autorités portuaires. L’absence de l’UPACCIM peut s’expliquer par le fait que la convention collective des ports permet sans problème le transfert de personnel. N.D.L.R.

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