Est-il pertinent pour un chargeur de posséder ses navires ?

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En Amérique du Nord, Colas, filiale du groupe Bouygues, dispose de deux tankers pour le transport de bitume. « Pour nos chantiers TP à travers le monde, nous consommons jusqu’à 5 Mt de bitume par an dont le sourcing est dépendant de la localisation des raffineries et des dépôts pétroliers », explique Pascal Tebibel, directeur prospective et relations institutionnelles. Opérée par sa filiale Miller MacAsphalt, la flotte maritime nord-américaine de Colas intervient sur les principaux ports de la côte Est des États-Unis et du Canada ainsi qu’à l’intérieur des terres via le Saint-Laurent et les Grands Lacs jusqu’à Chicago. « Avec des navigations intérieures de plus de 3 700 km, cette logistique fluviomaritime qui inclut aussi la route et le rail nous permet d’atteindre le cœur économique des deux pays nord-américains ». Pour le responsable, ce schéma multimodal est rendu possible grâce à l’efficacité des interfaces mer-fleuve-terre via les ports maritimes et intérieurs. Avec la même approche, Colas s’appuie sur le maritime pour le transport de bitume sur la zone Asie-Pacifique au moyen d’une flotte de 7 tankers.

Airbus convaincu

Lancée au début des années 2000 avec le programme A380, la logistique maritime est devenue l’un des piliers de la supply chain européenne et internationale d’Airbus. Et ce désormais pour tous les composants de ses avions, assure Pierre Vermande : « Plus de 50 % des composants des 700 avions produits par an par Airbus empruntent la mer ». L’arrêt du programme A380, dont les transports associés sont prévus jusqu’au 2e trimestre 2020, n’y changera rien, garantit le directeur Transports Oversize Surface de l’avionneur. En Europe et au moyen de lignes régulières, le maritime intervient dans le transport de tronçons aéronautiques, qui ne peuvent emprunter l’aérien entre ses usines allemandes, espagnoles, françaises et britanniques. Le mode est également utilisé entre l’Europe et la Chine depuis 2006 et entre l’Europe et les États-Unis depuis 2015. Pour ces transports, Airbus s’appuie notamment sur une flotte de cinq navires dont trois conçus et opérés par Louis Dreyfus Armateurs (LDA) dans le cadre d’un partenariat de long terme, l’armateur étant aussi chargé d’optimiser les coefficients de remplissage de ses navires. Les partenaires sont également liés en termes d’innovations. Le Ville de Bordeaux, un des trois navires, sera équipé d’une voile (appelée aussi cerf-volant) dès 2021. Développée par Airseas, filiale d’Airbus, elle complétera sa motorisation thermique d’une propulsion vélique.

Accès aux petits ports

« Sur 5 Mt de produits vendus à travers le monde, 3 millions sont transportés par mer. Une centaine de personnes est affectée à notre logistique maritime », précise Henri Boyer, du groupe breton Roullier, qui réalise 70 % de son chiffre d’affaires à l’exportation. En association avec LDA, le fournisseur de l’industrie agroalimentaire (engrais à base de maërl et d’algues marines notamment) opère aujourd’hui quatre navires qui lui permettent d’accéder dans des « petits ports » où est localisée une partie de ses 96 usines. De son côté, Vicat s’est doté récemment d’un navire de 3 000 t afin d’assurer la desserte de la Corse. « Bien que 80 % de nos unités de production soient situées à plus de 100 km de la mer, le transport maritime est essentiel à nos activités, notamment pour l’approvisionnement en matières premières telles que la bauxite et les combustibles », indique Guy Sidos, président du cimentier. Chaque année, Vicat achète pour 22 M€ de prestations maritimes pour le transport de marchandises d’une valeur de 120 M€. « Sans ce sourcing par voie maritime, nous subirions une hausse de 30 % de nos coûts de production et multiplierions par deux le coût de notre logistique ». Le mode est également au cœur de la stratégie industrielle de Vicat pour le transport de pièces, lors de la construction ou maintenance de ses usines à travers le monde.

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C’est le nombre de navires que compte le pavillon britannique. Soit 86 navires de moins qu’il y a un an. Le pavillon maltais serait un des grands gagnants, selon le ministère des Transports maltais. Il aurait enregistré une augmentation de 7 % au 1er semestre 2019.

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