En raison de la conteneurisation, on les a vite rangés au rayon des articles obsolètes et le segment de transport, qui les caractérise, au rang des trafics du passé. Les navires conventionnels – ces objets « à tout faire » qui n’ont jamais autant mérité leur appellation tant ils répondent à des demandes de plus en plus particulières (composants pour la construction d’une usine, colis trop volumineux ou lourds) – résistent même s’ils sont de plus en plus condamnés aux niches de marché.
D’après la radioscopie 2018 de Dynamar, les 476 navires exploités par les 10 plus grands exploitants mondiaux de navires multipurpose ont totalisé une capacité de levage de 155 000 t, soit une moyenne de 330 t par navire.
Maître du jeu depuis des années, l’allemand BBC Chartering a encore accru sa part de marché en 2018, désormais à 35 %, avec 380 t en moyenne par navire et une capacité totale de 54 500 t.
Fait le plus marquant en 2018, l’irrésistible ascension par un des acteurs du secteur : l’allemand Zeamarine, société créée en 2013, se hisse au second rang (n° 5 mondial en 2017). L’entreprise boulimique a avalé à marche forcée quelques pépites du secteur. Ces derniers jours, le groupe allemand Zeaborn a signé un accord pour acquérir les 25 % restants de Zeamarine auprès de New Mountain Capital. L’opération, si elle reçoit toutes les autorisations réglementaires, conduira très probablement à l’intégration de l’américain Intermarine (encore n° 2 du secteur en 2017) et créera l’un des plus grands opérateurs mondiaux de cargos polyvalents.
Si, par son tonnage, l’opérateur chinois CoscoSSC, a dépassé, pour la première fois en 2017, BBC Chartering, il ne fait pas encore le poids par sa capacité de levage. Mais il est le plus actif par ses commandes. Tandis qu’il attend trois nouvelles unités cette année, il a signé en décembre dernier pour 5 transporteurs de 62 000 t, à livrer en 2019 et 2021.
Avec une moyenne de 590 t, la sino-polonaise Chipolbrok a la capacité de levage à bord la plus élevée. Au coude à coude depuis des années, deux autres européens, le néerlandais Spliethoff et le danois Thorco, offraient l’an dernier une capacité de levage similaire. Le premier attend la livraison de 6 navires et devrait reprendre cinq unités à Hansa Heavy-Lift d’environ 19 500 t.
Si les chinois dominent de nombreux segments du transport maritime, les européens sont encore les maîtres de ce trafic si peu… conventionnel.