La finalisation de l’accord entre les Chantiers de l’Atlantique (Alstom Marine) et Aker Yards, la constitution d’une nouvelle société et la mise en place des financements nécessaire, devra être validé fin mars, après l’autorisation de la Commission européenne, un audit, l’information et la consultation des instances représentatives du personnel.
Aussi, le 9 janvier, en dehors de l’élection du nouveau secrétaire général du comité d’entreprise dont la CFDT a pris la tête, les élus de ce CE extraordinaire ont reçu le dossier sur le projet de rachat, afin de l’analyser. "Avec ce projet, nous récupérons une certaine solvabilité financière. Cela facilite les choses en redonnant confiance à des clients. Ce qui pourrait enclencher des commandes", confie, avec prudence, un membre du CE. Cela explique que des discussions seraient en cours pour la construction d’un navire jumeau d’une unité déjà construite dans les mois qui viennent.
Début avril par exemple, juste au moment où les ateliers de pré-armement (coque métallique), vont se trouver en chômage technique.
Si cela ne se fait pas, alors, comme l’a indiqué le p.-d.g. d’Aker Yards Karl Erik Kjelstad, lors d’une conférence de presse à Saint-Nazaire le 4 janvier: "Le plan de charge d’Aker Yards peut être réparti pour donner du travail à Saint-Nazaire, en glissant une partie de la réalisation des coques, sous forme de blocs."
Au cours de cette même conférence de presse, le président d’Alstom Marine Patrick Boissier a précisé que l’autorisation de Bruxelles serait une simple formalité "car ce regroupement s’inscrit dans le cadre du programme Leadership 2015 prôné par l’Europe". Le carnet de commandes (1) devrait être transféré à la nouvelle société, "à l’exception des trois méthaniers qui seront achevés à 95 % au moment du closing de cette opération", a signalé Patrick Boissier. La vraie raison est certainement liée aux problèmes d’étanchéité découverts sur le premier des trois navires qui aurait du être livré à la fin novembre 2004, et le sera finalement cet été. Ce qui a obligé les Chantiers de l’Atlantique à provisionner 50 M€ pour les travaux et les pénalités de retard.
Rappelons que c’est l’installation d’un nouveau procédé d’isolation entre les 4 cuves et la coque qui est en cause. Il a été mis au point par GTT (Gaz transport et technigaz), filiale de GDF, et installé par les Chantiers de l’Atlantique.
UN BRADAGE POUR LA CGT
D’une manière générale, la CFDT constate qu’il s’agit d’un projet industriel européen pour la construction navale et non un projet purement financier. Ce qui la rassure. La CFDT, rappelle qu’elle a toujours prôné la réalisation d’un groupe industriel européen. Elle regrette donc que les directions successives des Chantiers et d’Alstom d’une part et les gouvernements successifs d’autre part, n’aient pas su créer un groupe à dimension européenne en s’appuyant sur les capacités françaises de DCN et d’Alstom Marine, entre autres.
La CGT est beaucoup plus craintive, et rappelle que les regroupements se soldent généralement par des fermetures. Aussi, elle se demande quel sera l’avenir des ALN à Lorient, chantier naval d’Alstom Marine employant près de 200 salariés. Elle se déclare inquiète de voir disparaître un patrimoine industriel français, considérant même que c’est un bradage.
Malgré l’assurance du maintien de l’actuel management des Chantiers par Patrick Boissier, le maire de Saint-Nazaire, Joël Batteux, pense que sur ce point, il faut rester très vigilant, "car on a l’expérience qu’une production séparée des forces de recherche et de développement s’étiole et perd en performance inéluctablement". Il constate qu’après "le refus de DCN d’une alliance de cette nature, au profit d’une alliance avec Thales, dont on mesurera à terme la nocivité, ne restait guère d’autre solution que celle qui nous est proposée aujourd’hui dans une conjoncture de marché très favorable, porteuse de nouvelles ambitions européennes en matière de construction navale".
1) À ce jour, Alstom Marine compte dix navires en commande, en cours de construction ou en finition. Ils seront livrés d’ici à la fin mars 2009.
Il s’agit de quatre navires de croisière (deux de 290 m, deux de 333 m) pour MSC, de trois méthaniers, d’un motor-yacht de 72 m de long, d’un roulier à passagers de 46 m de long et d’un citernier de 41 m. Ces trois derniers navires étant construit à Lorient par ALN.