La terrible « north range » a encore frappé. Les quatre grands nord-européens – Rotterdam, Anvers, Hambourg et Bremerhaven – ont traité un volume global de 39,8 millions de conteneurs en 2018, soit une augmentation de 1,25 millions d’unités équivalent à une croissance de 3,2 % par rapport à 2017. La croissance est tirée par les ports du Benelux, les deux allemands persistant à décevoir. Sur cette rangée, le premier port français pour les conteneurs, Le Havre, possède 5,9 % de parts de marché. L’indéboulonnable Rotterdam reste en tête avec un débit de 14,51 MEVP en 2018, en hausse de 5,7 % sur un an. En ayant grandement contribué au plus d’un million de conteneurs gagnés l’an dernier, il augmente encore sa part de marché au sein du range d’un point pour s’établir à 36,5 %. La force du résultat sur le conteneur ne doit cependant pas masquer les contre-performances accusées dans les autres secteurs. Les vracs secs et liquides font grise mine en encaissant respectivement une baisse de 3,2 % (77,6 Mt) et de 1,1 % (211,8 Mt). Le breakbulk s’en sort de justesse avec une hausse de 0,5 % des trafics, à 30,4 Mt. Anvers, le n° 2 européen a engrangé 650 000 EVP de plus par rapport à 2017 et fige sa part de marché à 27,9 % avec plus de 11 MEVP (52,4 % à l’export, 47,6 % à l’import). L’écart avec Rotterdam se réduit donc et le tandem Rotterdam/Anvers intervient désormais pour 60 % des trafics de conteneurs en Europe de l’Ouest. Le port scaldien affiche un trafic global, également en hausse (5,1 %), de 235 Mt. Hambourg continue de décevoir. Avec un volume de 8,7 MEVP l’année dernière, il encaisse son point le plus bas jamais enregistré depuis huit ans. La direction de l’autorité portuaire (HPA) évoque notamment l’aménagement retardé de l’Elbe qui doit permettre aux très gros porte-conteneurs (23 000 EVP) de pouvoir descendre le fleuve. Mais 2019-2020 annoncent le printemps. Car les choses se débloquent. Selon Jens Meier, président d’HPA, des discussions techniques sont déjà en cours avec MSC, CMA CGM et HMM. Aussi, le transfert des services transatlantiques de The Alliance de Bremerhaven (Eurogate) vers Hambourg (HHLA), devrait panser ses plaies mais se faire dans la douleur pour Bremerhaven. Les hirondelles ne sont pas là d’apporter le printemps dans le second port allemand, dont le bilan 2018 est mitigé, avec 5,48 MEVP. Le déport des quatre services à Hambourg risque de le priver de quelque 500 000 conteneurs. Reste à savoir si tous les volumes iront à Hambourg ou si certains chargeurs préfèreront opter pour la valeur sure. « On connaît toujours la valeur des choses que l’on a vécues ou possédées » dit le proverbe.
Retrouvez dans le JMM Mag du mois de mars, un numéro spécial sur les trafics des ports mondiaux