Évolution des prix sur trois ans, en $/t, source : Dynamar
La remontée des prix du carburant maritime pourrait entraîner le retour des BAF, mécanisme d'ajustement qui permet aux compagnies de s’adapter aux fluctuations du prix du pétrole. Les chargeurs ont été épargnés l'année dernière, en raison de l'effondrement des marchés pétroliers.
Suite à l'évolution du coût du bunker, CMA CGM a ajusté le BAF (Bunker adjustment factor) sur ses services reliant la France à l'Algérie et à la Tunisie, a annoncé la compagnie française à ses clients. Les prix des carburants maritimes, qui seront restés une bonne partie de l’année 2020 à un niveau anormalement bas, ont repris un cours haussier depuis début novembre, ce qui présage d’un retour de la BAF selon le cabinet d’analyse Sea-Intelligence. La surtaxe, qui fonctionne comme un mécanisme d'ajustement aux fluctuations du prix du pétrole, est actualisée mensuellement (généralement sur la base du prix moyen mensuel du carburant avec un décalage de 2 mois) ou trimestriellement selon la compagnie maritime.
Entre le 1er novembre et le 8 janvier, le prix du carburant à faible teneur en soufre (VLSFO) a augmenté de 35 %, après s’être stabilisé, entre de juin et novembre, à un niveau d'environ 290 $/t pour l'IFO380 et d'environ 340 $/t pour le VLSFO. Entre novembre et décembre, ce dernier est passé de 357 $/t à 407 $/t. Il est à présent à 427 $/t, avec une tendance à la hausse.
Débat relancé sur les formules de calcul
Les transporteurs, qui procèdent à des ajustements mensuels, pourraient donc déclencher des augmentations du BAF, à partir de mars. Pour les compagnies qui révise tous les trois mois, le BAF du deuxième trimestre (applicable en avril-juin) sera basé sur le prix moyen du carburant enregistré entre décembre février. Outre l'augmentation du coût global du carburant, les compagnies sont également confrontées à un écart plus important entre les deux carburants à haute et à basse teneur en soufre, ce qui va favoriser celles qui ont investi dans des scrubbers. Il faut un écart de prix de 150 $ pour que le retour sur investissement soit réalisable en cinq à six ans.
« Après le pic initial qui a suivi la mise en œuvre de l'IMO2020, la prime au VLSFO s'est assez rapidement stabilisée autour de 50 $/t pendant une période de neuf mois. Cependant, à partir de la mi-novembre, nous constatons une augmentation continue et significative, et la prime est désormais de 86 $/t. » La valeur relative des scrubbers pourrait s’en trouver améliorée. La situation pourrait aussi relancer le débat sur la question de savoir si les formules de calcul des facteurs d'ajustement des soutes doivent intégrer les navires équipés de ces dispositifs d’épuration des gaz d’échappement, en particulier sur le trafic Asie-Europe, où ils sont nombreux à en être équipés.
La rédaction