Petit à petit, l’État français parvient aux termes – non sans peine – de son recrutement à la tête des Grands Ports maritimes, dont les mandats étaient échus, pour certains depuis janvier, pour d’autres en mars.
Ce sont les annonces concernant Marseille et Le Havre – les deux ports français s’érigeant tous deux premiers selon les trafics – qui ont suscité le plus d’intérêts et de réverbération médiatique, faut-il le concéder.
À Marseille, où le port est encore considéré comme un actif aussi stratégique que l’aéroport, la décision était scrutée. À tel point que quelques profils-clés ont été murmurés ces dernières semaines à l’oreille de ceux qui tiennent le crayon. Les institutionnels et des élus se sont même auto-saisis de l’officieuse mission de trouver le bon candidat.
Le député (UDE) des Bouches-du-Rhône François-Michel Lambert a ainsi rendu publique la missive envoyée au Premier ministre, Édouard Philippe, dans laquelle il lui demandait de soigner son recrutement. « À l’heure de la défiance du centralisme parisien, nous ne pouvons prendre le risque de tensions dans notre territoire par une gouvernance qui ne serait pas acceptée ». Le député de la 7e circonscription des Bouches-du-Rhône Saïd Ahamada (LREM) et le président de la CCIMP, Jean-Luc Chauvin, ont pour leur part « poussé », non sans se cacher d’ailleurs, la candidature de l’actuel directeur du port du Toulon, Jérôme Giraud. Nicolas Gauthier, patron de PortSynergy (manutentionnaire à Fos), aurait décliné la proposition, qui pourtant aurait fait consensus localement.
Renaud Muselier, président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur (deux sièges au Conseil de surveillance du GPMM), s’était fendu de « contacts » avec la ministre Élisabeth Borne pour que « son avis » puisse être « pris en compte ». « J’ai transmis mes orientations sur le développement du port et je souhaite qu’elles soient intégrées aux choix qui seront faits ».
Selon un observateur local, que le mercato a particulièrement amusé, l’État aurait finalement intégré dans sa « shortlist » l’ex-directeur commercial de CMA CGM Jérôme Giraud, Jean-Christophe Baudouin, le délégué interministériel au développement de l’axe portuaire et logistique Méditerranée-Rhône-Saône, et Hervé Martel, alors président du directoire de Haropa-Port du Havre.
Finalement, l’État n’aura pas sacrifié à la tradition portuaire qui veut que les profils « Ponts et Chaussées » soient les plus compétents pour le « job ». L’activisme d’Olivier Dupont, présidence de Ponts Alliance, « Ponts » 73 et président de l’association des diplômés de l’École nationale des Ponts et Chaussées, aura payé.
Christine Cabau-Woehrel, pur « produit du privé », venant de CMA CGM et repartant chez l’armement pour diriger les terminaux portuaires, n’aura pas été qu’une parenthèse dans l’histoire du port de Marseille.
Finalement, la seule concession à la diversité du gouvernement d’Édouard Philippe aura été de nommer à la tête du premier port français pour le trafic conteneurisé Baptiste Maurand, certes « Ponts », mais de 38 ans. Aucune femme parmi les nouveaux entrants est à déplorer.
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Zéro. Aucune. Il n’y a pas eu de ventes confirmées de capesize depuis décembre 2018, selon VesselsValue, une pause de 110 jours qui n’aurait jamais été enregistrée sur le marché auparavant.